Industrie textile

Avec Noyon, Calais perd un dentellier historique

Le fabricant de dentelles leavers et tricotées Noyon, propriété du groupe Cochez depuis 2019, a été cédé au textilien indien MAS déjà propriétaire d’une filiale Noyon Lanka qui sert de véhicule à la transaction. Un rebondissement de plus dans l’histoire tourmentée de la dentelle de Calais-Caudry.

Si les esquisses, les dessins et les archives centenaires passent sous pavillon indien, les outils de production sont repris eux par Desseilles. © Aletheia Press/M.Railane-Archives
Si les esquisses, les dessins et les archives centenaires passent sous pavillon indien, les outils de production sont repris eux par Desseilles. © Aletheia Press/M.Railane-Archives

C’est un coup de théâtre. Noyon, l’ancien leader calaisien de la dentelle, n’est plus calaisien. C’est son président, Pascal Cochez, qui l’a annoncé et expliqué via un communiqué diffusé le 1er juin : «Après une revue stratégique complexe tenant compte des réalités du marché de la dentelle à destination des industriels de la lingerie-corseterie, il a été décidé de se recentrer sur le segment haut de gamme de ce marché. Dans le cadre de cette démarche, notre filiale Desseilles Calais supplantera à compter de ce jour les activités de notre filiale Noyon Calais dont les actifs sont cédés à notre partenaire Noyon Lanka.» Filiale du géant indien MAS, cette société sri-lankaise «fabrique et commercialise déjà 85% de la dentelle Noyon vendue dans le monde contre 15% pour Noyon Calais» indique le communiqué.

Une reprise périmétrée

Fondés en 1919 par Lucien Noyon, grand-père du dernier dirigeant Olivier, les établissements éponymes, entrent donc désormais totalement dans le périmètre de MAS. Il y a 20 ans, le fabricant calaisien avait créé une filiale à 50-50 avec ce partenaire indien, via la holding familiale PBO. Il y avait investi dans une dizaine de métiers à tricoter pour accompagner le mouvement international destiné à fixer les clients et fournisseurs en Asie. Mais, fortement affaibli avant et après le Covid, son activité en lingerie-corseterie n‘a cessé de décroître passant de 12 à 5 millions d’euros ces 5 dernières années. En leavers comme en tricotage, toutes les productions étaient affectées. Dès lors l'issue était inéluctable.

Néanmoins, l'opération annoncée le 1er juin ne concerne que «les actifs immatériels Noyon à la société Noyon Lanka. Les actifs matériels restent intégralement à Calais. Tous les métiers Leavers et tous les métiers à tricoter seront exploités désormais sous l’entité Desseilles» ajoute Pascal Cochez qui ne communique pas le montant de l’affaire.

Desseilles dernier dentellier calaisien

Si les esquisses, les dessins et les archives centenaires passent sous pavillon indien, les outils de production changent d’affectation et prennent celui de Desseilles. Reprise également par Cochez alors qu’elle frôlait la disparition, Desseilles devient donc l’ultime fabricant de dentelle calaisien pour la lingerie, la corseterie, la robe et le prêt-à porter. En Leavers comme en Jacquard. Longtemps rivales, Noyon et Desseilles ont finis dans le même groupe avant que le second ne survive, à Calais, au premier.

La partie Dentelle du groupe Cochez se réorganise ainsi dans 4 filières opérationnelles : Boot & Cosetex pour la petite bande Leavers, Darquer & Méry pour la Robe à Calais et Caudry, Desseilles Calais pour la lingerie, la robe en Leavers et tricotage à Calais, et Embro France à Marrakech pour le rebrodage. Ce repositionnement pourrait engendrer d’autres mouvements à Caudry en posant la question suivante : y a t-il des positions à prendre dans la lingerie ?