«C’est de l’artisanat du début à la fin»
Mi-juin, huit femmes étaient nommées pour la 1ère édition des Trophées des femmes de l’économie Hauts-de-France. Si les chiffres de la création d’entreprise en région sont bons, la parité est encore loin d’être acquise…
Qu’elles soient créatrice d’entreprise, dirigeante d’hôtel, directrice des ressources humaines… elles ont toutes du talent et un parcours hors du commun qui contribuent au développement économique du territoire. Depuis 2010, ces Trophées mettent en valeur ces entrepreneuses, d’abord à Paris puis sur plusieurs régions de France, et pour la première fois en Hauts-de-France.
Elle n’aura malheureusement pas été lauréate cette année des Trophées des femmes de l’économie en Hauts-de-France, mais d’autres récompenses trônent sur les bureaux de cette entreprise transmise de génération en génération. Lauréate des Trophées nationaux de l’entrepreneuriat au féminin deux années de suite, Delphine Tillieux est à la tête de Tillieux menuiserie depuis deux ans, créée par son arrière-arrière-grand-père à Tourcoing en 1899, dans les locaux actuels, agrandis d’année en année. Un pied dans l’entreprise dès son plus jeune âge, Delphine Tillieux s’est formée à l’ESJDB (Ecole supérieure des jeunes dirigeants du bâtiment, à l’initiative de la Fédération française du bâtiment). Fabricante et installatrice de fenêtres et de portes dans la tradition – majoritairement en bois –, la PME de huit salariés n’en est pas moins novatrice puisqu’elle a rejoint le groupement international d’entreprises Optiwin, réseau de spécialistes de la menuiserie passive certifiée. «Nous travaillons essentiellement avec des particuliers dans la rénovation énergétique, c’est de l’artisanat du début à la fin», explique-t-elle. La jeune dirigeante fait aussi partie du groupe «Femmes du BTP» au sein de la Fédération française du bâtiment.
Performant, réparable et écologique
Fabriquées uniquement avec des bois certifiés issus de forêts gérées durablement et d’autres matériaux écologiques recyclables et/ou recyclés (liège, fibre de bois, laine de mouton…), les menuiseries sont travaillées sur place dans un atelier zéro déchet : les chutes sont récupérées en bûchettes compressées utilisées pour le chauffage. Si Delphine Tillieux avoue qu’il n’est pas toujours facile de s’imposer dans un milieu essentiellement masculin, son ancrage dans l’entreprise – grâce à son père qui l’a reprise en 1986 et qui laisse doucement la main à sa fille –, elle le doit surtout à son investissement total : «J’ai beaucoup suivi mon père pour apprendre la technique, en tournant avec lui sur les chantiers. Pendant six mois, j’ai aussi fabriqué des fenêtres pour m’imprégner de l’atelier. Mon mode de management ? Le dialogue !» Très portée sur l’apprentissage et la transmission du savoir, la dirigeante cherche régulièrement de jeunes menuisiers.