« Nous voulons amplifier notre présence »
La Chambre des métiers et de l’artisanat (CMA) Hauts-deFrance rassemble 87 000 entreprises et compte 40 bureaux et implantations dont 18 centres de formation avec 7 000 apprentis. Alain Griset préside la CMA régionale depuis le mois de janvier. Il était en visite sur le territoire d’Abbeville, qui compte 2 400 entreprises. Son constat est sans langue de bois.
Picardie La Gazette : Quelles sont vos missions ?
Alain Griset : D’abord tenir le répertoire des métiers : cessions, créations et transmissions. Au nom de l’entreprise, nous assurons toutes les formalités. Ça leur simplifie la vie. Nous en comptons 87 000 soit plus de 300 métiers. 40% dans le bâtiment, 13% dans l’alimentation et le restant dans les services aux entreprises et aux personnes. Nous assurons des formations continues et en apprentissage. Nous avons un rôle de représentation auprès des collectivités. Nous accompagnons les entreprises en difficultés, ou en développement… Des conventions sont passées avec le Conseil régional sur l’export, le développement de l’entreprise.
P.L.G. : Est-ce important d’aller à la rencontre des entreprises ?
A.G. : C’est essentiel de porter le message de la chambre, être utile aux entreprises. Nous avons une commission par territoire car chacun doit bénéficier d’actions spécifiques. C’est Jean-Claude Berthelli qui préside la commission territoriale d’Abbeville. Il est entouré de sept artisans. Je dois dire que le territoire d’Abbeville est le moins bien loti en termes de locaux et de services aux entreprises. Nous comptons déménager au plus vite et passer de 100 m2 à 500 voire 1 000 d’ici juin. Rue Saint-Gilles, personne ne sait qu’on est là. C’est difficile d’avoir un accès Internet. Ce n’est pas acceptable de rester dans cette situation. Nous voulons amplifier notre présence, développer les formations afin que les personnes ne se rendent plus à Amiens, à Boulogne-sur-Mer ou au Tréport. Nous voulons proposer aux entreprises les mêmes prestations qu’ailleurs. Nous comptons 1 000 collaborateurs dont quatre à Abbeville. Le chiffre parle de lui-même.
P.L.G. : Quels sont les principaux problèmes que les entreprises vous font remonter ?
A.G. : Ce sont des personnes qui mettent tout leur argent dans leurs boîtes. Elles travaillent 50, 60 heures par semaine. Elles partent à la retraite tard. Elles prennent peu de vacances, sont rarement malades. Alors, elles voudraient qu’on les laisse tranquilles avec les nouvelles règles et charges. Elles ont l’impression de ne pas être considérées. Elles demandent l’équité fiscale et sociale, plus de simplification et moins de complexité comme avec le prélèvement à la source qui fait perdre du temps aux entreprises et de l’argent à celles qui ont délégué cette charge à l’extérieur. Le poids des cotisations est calculé sur le travail. Elles sont taxées à plus de 50%. Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire veut taxer les GAFA à hauteur de 3%. Nos entreprises seraient heureuses de payer cela !