«Je TED» va proposer un accompagnement à domicile

Selon l’un des deux associés, l’entreprise serait unique en France. Elle entend répondre au manque flagrant de structures et de méthodes pédagogiques vraiment adaptées à ce handicap.

Quentin Liénard, jeune éducateur spécialisé de 21 ans, était, en janvier, en pleine création d’une entreprise proposant un accompagnement à domicile des enfants autistes.
Quentin Liénard, jeune éducateur spécialisé de 21 ans, était, en janvier, en pleine création d’une entreprise proposant un accompagnement à domicile des enfants autistes.
D.R.

Quentin Liénard, jeune éducateur spécialisé de 21 ans, était, en janvier, en pleine création d’une entreprise proposant un accompagnement à domicile des enfants autistes.

Quentin Liénard, l’un des deux associés, estime que leur entreprise sera, en ce début 2017, la seule du genre en France. Il n’a que 21 ans et explique qu’elle sera basée à Ferrière-la-Grande, près de Maubeuge, chez ses parents. Il résume ainsi le projet : «Nous sommes tous deux éducateurs spécialisés et entendons intervenir directement au domicile des familles ayant un enfant autiste. On va leur proposer, sur le long terme, un accompagnement dans tous les domaines : cognitif, scolaire, sensoriel, autonomie sociale, autonomie fonctionnelle… Le statut d’entreprise permettra un suivi comptable, juridique et social. On interviendra en libéraux.»

 

À domicile. L’originalité de l’entreprise, ce sont donc ces interventions à domicile. Avec même, précise Quentin Liénard, un numéro d’astreinte. «Pour une famille, le plus dur, c’est de faire face aux tâches quotidiennes. S’il n’y a pas d’autre solution, l’un des parents doit souvent arrêter de travailler…»

Le jeune créateur note au passage que les manquements de la France en matière de prise en charge et d’accompagnement ont déjà été pointés par la Cour européenne, que, de fait, beaucoup d’enfants ne sont pas scolarisés et aussi que nombre de parents cherchent des solutions en Belgique.

Il donne des chiffres : 180 000 personnes autistes en Nord − Pas-de-Calais et 640 000 en France. Ces chiffres seraient même en développement, l’autisme passant d’une naissance sur cent à bientôt une sur soixante-cinq. Même si des structures apparaissent, les listes d’attente sont par conséquent longues.

 

Démarrage en février. Quentin Liénard sera gérant de la future SARL. Le démarrage est prévu début février. Sorti de l’école d’éducateurs de Maubeuge, il a fait plusieurs stages. Il explique avoir noué des contacts avec plusieurs associations ainsi qu’une dizaine de familles du Maubeugeois et du Valenciennois. «On va commencer à deux, explique-t-il. Mais, par la suite, on compte embaucher d’autres éducateurs en fonction des besoins et demandes. On se prépare depuis un an.» Début janvier, ils attendaient une autorisation du Conseil départemental devant permettre aux familles de bénéficier d’avantages fiscaux.  

 

Réseau Bulle. Le jeune créateur fait partie du réseau Bulle, une association nationale (dix antennes en France) qui fonctionne en réseau et apporte un soutien aux familles par divers moyens (communication, cafés-rencontres, groupes de paroles, etc).

Serge Kalicki, vice-président du Réseau, représentant de l’antenne du Nord qui est à Valenciennes et parent lui-même d’un enfant autiste, explique que l’association, qui suit 140 familles adhérentes dans le Nord, compte développer en 2017 sa présence sur le territoire de l’agglomération Maubeuge Val de Sambre. «On répond aux demandes des éducateurs, des professionnels, des familles et nous sommes très sollicité via les réseaux sociaux» insiste-t-il. Pour lui, l’enjeu est clair : «Il y a un retard de 40 ans à rattraper en France.»

Quentin Liénard ajoute que la commune de Ferrière-la-Grande doit apporter son soutien en proposant des locaux destinés à des activités en groupe (rencontres, ateliers, jeux…).

 

Un handicap qui demande un suivi éducatif. Serge Kalicki rappelle que l’autisme n’est pas une maladie mais un handicap, d’origine indéterminée, qu’il qualifie de «problème neuro-développemental propre à chaque enfant». Pour lui, les troubles constatés au niveau de la communication, du comportement et des relations sociales peuvent s’atténuer si l’accompagnement, pédagogique et éducatif est spécifique. En amont, restent bien sûr les problèmes du diagnostic précoce, de la mise au point d’une méthode adaptée et de l’existence de structures ne mélangeant pas forcément des handicaps différents.

Précisons que l’entreprise s’appelle «Je TED», avec un jeu de mots sur le sigle TED qui veut dire «troubles envahissants du développement».

Contacts : quentin.liberal@gmail.com ; skalicki@reseaubulle.fr