Stratégie
Cayeux-sur-Mer : Silmer exporte 70% de sa production
Grâce à ses propriétés particulières, la silice produite avec les galets de Cayeux-sur-Mer est exportée en Europe du Nord, mais aussi en Asie et aux États-Unis.
Les yeux tournés à l’export, mais un lien indéracinable avec son territoire. La société Silmer est une véritable institution à Cayeux-sur-Mer. Voilà presque 100 ans que la vénérable travaille avec ce que la nature fait de mieux aux portes de la baie : les galets. Ces silex, roulés par la mer, sont en effet une précieuse source de silice, utilisée dans de nombreux domaines industriels. À l’origine, c’est le développement de l’industrie de la céramique en Angleterre qui a porté l’entreprise Silmer. Filiale du groupe Gagneraud, l’entreprise emploie aujourd’hui 33 personnes qui traitent 100 000 tonnes de galets chaque année.
Calcinés à 1 600 °C, puis concassés, ils produisent de la silice cristobalite, dont les propriétés répondent à bien des utilisations, notamment dans le domaine de la construction au sens large. « Elle est par exemple utilisée pour les revêtements ou le marquage des routes », explique Brigitte Pagès, responsable technico-commerciale chez Silmer. Ses propriétés comme son opacité, sa capacité à réfléchir les UV solaires sans éblouir (et donc à diminuer l'éclairage des routes), sont des atouts importants pour un produit qui a en outre l’intérêt de présenter une grande résistance et une bonne adhérence.
Gagner des parts de marché
70% du chiffre d’affaires est aujourd’hui réalisé à l’export, qui se réalise principalement par bateau depuis le port du Tréport. « Historiquement, nous travaillons avec l’Europe du Nord, car elle a perçu très tôt la notion environnementale, raconte Brigitte Pagès. Dès les années 70, nous avons travaillé avec l’Angleterre, l’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas… » Aujourd'hui, ces destinations restent majoritaires dans l'activité de l'entreprise, mais elle s'est aussi ouverte aux marchés géants que représentent les États-Unis, d'une part, et l'Asie d'autre part. Là-bas, loin de ses bases samariennes, Silmer s'appuie sur des agents distributeurs.
« On essaie de gagner des parts de marché sur la France, notamment avec des produits destinés au mobilier urbain, poursuit la responsable. Notre stratégie commerciale, c'est de trouver des débouchés, mais aussi de développer de nouvelles applications à nos produits. » L'entreprise s'appuie donc sur une importante recherche et développement, et sur une démarche de "prescription conseil".
« On essaie de démontrer l'utilité de nos produits et de le faire connaître auprès des clients et des donneurs d'ordre. Nous travaillons avec des laboratoires, aussi, pour démontrer les qualités physico-chimiques de nos produits. » En effet, chaque marché a ses habitudes... et elles dépendent aussi du climat. Ainsi les fortes variations de températures que connaissent par exemple les États-Unis entre l'hiver et l'été, font que la silice cristobalite y est particulièrement utilisée sur les toitures, en revêtement de leurs tuiles goudronnées. En Asie, ce sont plutôt les propriétés antidérapantes qui intéressent.
Une démarche verte
Globalement, d'ailleurs, Silmer met en avant la correspondance de ses produits avec l'air du temps. La silice cristobalite est, en effet, recyclable à 100%, et permet une bonne adaptation au changement climatique, notamment par sa capacité à ne pas stocker la chaleur. « Nous avons l'environnement chevillé au corps », insiste Brigitte Pagès, qui rappelle que l'entreprise est « née de ce que la nature lui apporte. »
Ainsi, Silmer cherche à diminuer ses impacts de production, ou a minima, à les compenser. Les fours, gros consommateurs d'énergie, sont ainsi utilisés de la manière la plus rationnelle possible. « Toute notre politique RSE repose sur l'idée d'appuyer à chaque fois qu'on le peu sur la réduction de nos impacts et l'amélioration des process », continue la dirigeante. Autre exemple, les stocks de sable, également produits par Silmer, sont régulièrement « laqués » avec une résine naturelle (à base de sève de pin et de bouleau), pour éviter la dispersion des poussières.
Côté transport, le choix premier des barges ou du bateau, n'empêche évidemment pas la présence de camions. « On s'efforce de travailler avec des transporteurs qui sont aux normes EURO6. » Et pour ce qui est de l'extraction des galets, qui pourrait avoir un impact sur l'hydraulique de la baie et la protection du trait de côte, Silmer la compense en restituant des cailloux issus de carrières à l'intérieur des terres, à volumes et formes équivalents, en collaboration avec les services de l'État. « Cela fait partie de notre rôle que de contribuer à cet équilibre », conclut Brigitte Pagès.