«Nous n’y sommes pas allés pour rien !»

C’est le sentiment d’une dizaine d’acteurs des Hauts-de-France qui se sont déplacés à la COP23. Ils témoignent et reviennent encore plus motivés pour aider la région à faire face au réchauffement climatique. 

COP23
COP23

Affiche COP23

Au clap de fin, le 17 novembre dernier, les commentaires des médias nationaux sur les résultats de la COP23 sont mitigés. Influencé par les communiqués de presse des ONG, un pessimisme ambiant s’est diffusé dans le pays : les États ne vont pas assez vite dans les négociations, avec un manque d’ambition financière. C’est bien vrai. Cette «pensée unique» est peut-être d’ailleurs le seul moyen de maintenir la pression sur les États. Il est néanmoins dommage d’en rester là alors qu’il y a eu de véritables avancées auxquelles ont contribué les représentants des Hauts-de-France rencontrés sur place (voir encadré).

Zone des négociations

Zone des négociations.

L’ambiance à Bonn, en Allemagne, était studieuse pendant 15 jours et portée par la présence de 20 000 participants. L’objectif est la mise en oeuvre de l’accord de Paris de 2015, le plus gros traité de l’ONU quasi universel (seuls les USA ne l’ont pas signé). Il a fixé l’objectif de limiter le réchauffement climatique à 2°C ( revu à 1,5°C actuellement) pour éviter un réchauffement catastrophique de 3°C. Depuis, trois années de travail étaient prévues avec des COP intermédiaires comme celle de Bonn, sous présidence des îles Fidji. C’est en 2018, lors de la COP24 en Pologne, que de grandes annonces seront faites : les États présenteront les efforts qu’ils ont faits, qu’ils sont prêts à faire et leur budget alloué (dialogue de facilitation de Talanoa). L’enjeu est d’atteindre l’objectif zéro gaz à effet de serre (GES) en 2050.

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Prochain rendez-vous climat

Le prochain rendez-vous est le sommet sur le climat du 12 décembre 2017 à Paris. L’objectif est de se concentrer sur l’aspect du financement pour aider les pays les plus vulnérables, mais aussi les villes et régions, en mobilisant davantage le secteur privé. Des représentants des Hauts-de-France devraient à nouveau s’y déplacer, notamment Nicolas Imbert, président du Learning Center ville durable de Dunkerque, Patrice Vergriete, maire de Dunkerque, ou l’entreprise Terraotherm. Cette dernière a été invitée par l’Ademe à présenter ses solutions de recyclage de fumées industrielles. Elle signera sur place un nouveau partenariat avec le fabricant nantais de cheminées, Poujoulat.

Encadré 1 : (en bandeau vertical style Agenda)

«Il est urgent d’agir sur le Dunkerquois» 

Nicolas Imbert, président du Learning Center ville durable de Dunkerque, aux côtés de Jean-Michel Cousteau, fils du commandant Cousteau, avec qui il dirige aussi l’ONG Green Cross France. «Je reviens de la COP avec le sentiment que l’action concrète pour lutter contre le réchauffement climatique doit se passer sur le territoire. Quand on regarde le Dunkerquois, il y a toutes les raisons d’agir rapidement : la montée des eaux menace la centrale nucléaire de Gravelines, les activités agricoles ou encore une partie des rues de la ville.»

«Nicolas Hulot a pris connaissance des projets de notre entreprise»

Jaouad Zemmouri et Audrey Keunebrock, président et vice-présidente de Terraotherm (Villeneuve-d’Ascq et Grande-Synthe), entreprise développant des outils pour recycler la vapeur d’eau et les fumées industrielles, se sont déplacés sous l’égide du Comité 21. «Nous voulions surtout sensibiliser à la COP les politiques qui ne mettent pas assez en avant le recyclage des énergies thermiques dans les feuilles de route de transition énergétique. Et nous sommes ravis : Nicolas Hulot a pris connaissance personnellement des projets de notre entreprise. À force d’être présents aux différentes COP, nous sommes persuadés que c’est comme ça que nous allons réussir à convaincre de l’intérêt de notre innovation de rupture.»

«Nous n’y sommes pas allés pour rien !» 

Jean-Patrick Masson, président du Cercle national du recyclage à Lille et adjoint à l’énergie à la Ville de Dijon. «Nous n’y sommes pas allés pour rien ! J’ai pu voir ce qui se fait en France et à l’étranger. Mais il y a un vrai décalage entre l’image d’Emmanuel Macron qui s’affiche comme un leader international dans le changement climatique et la faible mobilisation française à la COP23. Cela s’explique certainement par cette période d’incertitude en France au niveau politique. En matière de développement durable, on en est au début des discussions entre les collectivités et l’État. Par ailleurs, on a peu parlé  à la COP, à mon grand regret, du recyclage des déchets.»

