«Etre chef d’entreprise, c’est apprendre tous les jours»

Alice Caron, 33 ans, juriste contentieuse, et Stéphane Bart, 26 ans, mécanicien, ont uni leurs compétences respectives pour reprendre le fonds de commerce de SMPL, garage poids lourds et véhicules légers, implanté à Divion. Nous avons rencontré ces jeunes repreneurs aux profils complémentaires.

Le magasin pièces détachées permet de répondre au mieux à l’entretien et la réparation de véhicules tous types et toutes marques.
Le magasin pièces détachées permet de répondre au mieux à l’entretien et la réparation de véhicules tous types et toutes marques.
D.R.

Les repreneurs, Alice Caron, et Stéphane Bart, sont amis d’enfance et associés à parts égales.

 La Gazette. Quels sont vos formations et parcours professionnels ?

Stéphane Bart. Après une formation CAP, BEP, et bac pro mécanique en apprentissage (de 2003 à 2007) à Béthune, j’ai intégré SMPL (Société de maintenance poids lourds) en 2007. J’ai pu compléter mes connaissances au sein de l’entreprise à travers d’autres formations, notamment en tachygraphie numérique et réglementation technique.

 Alice Caron. Juriste contentieuse, j’ai passé l’examen professionnel d’huissier de justice en 2005 après un 3e cycle de spécialisation en procédures et voies d’exécution. J’ai travaillé pendant huit ans dans différents établissements bancaires dans le domaine contentieux et recouvrement avant de faire un break professionnel pour m’occuper de mon deuxième enfant.

 Quel a été le facteur déclenchant votre volonté de reprendre cette entreprise ?

S. B. Je n’ai connu que cette entreprise dans laquelle j’y ai tout appris avec, comme mentor, mon père, chef d’atelier de SMPL, puis désormais d’APLB. Je souhaitais sauvegarder mon emploi, celui de mon père, mais aussi des autres personnes de l’entreprise. C’était important à mes yeux, avec le souhait que l’entreprise soit celle de ma retraite avec une transmission classique sans  mesure judiciaire.

A. C. En juin 2011, l’entreprise était en redressement judicaire. De septembre à décembre 2011, j’ai assuré temporairement des tâches de secrétariat et administratives. L’idée s’est imposée de proposer à Stéphane la reprise de l’entreprise pour éviter la liquidation judicaire programmée. Le challenge au travers de l’histoire de Stéphane me tentait. J’aime partir de rien, créer, inventer, défaire et refaire, apprendre et grandir. Je n’ai jamais autant aimé ce que je fais aujourd’hui, et être indépendante. Cela coûte en temps, en stress et en investissement, mais quelle fierté de chaque instant…

 Combien de temps s’est-il passé entre l’idée et la clôture du dossier ?

 A. C. Peu de temps. Le dossier de reprise auprès du mandataire judiciaire n’était plus déposable, les délais étant dépassés. Nous avons tenté le tout pour le tout en transmettant une demande de relevé de forclusion et en expliquant ce que représentait la reprise de l’entreprise. Nous avons été acceptés au rang des repreneurs et avons finalisé la reprise après cinq reports d’audience. Le 8 février  2012, le tribunal de commerce d’Arras nous autorisait à reprendre.

Quels ont été vos partenaires durant la reprise ?

A. C. C’est grâce à nos familles et amis que la reprise a été possible.  En effet, ils nous ont aidés à rassembler les fonds nécessaires, puisque quatre jours avant l’audience du tribunal de commerce, la banque qui nous avait assuré de son soutien, s’est retirée. Artois initiative et le Réseau Entreprendre Artois ont apporté leurs conseils et des financements à taux zéro. Les clubs auxquels nous participons (Femmes en Nord et Réseau Entreprendre) sont l’occasion d’apprendre, de se former et d’échanger soit des bonnes pratiques soit des cartes de visite. Le Crédit du Nord de Bruay nous a soutenus et fait confiance, et, comme je le dis souvent, la différence c’est l’humain. Je n’oublie pas le cabinet comptable CHD Flandres Artois qui a pris le relais d’un premier cabinet comptable qui n’a pas su nous conseiller, ni nous accompagner. Leur sérieux et leur pédagogie nous ont beaucoup apporté. Nos comptes sont maintenant justifiés − sans comptes dits «poubelles» − et nous pouvons piloter en confiance notre comptabilité et l’entreprise.

