Bercy suit la vague du coronavirus
Décret pour encadrer les prix des gels hydroalcooliques, mesures pour soutenir la trésorerie des petites entreprises… face à la crise du coronavirus, Bercy renforce et adapte progressivement les dispositifs existants.
Le 4 mars, Bercy annonçait la publication d’un décret d’encadrement des prix des gels hydroalcooliques. Les flacons de 50 ml seront vendus 2 euros. «Nous n’accepterons pas la moindre spéculation», sur les produits indispensables dans le contexte d’épidémie, avait déclaré la veille Bruno Le Maire, lors d’un point presse, à Bercy. Ce dernier s’était tenu à l’issue d’une réunion de concertation à propos de la crise liée au coronavirus, avec une quarantaine de représentants du monde de l’entreprise, de la CPME à divers comités stratégiques de filières. Le ministre de l’Économie avait alors fait état d’informations selon lesquelles les prix de ces gels avaient doublé, voire, triplé, et pré-annoncé la parution du décret, si la DGCCRF, Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes, confirmait la situation. Un exemple emblématique de la démarche de Bercy, qui accompagne les évolutions de la crise, au jour le jour. Concernant les petites entreprises, de nouvelles mesures ont été ajoutées à celles déjà en place. C’est le cas, en particulier, d’un «dispositif solide, pour qu’aucune PME n’ait de problème de trésorerie, dans les semaines et les mois à venir», promet Bruno Le Maire. À cet égard, Bpifrance, la banque publique d’investissement, se portera désormais garante à hauteur de 70 %, contre 40 % précédemment, des prêts de trésorerie consentis par les banques à leurs clients. La Médiation du crédit, qui dépend de la Banque de France, est aussi mobilisée sur le territoire, pour accompagner les petites entreprises qui auraient besoin de renégocier leurs contrats et prêts. D’autres mesures étaient déjà en place, depuis la crise des Gilets jaunes, comme l’étalement des cotisations sociales et fiscales, qui peuvent aller jusqu’au dégrèvement, ainsi que de la possibilité de mettre les salariés au chômage technique. A contrario, des dérogations sont possibles, concernant les heures supplémentaires pour les activités qui nécessiteraient un besoin de production supplémentaire. Par ailleurs, dans les marchés publics de l’État, le virus est considéré comme un «cas de force majeure», qui peut justifier les délais d’exécution et retards de livraison, sans que l’entreprise ne subisse de pénalités. Collectivités locales et grands donneurs d’ordre privés ont été invités par Bercy à adopter la même position. Et les bailleurs se sont vus demander de la «compréhension» quant aux baux commerciaux.
Passer le cap
«Nous répondrons aux besoins de tous les chefs d’entreprise, sans exception», a voulu rassurer Bruno Le Maire. Au global, pour Bercy, «l’essentiel est de garantir que les entreprises passent ce cap le mieux possible, pour redémarrer le plus vite possible», a expliqué le ministre. Pour le reste, d’après Bercy, il reste difficile de mesurer précisément l’impact de l’épidémie, même si des secteurs sont déjà identifiés comme durement touchés : le tourisme, la restauration, l’hôtellerie, le transport aérien, les vins et spiritueux, le luxe et les services à la personne. Par ailleurs, «l’impact est différent selon les points du territoire», a précisé Bruno Le Maire. Sur l’ensemble de l’hôtellerie, c’est environ 20 % du chiffre d’affaires à l’échelle nationale qui est perdu. Pour des villes comme Tarbes ou Lourdes, il s’agit de 20 000 nuitées annulées. Par ailleurs, «il y a un sujet de demande, mais il peut y avoir aussi un sujet de l’offre, avec des difficultés d’approvisionnement de chaînes de production», a ajouté Bruno Le Maire. Un sujet qui impose de travailler à la relocalisation de certaines industries. À l’image du médicament, où la France dépend à 80 % de l’étranger pour son approvisionnement. Dans un communiqué, le Medef a réagi favorablement aux annonces de Bercy, demandant toutefois plusieurs ajustements supplémentaires, dont, en particulier, le fait que les entreprises n’aient pas à prouver le «cas de force majeure», dans le cadre des marchés publics. La CPME, elle, souhaite la mise en place d’un état de «catastrophe naturelle sanitaire.»