«Nous avons rencontré nos collègues du Bundestag»

Barbara Pompili, députée La République en Marche de la Somme et présidente de la commission développement durable à l’Assemblée nationale. «Nous sommes une délégation de neuf députés à s’être déplacée à Bonn, où nous avons rencontré nos collègues du Bundestag avec qui nous allons travailler sur l’aide aux pays en voie de développement, la sortie du modèle des centrales à charbon ou encore la baisse de la part du nucléaire dans le mix énergétique.»

«La COP23 offre une vraie visibilité à notre programme»

Jean-Baptiste Dollé, responsable environnement à l’Institut de l’élevage d’Arras. «La Commission européenne nous a demandé de présenter le programme Life Beef Carbone, en vue de réduire les émissions de GES et d’augmenter le stockage de carbone. Cela concerne 6 000 élevages en France, dont 250 dans la région. La COP offre une vraie visibilité à notre programme. Nous espérons ainsi son développement ailleurs dans le monde. Nous nous inspirons aussi d’autres programmes, brésiliens ou uruguayens, présentés à Bonn. Et j’ai pu échanger avec le PDG de Danone qui, de son côté, a pour objectif d’être neutre en carbone en 2050, en impliquant l’ensemble des fermes qui lui fournissent du lait.»

Étaient également présents Philippe Vallette, expert régional des océans au sein du Réseau Océan mondial, directeur du Centre national de la mer Nausicaà (Boulogne-sur-Mer), Antoine Bonduelle, ingénieur E&E Consultant (Cassel), spécialiste de l’absorption du carbone et administrateur de l’ONG Réseau Action climat ainsi que Salvatore Castiglione, vice-président de la Région aux relations internationales.

 

 Encadré 2 : 

D’autres avancées pour la COP23 

Nouvelles plateformes de financement 

Bertrand Piccard et le Prince Albert II de Monaco

Bertrand Piccard et le prince Albert II de Monaco.

Deux nouvelles plateformes pour financer plus de 1 000 technologies propres dans le monde :

  • l’Alliance mondiale pour les solutions efficientes www.solarimpulse.com, créée par le Suisse Bertrand Piccard et le prince Albert II de Monaco. Des entreprises nordistes ont déjà déposé leurs dossiers.
  • www.monprojetpourlaplanète.fr, initiée par Nicolas Hulot.

 

 

 

 

Une forte mobilisation des villes et États. Près de 1 500 villes et régions du monde entier, dont les Hauts-de-France (Salvatore Castiglione), ont participé au Sommet des climats des villes et régions. Leur souhait : relever l’ambition des plans climat de chaque pays et renforcer les coopérations inter-villes et régions. De nombreuses villes et États américains étaient présents malgré la position du président Trump.

La Déclaration des droits et des devoirs de l’humanité. Lancée à la COP21 et portée par Corinne Lepage, de plus en plus de pays l’ont signée. Elle réaffirme le lien entre l’humain et l’environnement. Nicolas Imbert, président du Learning Center ville durable de Dunkerque, accompagne sa promotion et espère que les collectivités, associations et entreprises de la région la signeront.

Agro-écologie. Après six ans de négociations, les États ont trouvé un accord et des financements, pour aller notamment vers l’agro-écologie et renforcer la sécurité alimentaire dans les pays en voie de développement.

Droit environnemental. La France demande que les négociations en cours au niveau du CETA (accords transatlantiques censés faciliter le commerce entre l’Europe et le Canada) reconnaissent la supériorité du droit environnemental sur le droit commercial, selon l’accord de Paris.

Peuples autochtones luttant contre la déforestation

Peuples autochtones à la COP23 luttant contre la déforestation.

Reconnaissance des pays vulnérables. Les pays du G77  (coalition de 77 pays en voie de développement) et les peuples autochtones se sont sentis entendus grâce à la présidence assurée par les îles Fidji. Ces dernières vont d’ailleurs conserver la main sur les négociations tout au long de 2018, y compris pendant la COP24, pour maintenir les ambitions.

Coalition contre les mines de charbon. Pour la première fois, une coalition de 25 pays a été créée pour étudier la fin des centrales à charbon dans le monde.

Phrase en gros et entre guillemets : «La COP offre une vraie visibilité à nos programmes»