BTP 55 a besoin d’oxygène… et de chantiers !
En novembre 2015, André Poirot prenait la tête de la Fédération du BTP 55, succédant à Pierre Nicora. Depuis plusieurs mois, il alerte les élus sur l’état de santé précaire des entreprises meusiennes, qu’elles soient d’ailleurs petites ou grandes, anciennes ou récentes. Il demande avant tout des chantiers pour que les entrepreneurs retrouvent un peu d’espoir. Rencontre.
Tablettes Lorraines : Dans quel état de santé se trouvent les entreprises meusiennes du BTP ?
André Poirot : C’est assez complexe dans la mesure où certaines ont du travail alors que d’autres souffrent. Mais la réalité est qu’il n’y a pas de gros chantiers en Meuse. D’ailleurs lors de notre opération les Coulisses du bâtiment à destination des collégiens organisée en octobre, nous n’avons pu ouvrir qu’un seul chantier à Verdun avec la rénovation de l’hôtel 4 étoiles Les Jardins du Mess. Je précise également que ce projet est porté par des privés, car du côté de la commande publique, il n’y a rien. Aujourd’hui, grâce au RGE (Reconnu garant de l’environnement), des particuliers appellent pour le second oeuvre, mais les travaux publics n’ont pas de travail. Beaucoup d’élus se retranchent derrière la baisse des dotations de l’État ou sur les interrogations liées à la grande région. Or, aujourd’hui le BTP est à bout de souffle. On nous parle de projets à Bar-le-Duc, à Verdun, mais pour nous, l’urgence est de savoir quand ils vont être lancés, car nous ne pouvons plus se permettre d’attendre. En Meuse depuis le début de l’année, 225 emplois ont été supprimés. Mais ça ne fait pas de bruit, car ce sont des petites entreprises, des artisans.
Fin novembre, vous avez organisé votre assemblée générale. Quel message avez-vous fait passer ?
J’ai voulu tenir un discours de vérité aux élus. Sans projet, que voulez-vous qu’on fasse ? Nous avons des salariés, nous faisons vivre des familles, alors plus que jamais nous avons besoin de travail. Je leur demande donc de privilégier les entreprises locales. Au-delà de la baisse des travaux, on est confronté à des entreprises, qui emploient des travailleurs détachés mais aussi aux marges qui s’effondrent, ce qui pénalise les investissements. L’autre difficulté concerne la réactivité que l’on nous demande. On doit intervenir vite sur certains chantiers, or, nous ne trouvons personne à recruter alors que le chômage atteint des sommets. C’est une catastrophe du côté de Pôle emploi ou des agences d’intérim. Plus que jamais la formation doit s’inscrire dans la durée et doit s’appuyer sur les entreprises.
Dans ce contexte sombre, avez-vous un peu d’espoir ?
On nous assure qu’il va avoir des projets en lien notamment avec les économies d’énergie, qui pourraient sauver le second oeuvre. Mais nous ne pouvons plus attendre.
Les élus n’ont qu’un mot en bouche Cigéo (laboratoire de Bure). Êtes-vous confiant ?
Le projet n’est pas encore finalisé, c’est encore top tôt pour avoir des réponses précises. Donc, on ne peut pas anticiper. Nous savons que ce sera l’un des plus grands chantiers d’Europe et que nous travaillerons en sous-traitance, mais on veut limiter les rangs. Depuis mon élection, je martèle donc ce message auprès des élus pour leur faire comprendre qu’ils ont des entreprises locales, qu’ils doivent s’appuyer dessus, mais aussi nous accompagner pour être prêts à relever le défi Cigéo.
Que dites-vous aux entreprises qui rencontrent de vraies difficultés économiques et financières ?
Nous avons organisé des réunions avec le préfet pour leur dire de ne surtout pas attendre. Elles doivent en parler et agir en réduisant leurs effectifs… En tout état de cause, les entrepreneurs appellent la Fédération. C’est un signe de confiance. Les entreprises ne doivent pas oublier que nous sommes à leur écoute et à leur disposition.