Avec "Mobilidées", Keolis fait le pari de l’innovation

En juin, Keolis Lille avait lancé “Mobilidées”, un appel à projets s’adressant aux entreprises et start-up régionales, pour encourager les innovations liées à la mobilité et aux transports. Le groupe, exploitant de Transpole, avait privilégié trois axes de réflexion : le changement des comportements et la digitalisation du parcours client, l’ambiance et le sentiment de sécurité dans les transports, et l’amélioration des processus internes. Sur les dix-huit candidatures reçues, huit ont été présélectionnées, et trois projets ont été finalement retenus. Ils ont été officiellement récompensés mi-septembre, et vont désormais bénéficier d’un accompagnement technique et financier, dont les contours restent encore à définir. «Les trois projets retenus en sont à des stades de maturité différents, précise Francine Velthuizen, directrice marketing et commercial de Keolis Lille. Selon les cas, cela va prendre plus ou moins de temps et de moyens pour arriver à un prototype fonctionnel, ou à une appli opérationnelle. Nous avons donc plusieurs options pour les y aider −  que ce soit un accompagnement financier, la mise à disposition de l’expertise ou des compétences de nos salariés, ou l’accès à nos données utilisateurs, voire à nos panels d’usagers −, pour des phases de test.» Des modalités encore vagues, donc, mais dont le but est clair : parvenir rapidement à l’élaboration d’un produit fonctionnel. «Quelle que soit la formule finalement choisie, il s’agit d’un engagement fort de l’entreprise, pour passer du temps long au temps court, pour que les projets arrivent à maturité. C’était d’ailleurs l’un des critères de sélection : il fallait que les projets soient viables dans les six à neuf mois après l’appel à projets, pour être mis en test sur le réseau lillois», souligne Gilles Fargier, le directeur général de Keolis Lille.

Pictotravel. Moteur de recherche destiné aux personnes à mobilité réduite ou en situation de handicap, Pictotravel a répondu à l’appel à projets de Keolis avec une proposition qui pourrait venir se greffer au réseau de transports en commun de la Métropole. «Depuis trois ans, nous développons notre moteur de recherche axé sur l’accessibilité, des données qui concernent quand même 20 millions de personnes, détaille Justin Marquant, le porteur de projet. L’idée, c’est de recenser l’ensemble des lieux ouverts au public selon leur niveau d’accessibilité, pour aider les personnes en situation de handicap à prévoir leurs déplacements et pousser à l’amélioration des conditions d’accueil et d’accessibilité. Nous avons répondu à l’appel à projets ‘Mobilidées’ en proposant de mettre au point un outil qui permettra aux usagers en situation de handicap ou à mobilité réduite de planifier leur trajet en transports en commun en fonction de l’accessibilité. Cela permettra aussi de fournir des données pertinentes sur l’état du réseau en la matière et sur les points d’amélioration.»

Moodi. Le deuxième projet sélectionné est celui de l’agence web Insitaction, qui a présenté le projet Moodi. Une application destinée aux usagers des transports en commun et qui leur permettra de signaler, en une seconde, un incident ou une agression, d’émettre un appel d’urgence, ou de qualifier son ressenti et son état d’esprit sur son trajet. Une façon d’établir une «météo émotionnelle» en temps réel sur le réseau, explique Aurélien Lepretre, qui porte le projet : «Plus que les situations d’insécurité, nous nous intéressons au sentiment d’insécurité ou d’inconfort, qui peut rendre pénible l’usage des transports en commun. Grâce à Moodi, les équipes de Transpole pourront voir en temps réel à la fois les incivilités ou les agressions effectives, mais aussi avoir un aperçu du sentiment d’insécurité sur le réseau. Le dispositif pourrait ainsi s’inscrire dans une démarche prédictive, pour anticiper les événements sur le réseau.»

Pédalille. Porté par Noémie Rogeau, qui a récemment repris 2RAventure, site de vente spécialisé dans les produits outdoor, le projet Pédalille veut faciliter la vie des cyclistes dans la Métropole et y développer encore davantage l’usage du vélo. «On se rend compte que de plus en plus de gens veulent se déplacer à vélo, mais qu’il y a un problème de méconnaissance des infrastructures qui y sont liées. Par exemple, on manque d’outils digitaux pour se déplacer à vélo. Les GPS ou les applications qui permettent de planifier les trajets ne prennent pas vraiment en compte les pistes cyclables. Ou alors on constate que les gens veulent se mettre au vélo mais qu’ils n’ont aucune idée de l’endroit où ils peuvent en acheter un, où trouver des structures où ils peuvent le faire réparer ou apprendre à l’entretenir, alors que de plus en plus d’endroits consacrés au vélo se montent dans la Métropole. Nous voulons donc mettre au point Pédalille, qui permettrait à la fois de planifier son itinéraire multimodal en utilisant son propre vélo (ou un vélo en libre-service) et les transports en commun, et de repérer les différents services utiles aux cyclistes. L’idée, c’est aussi de créer une communauté pour motiver les uns et les autres à utiliser toujours davantage leurs vélos.»

Les trois projets sélectionnés devraient être testé sur le réseau Transpole dans le courant de 2017, avant, pourquoi pas, d’être élargis à l’ensemble des réseaux gérés par Keolis.