Be Player One : le handicap entre en jeu

Rendre les jeux vidéo accessibles aux personnes en situation de handicap, tout comme l’accès aux sites web et applications mobiles. ADN affiché de la société nancéienne Be Player One. À côté de ce développement entrepreneurial pour répondre à un besoin sociétal certain, c’est surtout une bataille que son fondateur Maxime Viry mène pour lutter contre les discriminations invisibles dont sont (toujours) victimes les personnes en situation de handicap. «L’ambition de Be Player One est de développer des solutions pour celles et ceux qui veulent accéder à tous les domaines du numérique, comme tout le monde, et ont besoin pour cela d’aménagements. Je connais le handicap, le regard de l’autre et la nécessité de vivre sa vie décemment, sans discrimination liée à une déficience physique ou cognitive», explique ce Vosgien d’origine. Atteint d’une pathologie neuromusculaire dégénérative, ce consultant en informatique a adapté les outils et interfaces digitaux pour pourvoir accéder à des domaines inaccessibles au personne en situation de handicap. Le déclic ? «C’est en voyant mes enfants grandir et jouer aux jeux vidéo que je me suis dit que c’était impossible pour moi de ne pas partager ce moment avec eux. J’ai ainsi créé mes premières solutions d’handi-gaming et le projet Be Player One est né.»

10 000 studios en ligne de mire

Lancée en janvier 2021 avec son épouse ergothérapeute, Sandrine, l’entreprise travaille avec 25 collaborateurs (développeurs, consultants, experts en IT) et s’est tout d’abord concentrée sur le marché de l’accessibilité des sites web et mobile des administrations et des entreprises (une obligation légale). Le gros du CA (352 000 € en 2022 et une prévision de plus d’un million pour 2023) est réalisé, pour le moment, sur cette activité. «Nous travaillons avec des grands groupes et nous avons obtenu un marché de l’État. Cette activité d’accessibilité, à travers notre marque Access First, permet d’accompagner les institutions, les TPE, les PME et les grands comptes dans la mise en accessibilité de leur patrimoine numérique.» Ce moteur d’activité permet aujourd’hui à l’entreprise de se concentrer sur son autre champ d’investigation : l’accessibilité dans l’univers du gaming. «Aujourd’hui, moins de 1 % des jeux vidéo sont accessibles aux personnes en situation de handicap. Au niveau mondial, 400 millions de personnes sont aujourd’hui privées d’accès à cet univers. L’industrie du jeu vidéo passe à côté de 15 % de la population mondiale.» Le marché est énorme et pour le moment seul l’un des mastodontes du secteur, en l’occurrence Ubisoft, propose des briques d’accessibilité dans ses jeux. Le champ de développement de Be Player One est tout ouvert. Manettes de consoles adaptées, joysticks hyper sensibles pour les handicaps moteur mais également développement de systèmes digitaux pour les déficients auditifs et visuels, la machine Be Player One est en mouvement perpétuel. Les plus de 10 000 studios de création de jeux vidéo sont en ligne de mire de la start-up nancéienne. Histoire de les toucher, une plateforme Saas dédiée pour leur permettre d’avoir accès aux outils développés pour rendre leur jeu accessible est en cours de finalisation. Be Player One a décidé d’ouvrir son capital pour permettre ce développement. Deux millions d’euros ont déjà été levés et un nouveau tour de table est en cours. Objectif affiché de Maxime Viry et son équipe : devenir le leader mondial de la HandiTech.