Catry manufactures tisse à Roncq les fils d’une tradition d’exception
Où trouver en France, un tapis étroit, en laine, aux motifs originaux ou classiques − en tout cas avec la french touch − et fabriqué de manière traditionnelle ? A Roncq simplement.
Créée en 1912 à Neuville-en-Ferrain, installée à Roncq, rue des Frères-Bonduel, depuis 1977, l’entreprise Catry démontre à l’envi que l’on peut afficher la fidélité à des valeurs et nourrir de grandes ambitions à l’export.
Catry est l’entreprise familiale par excellence. La parenthèse d’un actionnaire extérieur a été vite refermée par le rachat de ses parts en 1999. Aujourd’hui, on trouve à la tête de l’entreprise la fille Caroline, le père Hervé en support technique, et le frère Eric, dernier venu, directeur des opérations. Si les hommes sont à l’atelier, autour des 25 machines, Caroline, elle, est la femme-orchestre à la tête de cette PME de 25 salariés, à cheval entre l’artisanat d’art à la française et l’industrie façon textile du Nord.
Montrer son savoir-faire. Ce sera donc elle que l’on verra à Roncq, mais aussi à Lille sur le showroom de la rue Esquermoise, à Paris sur celui de la rue du Mail (dans le deuxième arrondissement), et qui était avant-hier à Londres pour créer un showroom dans le cœur de la capitale britannique. Car le travail de Catry est fait pour être vu et touché. Il ne peut se vendre sur catalogue.
C’est au doigt et à l’œil que l’on voit la finesse du travail, où chaque point de laine est équivalent à un pixel pour former des motifs variés. Ce travail est particulièrement prisé à l’étranger, objectif du développement. Il est donc primordial que les architectes, les décorateurs, mais aussi tous ceux qui aménagent hôtels, institutions ou châteaux puissent voir de près ces produits originaux. Si le particulier peut s’offrir un tapis Catry, le cœur de cible est les professionnels et les showrooms s’avèrent bel et bien indispensables de ce fait.
Un vent de modernité. Professionnel aussi sera le poseur, car un tapis Catry, c’est de la haute couture. Il est façonné en lés de 70 centimètres, cousus bord à bord avant que l’ensemble ne soit tendu sur une baguette posée en périphérie. Une thibaude l’isole du plancher. Tous les motifs peuvent être reproduits dans une très large gamme de coloris. «Nous pouvons faire du persan avec une très belle définition au niveau du point», précise caroline Catry. L’étroitesse des lés en fait le tapis d’escalier par excellence. Les immeubles haussmanniens de Paris sont la plus grande part du marché par le biais des syndics et des copropriétés.
Cependant, c’est à l’export que Caroline Catry affiche des objectifs ambitieux. L’étranger représente actuellement 20% du marché pour une entreprise qui tourne à 70% de ses capacités.
Labellisée «Entreprise du patrimoine vivant», Catry sera jusqu’au dimanche 8 novembre au Salon international du patrimoine culturel, au Carrousel à Paris, dont le thème cette année est «Patrimoine et modernité». Une façon donc de montrer un savoir-faire quasiment disparu en France, mais très prisé à l’étranger. «Nous avons développé depuis quatre ans un vrai service export, explique Caroline Catry. Les Anglais sont particulièrement sensibles, car c’est un ‘pays de moquette’. Ils comprennent le produit et notre originalité. Nous arrivons cependant avec un vrai vent de modernité. Les décorateurs viennent faire leur marché à Paris.»
A travers le vaste monde. Dans le viseur de la vieille entreprise roncquoise, on va donc trouver la Grande-Bretagne, mais également les Etats-Unis, la Belgique, le Luxembourg, les Pays-Bas, l’Italie et enfin, un peu plus loin encore, les Emirats et la Russie. «On se prépare à la reprise, affirme, confiante, Caroline Catry qui précise : Aux Emirats, nous avons un décorateur introduit dans les familles royales et aux Etats-Unis, un beau distributeur qui va mettre en avant les produits et la marque. Nous sommes légitime pour travailler sur l’image de marque.»
Le savoir-faire est nordiste, mais les matières premières sont toutes importées car tout a disparu chez nous, les filateurs comme les teinturiers. Les laines sont donc anglaises, néo-zélandaises, portugaises ou indiennes. Elles sont teintées en Belgique. La localisation de l’entreprise facilite ces relations.
Si la direction est familiale, l’entreprise tourne grâce à une équipe de salariés motivés : «Il faut des gens motivés, qui aiment le beau et la rigueur et qui savent se retrousser les manches.» Et Caroline Catry de conclure : «Nous sommes une entreprise artisanale avec un outil industriel. Une entreprise qui peut tout faire, de la création du motif à la réalisation d’un tapis unique. Du cent pour cent Catry.»