Entretien avec Benjamin Delpierre, ancien président de JRE France

«Le réseau n’est pas suffisamment reconnu en France»

Le chef Benjamin Delpierre, 39 ans, a présidé JRE (Jeunes restaurateurs d’Europe) France, de 2018 à 2022. Chef étoilé de La Liégeoise et de L’Aloze, gérant de l’hôtel Atlantic à Wimereux, il revient sur son expérience.

Benjamin Delpierre, est à la tête de l’Atlantic, et de son restaurant étoilé La Liégeoise et L’Aloze. © Sophie Stalnikiewicz
Benjamin Delpierre, est à la tête de l’Atlantic, et de son restaurant étoilé La Liégeoise et L’Aloze. © Sophie Stalnikiewicz

Pourquoi avez-vous pris la présidence du réseau Jeunes restaurateurs de JRE France ?

Benjamin Delpierre : Il y a quatorze ans, alors que j’étais membre* de la branche française de JRE, celle-ci s’est arrêtée par manque de dynamisme. Le réseau est venu me chercher pour former un petit noyau et repartir… Aujourd’hui, on dénombre une vingtaine de chefs JRE en France et 350 en Europe. J’ai accepté de prendre la présidence de la branche française du réseau en 2018, j’avais envie de mettre à profit les connaissances acquises au fil des années. Mon père a aussi été membre de JRE, cela m’a motivé à m’impliquer. J’ai mené quatre années de présidence et j’ai décidé d’y mettre un terme en 2022. Je reste membre aujourd’hui.

Quelles synergies sont créées au travers du réseau ?

Ce sont avant tout des moments de partage et d’échanges conviviaux aussi bien autour des techniques culinaires que des responsabilités de chef d’entreprise, puisque nous sommes tous propriétaires de nos restaurants. Quatre évènements sont organisés dans l’année. Ces rendez-vous créent une vraie dynamique, c’est fédérateur. Malgré tout, le réseau JRE n’est pas suffisamment reconnu sur le territoire français. Aujourd’hui, il est plus perçu comme une association au même titre que les Maîtres cuisiniers de France, pour les gens cela reste confus.

Comment voyez-vous cette dimension européenne ?

Cela permet de rassembler toutes les cultures culinaires. Chacune a sa façon de travailler, de manier des aliments. Sur des évènements français, il arrive qu’un chef belge, allemand ou espagnol participe aussi. C’est essentiel de partager les connaissances de chacun. La cuisine, c’est tellement large, on apprend tous les jours. Lors des rendez-vous du réseau, nous parlons des techniques, mais aussi des produits que nous ne connaissions pas en France. Parfois, il y a même des invitations, certains chefs sont partis en Italie pour travailler le parmigiano reggiano (parmesan).

Comment ressentez-vous la crise actuelle ?

En tant que restaurateurs situés en bord de plage, nous avons une clientèle principalement touristique qui a envie de se faire plaisir, l’impact de l’inflation est donc moins important. Pour autant, nous avons remarqué un changement d’habitude chez nos clients, ils consomment différemment, c’est certain. Côté météo, elle peut être notre ennemie et juillet n’a effectivement pas été beau. Mais, même si nous avons ressenti une légère baisse, la saison fut belle. En ce qui concerne les inondations, même si mes établissements ne sont pas touchés, novembre est encore plus calme qu’habituellement. Les gens ont le sentiment que toute la côte est sinistrée et ils ne viennent pas. Cela représente un léger impact négatif sur mon activité d’environ 10% sur ce mois par rapport à 2022.

*Plusieurs critères doivent être respectés pour intégrer le réseau JRE. Parmi-ceux-ci : être âgé de 23 ans minimum et 42 ans maximum, être référencé dans plusieurs guides nationaux, être propriétaire du restaurant.