Baccarat, à l’ère d’un destin commun

À la mi-janvier, vous êtes intervenus à la CCI de Meurthe-et-Moselle, à l’occasion d’une réunion du Groupe ILP, aux côtés de Rémi Grosjean, le directeur des opérations de la Cristallerie de Baccarat, lors de la présentation du projet Baccarat City. Quel rôle joue votre commune dans ce projet ?

Christian Gex : Baccarat City est un projet commun entre la ville et la manufacture à l’image de celui que nous avons déjà réalisé il y a trois ans, Baccarat Collections, un espace culturel dédié à la cristallerie au cœur de la ville en face de l’église Saint-Rémy. Avec Baccarat City, la cristallerie a pour objectif d’avoir un ancrage territorial réel pour notamment attirer d’importants clients. C’est un projet structurant où nous travaillons en totale synergie et osmose. En tissant des liens entre la commune et l’entreprise, ce type d’actions mises en place doivent générer des retombées selon une logique de co-construction.

Quelles sont les grandes lignes de Baccarat City ?

C’est tout un parcours qui s’inscrit dans des opérations déjà réalisées à l’image de la rénovation de la gare par le Pôle d’équilibre territorial et rural (PETR) du Pays du Lunévillois. C’est une approche globale dans le développement général de la commune. La cristallerie a notamment comme projet de mettre en place un restaurant inter-entreprises ouvert également aux autres entreprises du territoire. Après avoir réalisé d’importants investissements au niveau de son outil de production, elle entend aujourd’hui décliner des projets autour de la cristallerie en valorisant son patrimoine important dans la ville. Et c’est là que la commune s’inscrit pleinement dans ces projets, c’est du gagnant-gagnant.

Les relations entre la commune et la cristallerie, présente depuis 260 ans sur votre territoire, ont-elles toujours été aussi constructives ?

Cela n’a pas toujours été le cas. Je suis maire depuis dix ans. En 1995, j’étais premier adjoint à la mairie et directeur technique de la cristallerie. Cela m’a causé parfois quelques problèmes. Il n’y avait pas de relations fortes à l’époque, chacun vivait sa vie de son côté. Les choses se sont réellement débloquées avec Josette Renaux, maire de Baccarat en 2008 (elle est décédée en 2013 : NDLR), cela a été le départ d’une véritable synergie avec la cristallerie. Les choses ont fluctué notamment avec les différents changements d’actionnariat chez Baccarat. Aujourd’hui, ce sont des rendez-vous réguliers. Nous nous entraidons et pouvons aborder tous les sujets. La manufacture n’est rien sans la ville et l’inverse est vrai également. Nous misons sur cette symbiose entre la manufacture et la commune pour faire rayonner notre nom au-delà de la notoriété de la marque de luxe et à porter un coup de projecteur sur la commune elle-même et sur son patrimoine bâti et vivant.

© Benjamin Prost. L’activité commerciale est concentrée histoire de créer un véritable écosystème

Une stratégie de développement qui est notamment liée au dispositif Petites villes de demain (PVD) dont la commune fait partie depuis 2021 ?

Ce programme, c’est un peu notre bible ! Ce dispositif nous a permis de mettre en place une véritable feuille de route de développement. En 2019, avec la Communauté de communes du territoire de Lunéville à Baccarat, nous avons fait réaliser une analyse stratégique de redynamisation de notre centre-bourg par l’agence Scalen. Tout a été passé au crible, la consolidation de notre destination touristique, l’attractivité résidentielle et patrimoniale, le cadre de vie et le défi de la transition écologique ou encore le renforcement de l’armature commerciale et des services. Nous avons la chance d’avoir une communauté de communes qui a compris l’intérêt de Baccarat. Sur le territoire de la communauté de communes, il y a le bourg-centre qui est Lunéville mais à l’autre extrémité il y a Baccarat. La médiathèque ou encore la piscine qui est en rénovation sont le fait de la force de l’intercommunalité.

Quelles sont les réalisations dans le cadre de ce dispositif PVD ?

Odile Bégorre-Maire : Un important travail a été réalisé sur l’habitat pour accompagner notamment les propriétaires au niveau de la rénovation énergétique de leurs bâtiments ou encore un accompagnement des commerçants dans une nouvelle dynamique avec une concentration pour créer un véritable écosystème. Il y a eu une régénération du tissu des commerçants avec l’arrivée de jeunes qui ont redonné un dynamique via l’Association des commerçants et artisans de Baccarat. Nous les avons aidés à se structurer. Tout le monde a compris que travailler ensemble ne pouvait être que gagnant.

© Benjamin Prost. La Meurthe, frontière naturelle entre les « deux » villes de Baccarat, rive gauche et rive droite.

Christian Gex : À Baccarat, il y a deux villes, celle de la rive gauche et de la rive droite avec comme frontière naturelle la Meurthe. Nous avions deux écoles rive gauche, une maternelle et une élémentaire et nous avions la même chose de l’autre côté. Pour des raisons de baisse des effectifs, économiquement cela devenait difficile de garder tous ces sites. Nous avons regroupé le tout dans une logique de développement durable (végétalisation, double flux) et de modernité des équipements et nous y avons intégré le périscolaire. L’ancienne école maternelle qui ne nous sert plus a été revendue pour accueillir des professionnels de santé nous permettant de répondre à un besoin crucial aujourd’hui pour les habitants.

La cristallerie s’affiche comme un des moteurs économiques de la ville qu'en est-il des autres acteurs économiques ?

Nous avons bon nombre d’entreprises de plus de cinquante salariés comme la Maison hospitalière de Baccarat, France Galva, Aresia ou encore la SSR Neufchâteau et un tissu de commerçants important. Nous avons la chance d’avoir sur notre territoire adjacent des entreprises qui travaillent à l’international, à l’image d’Hydroleduc. Il y a deux ans, nous avons mis en place des petits déjeuners des entreprises et des commerçants. C’est là que nous nous sommes aperçus que les dirigeants ne se connaissaient pas. En mettant les gens autour de la table, il y a des synergies naturelles qui se créent et cela développe l’économie locale et c’est bon pour tout le monde.

© Benjamin Prost. Le cristal de la manufacture présente depuis 260 ans est omni-présent.

Odile Bégorre-Maire : Tout le monde a compris l’intérêt de travailler ensemble. Il y a eu une véritable prise de conscience que le fait d’être ensemble nous rend plus fort. Auparavant, les différents acteurs travaillaient en silo mais pas en globalité. Le fait d’avoir créé un véritable écosystème, qu’il nous faut faire vivre, permet d’ouvrir les champs des possibles.