Art de vivre
Charmoy : la bière des puristes
Installée depuis vingt ans au cœur du château de Charmois, à Mouzay, dans le nord a, la brasserie d’Alain Bonnefoy a su s’imposer comme une référence à l’heure où la mode invite à la prolifération de goûts. Lui a fait le choix d’une production artisanale et classique pour un retour aux sources garanti.

Des bières non filtrées et non pasteurisées avec une garde longue et une lente refermentation en bouteille. L’une est blonde, l’autre ambrée. Ce sont les deux produits phares à l’origine du succès de la Charmoy, marque meusienne estampillée dans les «pures traditions brassicoles». L’aventure commence en 2002. Installé comme jeune céréalier, Alain Bonnefoy réalise son stage obligatoire à l’abbaye d’Orval. Une révélation pour ce Meurthe-et-Mosellan d’origine qui a passé toutes ses vacances à Mouzay, où ses parents avaient acheté et commencé la rénovation du château. Lui y pose ses valises avec la volonté de poursuivre la réhabilitation et d’y créer une activité complémentaire. Ce sera une brasserie, à l’image des moines belges. Et pour cause, le céréalier produit alors du blé, du colza, du maïs mais aussi de l’orge de brasserie qu’il souhaite transformer en bière. Sans argent, il démarre avec la foi dans ce produit qui n’est alors pas à la mode. À l’époque, la bière est populaire et pas du tout sexy. Qu’importe. Il va y mettre tout son cœur et tout son temps pour créer une gamme résolument classique en aménageant une unité de production artisanale.
Deux bières de saison
En 2024, 2 500 bouteilles sont produites au cours de l’année contre 2 500 bouteilles hebdomadaires, deux décennies plus tard. La montée en puissance s’est faite progressivement mais s’est accélérée en 2013 ; le moment de bascule où la bière devient tendance. Si le volume connaît une forte progression, les ventes s’envolent. Au-delà de ses deux bières phares, Alain Bonnefoy élabore deux bières de saison : la bière de Noël - plus forte et plus épaisse et la bière de mars, moins alcoolisée et plus légère. Un véritable clin d’œil fait aux agriculteurs-brasseurs qui a l’origine n’avaient d’autre choix que de suivre la saisonnalité des cultures.
Quand la bière sublime le patrimoine
Ses clients sont à 50 % des particuliers, des habitués, des locaux, et beaucoup de touristes hollandais ou flamands en été. La Charmoy est également en vente chez des cafetiers, restaurateurs, dans des bars à vin, des magasins de producteurs en Meuse, dans les Ardennes ou encore en Meurthe-et-Moselle mais jamais en grande surface. Un choix assumé par ce brasseur-agriculteur. Vingt ans après son installation, la passion est toujours intacte pour celui qui aime recevoir ses clients au sein même de son outil de production. L’occasion de revenir sur l’histoire de la Charmoy, de raconter le château qui poursuit sa mue. «Finalement, je n’ai rien inventé. Je fais comme les moines trappistes d’Orval de la bière et tout l’argent est réinvesti dans le patrimoine.» Un modèle qu’il n’a jamais trahi, fier de s’inscrire dans la lignée des pures traditions brassicoles.