Calais ouvre dans l’urgence un second front urbain
La ville des Six Bourgeois a toujours été très commerçante, mais la situation économique a frappé de plein fouet son tissu économique. Les collectivités essaient tant bien que mal de mener des projets urbains.
Point majeur de la ville aux deux centres, les 4 boulevards cristallisent la déception. Le complexe commercial n’en finit pas de s’enfoncer ; en face, Monoprix, l’ancienne locomotive commerciale, a perdu sa façade. Depuis 2008, l’équipe municipale, emmenée par Natacha Bouchart, sénatrice-maire UMP de Calais, et Philippe Blet, président divers gauche de l’agglomération, s’est attachée à rénover Calais-Nord, ses rues commerçantes, sa place d’Armes et, demain, son front de mer. Les rues refaites, le chantier d’une halle sur la place et le lancement d’un palais des congrès avant ou après le prochain scrutin pouvaient laisser croire que la majorité municipale aurait de quoi présenter un bilan urbain satisfaisant. La municipalité a cependant décidé de se lancer sur un second front urbain, au carrefour des 4 boulevards dans le quartier Saint-Pierre, à quelques centaines de mètres de la mairie, site liant les deux parties de la ville. L’annonce, le 5 septembre, de l’acquisition pour l’euro symbolique du centre commercial des 4 boulevards, en quasi-déshérence commerciale, a jeté un pavé dans la mare. La situation de cet immense bâtiment où le commerce périclite, où la gestion du parking coûte un bras à la ville, où le fondateur promoteur (ING) a vendu pour protéger ses pertes et où l’acquéreur s’est ensuite fait racheter par un fonds de pension américain (CRBE), symbolise la dérive d’un projet dont l’inauguration en 2006 avait pourtant recueilli la quasi-unanimité des acteurs économiques et politiques… Les 4 boulevards ont coûté 90 millions d’euros, dont 15 millions pour la Ville de Calais.
Municipalisation commerciale. La nouvelle équipe a vu se détériorer la situation des commerçants, incapables de payer leur loyer et fermant les uns après les autres. «On a essayé beaucoup de choses avec les 4B, mais sans y parvenir. Cet équipement est arrivé trop tard et ne fait pas le poids devant Cité Europe», déplore Natacha Bouchart. Mais qu’y faire ? La moitié des 40 enseignes commerciales perdure tant bien que mal (sans s’acquitter pour la plupart du loyer) et se verra rejoindre par des services publics municipaux comme la police, une crèche, des services aux associations, ou encore une maison médicale. La reprise des 4B concerne l’ensemble des surfaces à l’exception de la moyenne surface Carrefour et de la pharmacie mutualiste. Natacha Bouchart pointe les difficultés inhérentes au centre à travers «les intérêts contradictoires entre un parking propriété du syndicat mixte (municipal) et une galerie commerciale gérée par un propriétaire différent. Le parking supportait un déficit de près d’un million d’euros». Déficit ramené depuis à 800 000 euros. La Ville pense pouvoir abaisser les frais globaux à 500 000 euros tout en espérant qu’une étude trouve l’équation gagnante avec la gratuité du parking, gage d’une meilleure fréquentation. En face des 4B, l’ancienne moyenne surface Monoprix prend un tournant culturel depuis son rachat par l’agglomération et l’OPHLM de Calais : la première construira la nouvelle école d’art, le second augmentera son offre immobilière en centre-ville. La Ville ne pouvait laisser une friche commerciale s’installer…