«Regarder dans les quartiers par les préceptes de la troisième révolution industrielle est innovant»

L'agence d'urbanisme et de développement de la région Flandre-Dunkerque organisait son premier séminaire sur le thème double de la TRI et du renouvellement urbain. Isabelle Kerkhof, vice-présidente au développement de la solidarité intercommunale à la communauté urbaine de Dunkerque, revient sur cette manifestation.

La Gazette : Quel était l’objectif de ce séminaire organisé par l’AGUR ? Qui était invité à y participer ?

Isabelle Kerkhof : L’ensemble de la population était conviée, puisqu’il s’agissait d’une conférence publique, mais nous visions surtout des élus, des techniciens des collectivités, des bailleurs, des énergéticiens, des chefs d’entreprise ou encore des habitants des quartiers concernés à travers les conseils de citoyens. Toutes les personnes qui sont touchées de près comme de loin par les enjeux de la troisième révolution industrielle ou du renouvellement urbain étaient invitées. L’objectif était de permettre aux acteurs de la troisième révolution industrielle et à ceux du renouvellement urbain et de la politique de la ville de se rencontrer, d’échanger sur les bonnes pratiques qui existent et de discuter sur la façon dont les piliers de la TRI peuvent s’intégrer dans les plans du renouvellement urbain.

 

Est-ce simple de mixer rénovation urbaine et troisième révolution industrielle ? De mobiliser les acteurs sur ce sujet ?

On pourrait croire de prime abord que c’est simple, puisque nous avons su mobiliser plus d’une centaine de personnes sur le sujet. Mais concrètement, ce n’est pas quelque chose qu’on a l’habitude d’aborder de cette manière. Les enjeux sont importants, le sujet est très intéressant. Et ce n’est pas simple de mixer les deux thèmes, parce que regarder dans les quartiers par les préceptes de la troisième révolution industrielle est innovant. Mais on a vu qu’il y a une attente derrière tout ça. Je pensais m’adresser surtout à des techniciens, mais on a touché un public bien plus large, parce qu’il y a un intérêt certain pour le sujet et une volonté de tendre vers toujours plus de développement durable. 

 

L’idée est également de prendre en compte les transitions énergétique et numérique. Pourquoi vouloir actionner tous ces leviers en même temps ?

Tout simplement parce qu’ils sont complémentaires. On ne peut pas travailler les uns sans actionner les autres. Aujourd’hui, le numérique est très présent dans notre quotidien. Les deux sont liés : si on veut construire des bâtiments à haute performance énergétique, on a besoin des nouvelles technologies pour faire des gains d’énergie, mais aussi du numérique pour mesurer les performances par exemple. Les outils numériques sont là pour nous faciliter la vie, ils répondent à des besoins, sont utiles. Ils sont aussi la partie visible des gestes écocitoyens. Ce sont des outils d’aide à la décision, mais aussi des outils d’aide à la gestion du quotidien. Ils ne doivent pas être uniquement réservés aux nouveaux quartiers, les quartiers en renouvellement urbain doivent pouvoir en bénéficier également. 

 

Quels sont les enjeux de cette approche globale pour les quartiers concernés par la rénovation urbaine sur le territoire de la communauté urbaine de Dunkerque ?

Il faut qu’on ait une vision d’ensemble des quartiers. On a commencé avec l’ANRU à s’occuper du quartier, aujourd’hui l’enjeu est de s’occuper du quartier dans une logique d’ouverture, d’intégration, pour gommer les éléments stigmatisants pour les habitants de ces quartiers, effacer les frontières virtuelles pour les remettre au cœur de la ville et les reconnecter à leurs voisins.

 

Avez-vous quelques exemples concrets pour illustrer l’intégration de la troisième révolution industrielle dans les projets de renouvellement urbain ?

Ça se concrétise déjà dans de nombreux quartiers de l’agglomération, comme avec l’utilisation d’énergies fatales provenant du réseau de chaleur, l’installation d’une station de phytoépuration, des aménagements paysagers placés sous le signe de la biodiversité, le réemploi de matériels obsolètes pour la fabrication de mobilier urbain, etc.