Avec l'économie qui ralentit, les Chinois réduisent leur train de vie

Cuisiner au lieu d'aller au restaurant, épargner davantage, voyager moins cher: dans les rues de Pékin lundi, les Chinois affirment subir le ralentissement économique, qu'ils jugent durable, mais...

L'évolution du PIB trimestriel sur un an depuis le 2e trimestre 2017 © Janis LATVELS
L'évolution du PIB trimestriel sur un an depuis le 2e trimestre 2017 © Janis LATVELS

Cuisiner au lieu d'aller au restaurant, épargner davantage, voyager moins cher: dans les rues de Pékin lundi, les Chinois affirment subir le ralentissement économique, qu'ils jugent durable, mais restent confiants sur le long terme.

"Cette année, que ce soient les entreprises ou les gens, on ressent vraiment la pression économique", déclare à l'AFP Yu Qi, un homme de 55 ans qui porte des écouteurs branchés.

"Cette pression semble encore plus forte qu'il y a trois ans, pendant la pandémie. C'est vraiment l'impression générale qu'on a, mes amis et moi", souligne cet employé d'une compagnie d'assurance.

La Chine a encore vu sa croissance économique ralentir au deuxième trimestre, avec une hausse du PIB de seulement 4,7% sur un an. Ce rythme, annoncé lundi, fait certes rêver nombre de pays - notamment en Europe.

Mais c'est le plus faible depuis début 2023, juste après la levée des draconiennes restrictions contre le Covid-19, qui pénalisaient l'activité. Loin aussi des croissances à plus de 10%, habituelles durant la période 1980-2010.

L'économie est justement au coeur d'une réunion politique au sommet qui se tient à Pékin jusqu'à jeudi, autour du président Xi Jinping.

Vêtements et vacances

"Il y a deux ans, on allait souvent manger une fondue au restaurant. Mais maintenant, pour économiser, on cuisine plutôt à la maison!", explique Zhao Qing, employée dans la finance de 39 ans.

"Niveau vêtements, j'allais dans les grands magasins. Maintenant, je vais plutôt sur internet ou dans des petites boutiques pour trouver des articles moins chers", raconte-t-elle devant un café où des Pékinois branchés viennent récupérer leurs cafés à emporter.

Crise dans l'immobilier, fort chômage chez les jeunes diplômés, difficulté pour changer d'emploi, commerces qui ont fermé durant le Covid... Tout incite à réduire sa consommation.

"On part moins à l'étranger pour les vacances, on privilégie des destinations plus proches et avec moins d'étapes, pour réduire les coûts", déclare à l'AFP Li Xiaojing, une employée de bureau de 43 ans.

Pas question cependant de tout sacrifier.

"Les dépenses qu'on réduira en dernier, ce sont les loisirs des enfants", affirme Yu Qi, l'employé de la compagnie d'assurance.

Pas trop grave

Tous disent toutefois avoir levé le pied sur les grosses dépenses, type achat d'un bien immobilier.

"On pense que l'économie va encore stagner pendant pas mal de temps, donc il a un certain pessimisme (...) Tout le monde a tendance à gérer son argent de façon un peu plus prudente et à épargner", souligne Li Xiaojing.

"Quand on voit la situation actuelle, une amélioration même légère ne semble pas possible à court terme", déplore Yu Qi, le quinquagénaire, qui dit espérer "un monde plus pacifique" et donc plus propice aux échanges économiques apaisés – un sous-entendu aux relations Chine-Etats-Unis.

Sur le long terme, la plupart restent optimistes, confiants notamment dans le potentiel chinois en matière d'innovation.

"Quand j'avais 20 ans, jeune diplômée d'université, la croissance était faramineuse. Alors si maintenant, pendant une période, elle stagne ou ralentit un peu, ce n'est pas trop grave", juge Li Xiaojing, la quadragénaire, car la Chine a eu depuis le temps de beaucoup se développer.

"L'économie, ça marche par étapes. Parfois elle prospère, parfois elle est morose. Là, on est dans un creux", souligne Zhao Qing. "Mais je suis persuadée que la situation va s'améliorer!"

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