Budget: Amélie de Montchalin appelle à adoucir la copie du Sénat
La version du budget adoptée jeudi par le Sénat doit être adoucie pour devenir "le budget de compromis" souhaité par le gouvernement, a affirmé dimanche la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin, et avoir...
La version du budget adoptée jeudi par le Sénat doit être adoucie pour devenir "le budget de compromis" souhaité par le gouvernement, a affirmé dimanche la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin, et avoir ainsi une chance d'échapper à la censure.
Le gouvernement "a dit trois choses simples. Un, il faut réduire le déficit (...), deux, on n'augmente pas les impôts pour les classes moyennes et les classes populaires, (donc) il faut faire des économies. Et troisième boussole, il faut qu'on trouve un compromis, car ce budget (...) ne sera pas celui de la droite, ni de la gauche, ni du centre, ce sera le budget du pays", a estimé la ministre sur BFMTV.
Or, selon elle, le budget issu du Sénat, qui comprend de multiples coupes budgétaires, "remplit la condition de réduire le déficit, de faire des économies, mais manifestement pas celle d'être le budget du compromis".
Le texte sera examiné jeudi en commission mixte paritaire (CMP) des deux assemblées, puis la version qui en sortira serait soumise à l'Assemblée nationale dans la semaine du 3 février. La France insoumise, anticipant une adoption par l'article 49.3, a annoncé le dépôt d'une motion de censure.
En gage à la gauche, Mme de Montchalin a déclaré qu'il fallait inclure dans le budget "les 4.000 postes d'enseignants" que le projet initial devait supprimer, tout comme "les 500 personnes de plus pour France Travail pour accompagner les demandeurs du RSA", ou "l'augmentation de l'Ondam" - les dépenses de soins -, à hauteur "d'un ou deux milliards pour l'hôpital".
Soutien sans participation
La ministre a insisté aussi sur "les choses importantes en matière de justice fiscale" que le gouvernement a en projet, pesant sur les plus aisés.
Selon elle, "le compromis n'empêchera pas, évidemment, le PS d'être dans l'opposition", mais "on peut être dans l'opposition sans censurer, sans tout bloquer".
Alors que le gouvernement estime à 12 milliards d'euros le coût de la censure, Mme de Montchalin a chiffré dimanche à 100 millions d'euros le coût de chaque journée qui passe sans budget.
Le coordinateur de LFI Manuel Bompard a prévenu le Parti socialiste sur LCI: s'il ne vote pas la prochaine censure, il se placera dans "le camp d'un soutien sans participation au gouvernement de François Bayrou".
Déjà, mi-janvier, le PS n'a pas voté la censure après le discours de politique générale de François Bayrou, tout en se disant fermement dans l'opposition.
Dans ce budget "de compromis", Mme de Montchalin a souligné qu'il y aurait aussi des mesures satisfaisant Ensemble pour la République ou le Modem.
"Nous devons convaincre les Français et les partis politiques de la nécessité d'avoir un budget, et que ce budget intègre le plus possible leurs besoins, leurs volontés", a résumé sur LCI le ministre de l'Économie Éric Lombard.
Éric Ciotti, président de l'UDR, allié au RN, a déclaré sur France 3 qu'il "voterait contre le budget" et pour la censure, si celui-ci contenait "des milliards d'euros d'impôts" supplémentaires, notamment pour les entreprises.
Braquage
Éludant les réponses sur une possible taxation des retraités, les personnes concernées pouvant y voir dans l'immédiat "une forme de braquage", Mme de Montchalin a néanmoins souhaité l'ouverture "d'un débat, avec méthode et concertation, sur le financement de la Sécurité sociale".
M. Lombard a constaté en revanche que la suggestion de faire travailler les Français gratuitement sept heures de plus par an avait reçu "un accueil assez frais", tout en estimant néanmoins "qu'il faut travailler plus" pour financer la Sécu.
De son côté, le Premier président de la Cour des Comptes Pierre Moscovici a estimé, au Grand Jury RTL/M6/Le Figaro/Public Sénat, qu'avec sa méthode "du compromis", François Bayrou était "assez fidèle à lui-même".
Mais il a insisté sur la nécessité de s'en tenir "vraiment" aux 5,4% du PIB de déficit public prévus pour cette année, et pas davantage.
Ensuite, pour vraiment redresser les finances publiques, "l'effort qu'il faudra faire cette année, il faudra le faire pendant cinq ans", avec "surtout, beaucoup d'économies", a-t-il prévenu.
Le gouvernement prévoit un effort budgétaire de 52 milliards d'euros cette année.
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