Calais-Boulogne sur l'autoroute du rail

La Société d'exploitation des ports du Détroit a inauguré le 23 octobre dernier son terminal ferroviaire sur le site portuaire calaisien. Face aux élus et techniciens, Jean-Marc Puissesseau a affirmé que l'avenir du port ne se conjugue pas uniquement avec la présence de migrants qui perturbent le trafic. Compte-rendu

« Un espace a été réaménagé pour acceuillir les semi-remorques : 50 millions de km-camion pourront être évité si le dispositif marche à plein ».
« Un espace a été réaménagé pour acceuillir les semi-remorques : 50 millions de km-camion pourront être évité si le dispositif marche à plein ».

 

CAPresse 2015

Chargement et déchargement des semi-remorques ne prennent que quelques minutes.

C’est une cérémonie qui change de l’ordinaire à Calais : “on a des bonnes nouvelles aussi sur ce territoire“, glisse un chef d’entreprise dans le transport. Le terminal fret dédié aux poids lourds non accompagnés en fait partie.

C’est Frédéric Cuvillier, député de Boulogne et ancien ministre des Transports, qui avait ouvert la voie en signant le lancement de l’autoroute ferroviaire reliant Le Boulou (à la frontière espagnole) à Calais en février 2013. Une des plus longues d’Europe (1 200 km), elle passe par Lyon et permet aux marchandises de traverser la France et d’arriver en Grande-Bretagne. Au sud, la ligne se prolonge vers Barcelone, Murcia et Algésiras. De Boulogne-sur-Mer, une autre autoroute ferroviaire prend le même chemin par l’ouest du pays : frontière basque, Madrid, Algesiras. Le but est simple : développer en Europe le transport de semi-remorques non accompagnés. Cette nouvelle voie − VIIA Britanica − ouvrira en janvier prochain, grâce à la volonté du Conseil régional, de la Société d’exploitation des ports du Détroit et de la filiale de SNCF Logistics, VIIA. Elle permettra de transporter les semi-remorques toutes formalités faites dans des wagons UIC à chargement latéral qui sont l’œuvre de la société française Lohr industrie, soit un appréciable gain de temps lors des manœuvres de déchargement et de rechargement grâce au fait de les tracter et non plus de les gruter. “Grâce à cette technologie, tous les types de semi-remorques aux normes européennes, renforcées ou non, peuvent être accueillis puisqu’il n’est plus nécessaire de procéder par chargement vertical“, explique la Société d’exploitation des ports du Détroit. Cet investissement de 7 millions d’euros provient de la Société portuaire et d’un financement européen issu du programme Bridge (qui a été porté par la Région).

CAPresse 2015

Un espace a été réaménagé pour accueillir les semi-remorques : 50 millions de km/camion pourront être évités si le dispositif marche à plein.

Du rail au maritime, chassé-croisé. Sur le site portuaire, un nouvel espace a été aménagé et ouvre aussi la voie aux futurs travaux du projet d’agrandissement du port Calais port 2015. “C’est une étape“, sourit Jean-Marc Puissesseau qui parie sur un accroissement du trafic fret de 40% d’ici 2030 sur la ligne Calais-Douvres. Avec cet équipement, le port n’aura plus à rougir devant son voisin Eurotunnel au sujet du transport “vert“. Les promoteurs du terminal ferroviaire affirment en effet qu’il permettra de réduire les émissions de CO2 de près de 50 000 tonnes par an. En tout, ce sont près de 40 000 remorques qui pourront basculer de la route au rail, soit 50 millions de km/camion évités… Daniel Percheron a salué le génie industriel de la France qui, à travers Calais, se dote du premier équipement de ce type dans un port européen. Le président de la Région n’a pas manqué d’égratigner avec le sourire la SNCF qui n’est pas pour rien dans la lenteur de réalisation du projet. Il a parlé du hub multimodal de transport qui nécessite du temps pour la construction en totalité. Il a de même rappelé l’intuition de Pierre Mauroy quant à l’opportunité du Tunnel et le passage des trains en alliance avec le maritime. Et si la SNCF revient concrètement dans un dispositif transmanche mais sur du rail, elle observera probablement avec quelque ironie Eurotunnel attendre que la commission britannique l’autorise ou non à reprendre la mer avec le Nord-Pas-de-Calais, dernier navire lui appartenant issu de la flotte de SeaFrance, l’ex-filiale de la SNCF.

VIIA Britanica, la marque publique sur le fret

VIIA Britanica est la troisième ligne d’autoroute ferroviaire en France, qui vient s’ajouter aux lignes déjà existantes entre Bettembourg (Luxembourg) et Le Boulou , et entre Aiton (près de Chambéry) et Orbassano (près de Turin). Créée en 2012 par SNCF Logistics, la branche transport et logistique de marchandises de la SNCF, VIIA propose une offre d’acheminement des marchandises afin de développer le fret ferroviaire en Europe. SNCF Logistics est le premier transporteur et logisticien français et se situe au quatrième rang européen.