«Cherche cadre motivé, dynamique et autonome»… ben voyons !
Je suis dans le bureau d’un client dirigeant d’une PME de 25 personnes. Il m’a demandé de l’accompagner dans le recrutement de son bras droit. Après avoir conçu ensemble le référentiel métier du poste, nous sommes en train de rédiger l’annonce. Et il tient absolument à ce que cette phrase y figure. Or je crois que cette phrase est inutile, voir contre-productive dans une annonce de recrutement. Pourquoi ? Je m’en vais vous le dire.
Avec notre dernier article, nous avons clos les actions collectives à mener pour enlever tout sentiment de démotivation aux membres de son équipe. C’està- dire les actions relatives aux trois premiers niveaux de la pyramide de Maslow, ou, pour Herzberg, les facteurs d’insatisfaction (ou d’ambiance). Mais, nous avons montré dans certains articles précédents (cf. «L’idéal, c’est de couper le cordon» et «La motivation n’estelle qu’une question d’argent ?») que ces actions ne déclencheront pas pour autant la motivation. Elles garantiront uniquement que vos collaborateurs ne seront pas démotivés, Nuance ! Avec la série d’articles à venir, nous abordons les niveaux 4 et 5 de la pyramide. Ceux qui couvrent les facteurs de satisfaction, comme les a définis Herzberg. Le niveau 4 couvre les besoins d’estime de soi. Il est le tremplin vers le niveau 5, celui de l’épanouissement, de la réalisation de soi. Pour une fois, je vais vous la faire à l’envers, on gagnera du temps. Si vous voulez des collaborateurs dynamiques et autonomes, c’est-à-dire qui prennent des risques et qui vont de l’avant, il faut qu’ils aient confiance en eux. Or la confiance en soi vient du fait que l’on a développé une bonne estime de soimême. Et vous n’aurez une bonne estime de vous-même que si vous vous sentez estimable et même, osons le terme, si vous vous sentez aimable, c’est-àdire digne d’être aimé. Normalement, tout être humain devrait recevoir une éducation et un enseignement (parents et profs dans le même bateau) qui lui permettent d’acquérir une autonomie affective.
Est-ce que vous vous aimez ?
Autrement dit, il ne devrait pas avoir besoin des autres pour se sentir estimable et « aimable ». Or, quand on voit le boom que connaissent toutes les formes de démarches de développement personnel mais aussi les demandes de coaching en entreprise, on voit bien que l’on est loin de cette autonomie. Donc, pour les dirigeants de PME qui souhaitent éviter de faire coacher chacun de leur collaborateurs (et là je suis bien conscient de me tirer une balle dans le pied. Et je demande pardon, par la même occasion, à mes collègues lecteurs), l’alternative est qu’ils nourrissent eux-mêmes leurs collaborateurs en reconnaissance et en félicitations. Or une félicitation (ou un compliment) ne peut pas être collective, floue ou trop générale. Pour qu’elle porte pleinement ses fruits, la félicitation doit faire sens pour celui qui la reçoit. C’està- dire qu’en plus d’être personnelle, elle doit être motivée et circonstanciée. Bref, si votre collaborateur sait précisément ce que vous attendez de lui, et qu’il y arrive, alors il vous sera très facile de le féliciter, et votre félicitation aura d’autant plus de sens pour lui. Bref, je suis en train de vous vendre le management par objectifs. CQFD. Je suis conscient des travers que peut présenter cette philosophie de management quand elle est mal maîtrisée, et nous y reviendrons d’ailleurs en détail dans notre prochaine série d’articles consacrés à la délégation. Pour le moment, revenons à la reconnaissance comme carburant de l’estime de soi.
Outils magiques de la reconnaissance
Et en premier lieu, parlons des 3 outils magiques de la reconnaissance : «Bonjour», «Merci» et «Bravo». Eh oui, aussi basique que cela puisse paraître, utilisez-vous ces 3 outils quotidiennement avec chacun de vos collaborateurs ? Cela vous paraît-il trop simple voire trivial ? Eh bien appliquezvous cette discipline quotidienne, donc, pendant au moins un mois et je vous garantis des résultats réellement magiques. Pourquoi pendant 1 mois minimum ? Parce que pendant les premiers jours, vos collaborateurs seront immanquablement suspicieux à votre égard. Ce n’est qu’en vous inscrivant dans la durée que vous leur montrerez que votre intention est sincère (car elle le sera, n’est-ce pas ?) et donc que vous réussirez à dissoudre cette suspicion. En conclusion, je vais vous faire une confidence : je suis assez confiant dans votre capacité à «choper» vos collaborateurs en train de mal faire. Mettez-donc votre logiciel personnel à jour en y téléchargeant l’application : «les “choper” en train de bien faire». Bon courage et à la prochaine fois. D’ici là, prenez bien soin de vous … et de votre équipe !