Bousculée par Trump, l'UE lance le processus de son réarmement
L'Union européenne a donné mercredi le coup d'envoi d'un plan visant à réarmer le continent d'ici à 2030, face à la menace russe et...

L'Union européenne a donné mercredi le coup d'envoi d'un plan visant à réarmer le continent d'ici à 2030, face à la menace russe et au risque de désengagement américain.
"C'est un moment pivot pour la sécurité européenne", a lancé la cheffe de la diplomatie européenne Kaja Kallas.
Les remises en cause de l'engagement américain en Europe, et particulièrement en Ukraine, après le retour de Donald Trump à la Maison Blanche ont aussi agi comme un électrochoc.
"Les 450 millions de citoyens de l'Union européenne ne devraient pas dépendre de 340 millions d'Américains pour se défendre contre 140 millions de Russes qui n'arrivent pas à battre 38 millions d'Ukrainiens", a résumé le commissaire européen à la Défense Andrius Kubilius.
Les dépenses militaires des 27 ont augmenté de plus de 31% depuis 2021, pour atteindre 326 milliards d'euros en 2024. "C'est mieux, mais ce n'est pas suffisant", avait affirmé mardi la présidente de la Commision eurpéenne Ursula von der Leyen.
La Commission européenne a présenté mercredi un "livre blanc" pour la défense, sorte de mode d'emploi à destination des Etats membres pour les aider à renforcer les capacités de défense du continent.
On y retrouve les grandes lignes du plan dévoilé il y a deux semaines par Mme von der Leyen avec un objectif affiché de 800 milliards d'euros pour mettre l'Europe de la défense en ordre de marche.
Un montant ambitieux, mais dont la mise en œuvre dépend surtout de la bonne volonté des Etats membres de l'UE, soulignent des diplomates à Bruxelles.
La Commission européenne veut ainsi permettre aux Etats membres de consacrer jusqu'à 1,5% de leur Produit intérieur brut (PIB) pendant quatre ans à des dépenses militaires, sans crainte d'enfreindre les règles budgétaires qui encadrent les déficits publics.
Jusqu'à 650 milliards d'euros
Cela devrait permettre de mobiliser sur cette période jusqu'à 650 milliards d'euros, selon la Commission européenne. "C'est une estimation", a reconnu mercredi un responsable de la Commission. Les 150 milliards restants seront mis à disposition des Etats membres sous forme de prêts.
Chaque pays devra d'ici fin avril demander une exemption aux règles budgétaires en vigeur, selon ce "livre blanc", rendu public mercredi.
Les responsables de la Commission veulent aussi que les 27 adoptent au plus vite le texte servant de base aux prêts de 150 milliards d'euros.
Il doit permettre de financer, en commun, des achats et des projets d'investissement en Europe. Des pays non membres de l'UE pourront participer, comme la Norvège.
La porte est laissée ouverte, sous réserve de certains conditions, à la Turquie, ainsi qu'à la Grande-Bretagne dès qu'elle aura signé avec les 27 un accord de partenariat en matière de sécurité, a précisé Mme Kallas. Elle a dit espérer que cette signature soit possible avant un sommet UE-Royaume-Uni, prévu en mai cette année.
Il s'agit aussi, selon Bruxelles d'acheter "davantage européen", au moment où la très grande majorité des investissements en matière de défense se fait en dehors de l'Union européenne.
Au moins 65% des pièces contenues dans tel ou tel armement doit être "d'origine européenne", selon le "livre blanc".
Les dirigeants de l'UE ont déjà donné leur feu vert à ce plan proposé par Mme von der Leyen lors d'un sommet extraordinaire le 6 mars.
Aller plus loin
Plusieurs Etats membres souhaitent toutefois aller plus loin et suggèrent qu'un grand emprunt soit lancé, comme cela avait été le cas lors de la pandémie de Covid. L'UE avait alors emprunté 800 milliards d'euros. Les besoins ont cette fois été estimés à 500 milliards d'euros, mais la Commission européenne a jusqu'à présent refusé de s'engager dans cette voie.
"Nous n'en sommes pas là", a reconnu mercredi Kaja Kallas, devant quelques journalistes.
La Commission européenne a également identifié les secteurs stratégiques dans lesquels les investissements doivent avoir lieu en priorité. Il s'agit surtout de combler les lacunes de l'industrie de défense en matière de munitions, de défense anti-aérienne, de drones, ou encore de missiles à longue portée.
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