Chère campagne de communication
Le conseil général de l’Aisne a dépensé cette année 800 000 € dans une campagne de publicité dans le métro parisien, la salle Wagram et la presse nationale papier ou électronique. Son but est de vanter les mérites d’un département où il fait bon vivre et s’installer. Les retombées d’une telle campagne en pleine crise économique sont loin d’être évidentes. Et l’opposition – UMP et Indépendants – au conseil général de l’Aisne doute de son efficacité économique.
C’était le 24 octobre à Paris, salle Wagram. Le conseil général de l’Aisne avait offert à nombre de ses invités, pour la plupart des Axonais qualifiés (des acteurs économiques ou culturels du département) parrainant leurs amis parisiens et de l’Ile-de France, un concert de musique classique. Il a été interprété par l’orchestre La Symphonie des siècles, accompagné de jeunes musiciens des conservatoires et écoles de musique de l’Aisne.
Cette soirée mémorable, censée faire parler du département à Paris, couronnait la nouvelle campagne de notoriété entreprise par le conseil général sous le slogan toujours d’actualité depuis quelques années L’Aisne it’s open.
Le budget de la campagne en question s’élève cette année à 800 000 €. Et le moins qu’on puisse écrire à son sujet, c’est qu’elle n’engendre pas que l’enthousiasme, malgré le soutien un peu trop appuyé d’une presse départementale.
« Nous cherchons des euros partout pour payer nos dettes et la majorité de gauche fait des dépenses de communication. Cela n’a pas de sens, affirmait récemment Hervé Muzart, porte-parole de l’UMP au conseil général de l’Aisne. On se demande à quoi pourra bien servir cette nouvelle campagne. Quelles retombées en aurons-nous ? »
Cibler les femmes
La campagne a donc coûté 800 000 € aux Axonais. Le plan de communication proprement dit (550 000 €) se décline en 620 affiches (4,5 m x 1 m) placardées dans les couloirs du métro parisien durant quinze jours au mois d’octobre et en encarts dans la presse écrite nationale (dont le quotidien Libération) et dans la presse électronique. A cela s’ajoute le concert de prestige à la salle Wagram dont la location a coûté aux Axonais 80 000 €.
A cela s’ajoutent, de surcroît, 200 000 € d’une campagne « purement économique » qu’une convention doit régler avec les chambres consulaires de l’Aisne et 200 000 € destinés au Saint-Quentin Basket-Ball (SQBB) dont les maillots promouvront l’Aisne durant ses matchs à l’extérieur.
La nouvelle campagne d’affichage a principalement pour cible les femmes « qui sont prescriptrices des séjours touristiques et des changements de vie ». En visant les femmes, elle a visé par conséquent leurs enfants, héros des affiches placardées dans le métro parisien. Quatre thèmes y ont été déployés : l’environnement, le patrimoine, la culture et la gastronomie.
Il s’agit, dans cette campagne prolongeant les précédentes de 2005 à 2010, d’attirer touristes, investisseurs et nouveaux habitants en diffusant une image très positive d’un département où il fait bon vivre et situé à proximité de Paris.« Nous avions voté ce budget, expliquait voici peu Nicolas Fricoteaux, porteparole du groupe des Indépendants au conseil général de l’Aisne. Mais on s’aperçoit que nos dépenses sociales augmentent vite et que notre épargne et nos capacités d’investissement diminuent. La situation aujourd’hui n’est plus la même que celle du début d’année. Il faut adapter certaines lignes budgétaires, dont peut-être celle de la communication. »
Pour autant, malgré les critiques du journaliste Philippe Meyer sur France Culture, qui ne situe pas bien l’Aisne sur la carte de France, le sénateur PS et président du conseil général Yves Daudigny défend la même ligne de conduite depuis les débuts de L’Aisne it’s open.
Entrepreneurs, touristes et Franciliens
« La notoriété s’acquiert dans la durée, soulignait-il. J’en suis presque à regretter d’avoir dû baisser le budget de communication l’an passé. On l’a rétabli cette année. »
Et il a ajouté, le 24 octobre, devant les nombreux auditeurs de la salle Wagram, que la campagne en cours s’adresse à trois cibles : « A la sphère économique. De grandes entreprises, de grandes marques existent dans l’Aisne, telles que Le Creuset, Tereos, L’Oréal, Saint-Gobain, Nestlé, Bayer, Godin, Intersnack, Givenchy, Volkswagen, Materne, William Saurin, Lu, Le Bourget. Ce qui prouve qu’on peut réussir sur ce territoire. Aux touristes potentiels, et, à l’instar de Center Parcs, nous nous adressons aux touristes de courts et moyens séjours qui peuvent s’oxygéner chez nous, profiter de nos forêts, de nos rivières, de notre patrimoine historique. Et enfin aux Franciliens qui pourraient venir s’installer chez nous plutôt que vivre dans des banlieues toujours plus lointaines. »