«Irriguer le numérique partout en France»

Dans le cadre de son tour de France et de sa première étape à Lille le 19 avril dernier, France Digitale a dressé un compte-rendu des propositions faites par les entrepreneurs à l'échelle nationale qui seront transmises au futur gouvernement. L'association a également organisé la rencontre entre entrepreneurs lillois et douze investisseurs. Rencontre avec Olivier Mathiot, président de France Digitale et cofondateur de PriceMinister.

Olivier Mathiot,
Olivier Mathiot,
D.R.

Olivier Mathiot, président de France Digitale et cofondateur de PriceMinister.

 

La Gazette : En quoi consiste concrètement ce tour de France?

Olivier Mathiot : L’année dernière, notre tour de France avait permis de consulter les entrepreneurs français sur les enjeux du numérique et d’identifier les freins au développement des start-up. Nous avions fait cinq étapes en France, dont Lille, et trois à l’étranger auprès des entrepreneurs expatriés (Londres, New York, San Francisco). Cette année, nous revenons dans les villes afin de rendre un compte-rendu précis des propositions faites par l’ensemble des entrepreneurs. Sorti il y a un mois, le manifeste comprend seize propositions concrètes qui auront pour but de convaincre le futur locataire de l’Elysée. On ne peut pas rater le tournant 2017, nous avons déjà raté le tournant en 2012. Notre objectif est d’irriguer le numérique partout en France.

 

 Sur quoi reposent les propositions des entrepreneurs ?

Les entrepreneurs se sont confiés par rapport à ce qui fonctionnait et ce qui les freinait dans le développement de leur entreprise. Trois thématiques principales rassemblent les idées, à savoir «Réparer l’ascenseur social en saisissant toutes les opportunités de croissance et en partageant la création de valeur», «Transformer l’économie en encourageant la prise de risques» et «Repenser l’Etat et l’Europe dans une logique cohérente de plates-formes». (Ndlr : figurent parmi les idées phares des entrepreneurs : créer un Bac «N» comme numérique, ressusciter le Compte entrepreneur-investisseur, renforcer l’accès des start-up à la commande publique, ou encore faire de la régulation européenne un atout pour les écosystèmes d’innovation européens).

 

Quel regard portez-vous sur l’écosystème lillois ?

Lille et Lyon représentent les villes les plus attractives hors Paris. Lille a su créer un «hub» concentrant toutes les forces et tous les acteurs, à savoir entrepreneurs, investisseurs et institutions. La position géographique de la métropole lilloise est un véritable atout. Ici, toute une industrie a su se transformer par le biais du numérique. EuraTechnologies est un très bel outil, mais il faut encore augmenter la taille globale du hub lillois.

 

La France est-elle exemplaire sur le plan du numérique ?

Les start-up françaises deviennent internationales beaucoup plus vite que ces dernières années, mais la France reste en retard en termes de transformation numérique, en particulier sur cette campagne présidentielle. Il y a une pénurie d’emploi, les entreprises traversent des difficultés à recruter. Et pourtant un jeune sur quatre est au chômage en France. L’offre et la demande ne se trouvent pas… Il faut aider les entreprises à grandir pour entrer dans une dimension internationale ! Le plus dur n’est pas de créer une entreprise, c’est de la faire grandir. Il faut faire en sorte que l’offre et la demande se rencontrent pour que les entreprises puissent recruter des talents.

 

ENCADRE 1

Qui est France Digitale ?

Fondée en 2012, France Digitale rassemble près de 1 000 entrepreneurs et investisseurs du numérique. Sa mission : faire émerger les champions numériques de demain. Dans le cadre de ce tour de France, cette association privée – qui se définit comme le parti politique officiel des start-up – entend convaincre le futur gouvernement de faire adopter à l’Assemblée nationale les propositions des entrepreneurs français.

ENCADRE 2


Trois questions à… Pierre-Alexandre Feuillet, responsable audit et transaction chez EY (Ernst & Young)

Quel est le bilan des levées de fonds réalisées en France en 2016 ?
L’année 2016 s’est avérée extrêmement positive, avec une progression globale des levées de fonds de 22%. La région Hauts-de-France a clairement suivi cette tendance, en passant de 33 millions de fonds levés en 2015 à 45 millions en 2016.

Comment expliquez-vous cette tendance à la hausse dans le Nord ?

C’est l’agrégation de plusieurs facteurs. L’écosystème lillois est très favorable à l’émergence de start-up. Les actions mises en place par les collectivités sont nombreuses, l’environnement est propice et le capital-risque, dynamique.

 À l’échelle nationale, les start-up sont donc en bonne santé d’une manière générale  ?

À Lille comme à Lyon ou Nantes, la dynamique est très positive et la French Tech porte ses fruits. Dans la région, les investisseurs français sont très présents et montrent leur capacité à mobiliser des fonds. Mais de plus en plus d’investisseurs étrangers arrivent, ce qui permet aux start-up de rayonner davantage sur la scène internationale.