Danouchka Zemis, experte en finances, nous a aidés à faire nos prévisionnels et agir sur une approche plus stratégique. Le Réseau Entreprendre Artois à travers Sylvie Pauchet et Olivier Houssard, notre accompagnateur, nous conseille, nous rassure quand on doute, nous épaule quand nous en avons besoin et est là sans jamais s’imposer.

 

D.R.

L’utilisation du banc de freinage autorise le garage à assurer le contrôle des freins avant et les contrôles techniques.

Que vous a-t-il manqué le plus durant la durée de la transmission ?

A. C. Je crois que ce qui nous a manqué le plus est le temps. On peut être organisé, vouloir tout faire, tout gérer, être partout, mais cela génère beaucoup de stress et parfois des tensions. On a manqué d’argent à un moment, le Réseau Entreprendre Artois nous a apporté 40 000 € à taux zéro. On a parfois manqué de recul car beaucoup de décisions ont été précipitées, comme le choix du comptable et du premier assureur. Etre chef d’entreprise, c’est aussi cela : apprendre tous les jours, se remettre en question quand quelque chose ne va pas et savoir avancer.

 Quelques années après la reprise, quel bilan faites-vous ?

A. C. et S. B. Nous avons fait un premier bilan court à cinq mois, positif et prometteur ; un second bilan, toujours aussi prometteur et bénéficiaire. Nous allons bientôt clore le troisième bilan comptable. Nous entamons donc le quatrième bilan début juillet, avec désormais du recul pour ajuster l’entreprise aux hommes, aux exigences réglementaires, à la concurrence, etc.,  pour grandir encore et toujours.

 Que pourriez-vous donner comme conseils à de futurs repreneurs ?

A. C. Spontanément, j’en vois trois : réfléchir à une vraie stratégie d’entreprise ; bien s’entourer en acceptant de déléguer, si possible à des tierces personnes recommandées, on n’a rien inventé de mieux que le bouche à oreille ; et surtout ne pas négliger le besoin en fonds de roulement (BFR), car bien l’estimer permet de respirer et de mieux appréhender le suivi de l’entreprise.

 

Le magasin pièces détachées permet de répondre au mieux à l’entretien et la réparation de véhicules tous types et toutes marques.

Le magasin pièces détachées permet de répondre au mieux à l’entretien et la réparation de véhicules tous types et toutes marques.

Quels sont les projets dont vous pouvez parler pour l’entreprise ?

A. C. et S. B. Nous envisageons d’embaucher un profil mixte, c’est-à-dire un collaborateur en charge des achats et du magasin, et qui puisse être un appui sur la partie mécanique. Nous souhaitons mettre l’accent sur le développement de la maintenance réparation véhicules légers (VL) et véhicules utilitaires légers (VUL), car chez APLB, nous ne faisons pas que des poids lourds.

Enfin, nous allons travailler à l’obtention de l’agrément UTAC pour pouvoir installer et vérifier les éthylotests anti-démarrages.

 Infos clés

Entreprise : Ateliers poids lourds Bart (APLB)

Ville : Divion

Chiffre d’affaires : 522 000 €

Effectif : 5 salariés

Codirigeants: Alice Caron et Stéphane Bart

Date de création : 1992 (reprise en février 2012)

Facebook : Aplb Garage PL

Siret : 539 129 650 00013

NAF : 4520A (entretien et réparation de véhicules automobiles légers).