Calais et Dunkerque s'inquiètent pour leur port
L’annonce par la Commission européenne de la modification du corridor maritime entre l’Irlande et le Continent (en cas de Brexit dur) qui oublie les ports de Calais et de Dunkerque a mis le feu aux poudres dans ces deux villes dont les ports constituent des poumons économiques. Explications.
La nouvelle, tombée le 1er août dernier, a pris tout le monde de court : la Commission européenne des transports a décidé en cas de «Brexit dur», c’est-à-dire sans accord, de modifier le corridor maritime «mer du Nord/Méditerranée» entre l’Irlande et le Continent en oubliant les ports de Calais et de Dunkerque. En clair, les marchandises en provenance ou en partance vers l’Irlande (depuis les ports de Dublin et de Cork) ne pourront plus transiter par les ports britanniques (Liverpool et Londres) en raison du coût des taxes douanières. Il faut donc trouver de nouveaux ports d’arrivée ou de départ. Et ce sont les ports de Zeebrugge et d’Anvers (Belgique) et de Rotterdam (Pays-Bas), au détriment de ceux de Calais et de Dunkerque, qui ont été choisis.
Cette décision a fait bondir Xavier Bertrand, président de Région, et Jean-Marc Puissesseau, président du port de Calais, bientôt rejoints par Franck Gonsse, président national de la CSOPMI-CNTPA (le syndicat de dockers majoritaire à Dunkerque). «C’est inacceptable, a ainsi réagi Franck Gonsse. Nous priver du trafic maritime avec l’Irlande, c’est priver nos ports de Calais et Dunkerque d’un volume de fret très important au moment même où ils investissent des sommes colossales pour se développer. Ce sont des milliers d’emplois qui sont en jeu. Il est incompréhensible que notre proximité géographique avec l’Irlande n’ait pas été prise en compte. Calais et Dunkerque sont les portes d’entrée naturelle vers l’Europe.» Un avis partagé par Patrice Vergriete, maire de Dunkerque et président de la communauté urbaine de Dunkerque, qui, via un communiqué, a indiqué son incompréhension devant un tracé qui «aura un impact considérable sur l’environnement, là où l’intérêt général tendrait à opter pour le maintien de circuits plus courts».
Devant cette levée de boucliers, Elisabeth Borne, ministre des Transports, a écrit courant août à la présidente de la commission transport à Bruxelles, Violeta Bulc, pour défendre les ports français. Elle estime, en substance, que la proximité géographique entre la France et l’Irlande justifie à elle seule la mise en place de liaisons régulières entre les deux pays, qui permettront en outre des connexions avec le marché intérieur. La ministre plaide également pour un renforcement des échanges via Calais et Dunkerque.
Violeta Bulc tente désormais de calmer le jeu. Après avoir insisté sur le fait que son projet ne visait que le court terme et une éventuelle solution d’urgence pour sauver les importations et les exportations irlandaises après le 30 mars 2019, date prévue de la sortie de la Grande-Bretagne de l’UE, elle a annoncé qu’une rencontre avec Elisabeth Borne allait se tenir courant septembre. En attendant, à Calais et Dunkerque, chacun reste mobilisé.