Aurore Berger appelle à la transformation des métiers régaliens pour une égalité réelle

À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le SDIS de l’Oise organisait, ce 6 mars à Beauvais, un séminaire inédit sur la mixité dans les fonctions régaliennes. Un événement auquel a assisté Aurore Bergé, ministre de l’Égalité entre les femmes et les hommes.

Aurore Bergé, Ministre de l'Égalité entre les femmes et les hommes. © Aletheia Press / DLP
Aurore Bergé, Ministre de l'Égalité entre les femmes et les hommes. © Aletheia Press / DLP

«Les sapeurs-pompiers ont su se féminiser, notamment par le biais du volontariat. Dans l’Oise, sur 3 200 pompiers volontaires, 27 % sont des femmes. Mais encore trop peu d’entre-elles passent les concours. Sur 608 pompiers professionnels, nous n’avons que 5% de personnel féminin», regrette Luc Corack, directeur départemental du SDIS de l’Oise, à l’origine du séminaire sur la mixité dans les fonctions régaliennes qui s'est déroulé ce 6 mars à Beauvais. «Nous avons voulu que cet événement soit interministériel afin de porter un message qui dépasse le cadre des sapeurs-pompiers», explique-t-il.

Ce séminaire, organisé dans le cadre de la Journée internationale des droits des femmes, a été l'occasion de donner quelques chiffres. Au niveau national, les femmes représentent aujourd’hui 28% des effectifs de la police nationale et 22% des effectifs de la gendarmerie. Chez les sapeurs-pompiers, un pompier sur cinq est une femme, mais elles ne sont encore que 5% à accéder au grade d’officier. «Au ministère de la Justice, elles représentent 56 % des magistrats, preuve que le changement inverse est possible», souligne Aurore Bergé, ministre déléguée, chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, venue introduire les tables rondes.

Réaffirmer l’action de l’Etat

Pour la ministre, cette dynamique n’est pas encore la norme, car il existe encore trop d’obstacles et les plafonds de verre sont bien réels. «La féminisation des métiers ne doit pas être une simple statistique, mais une véritable transformation de nos pratiques, de nos institutions et de nos cultures», affirme-t-elle. La ministre a également évoqué les trois enjeux identifiés par le gouvernement que sont la féminisation de tous les métiers, à tous les niveaux de responsabilité et de décision, la garantie de la reconnaissance et de la progression des carrières et l’action pour créer des conditions favorables à la réussite des femmes tout au long de leur parcours professionnel.

«Il faut articuler mieux les temps de vie, afin que la parentalité, qui repose encore trop souvent sur les femmes, voire parfois exclusivement, ne freine plus leur progression», explique celle qui vient de relancer l’idée d’un congé de naissance, plus court mais mieux indemnisé que l’actuel congé parental. «Ce combat pour l’égalité ne peut être remis à plus tard. Il exige la mobilisation de toutes les forces vives de notre République. Parce que c’est maintenant que tout se joue : dans nos institutions, nos administrations, nos entreprises, où nous pouvons et nous devons imposer et réussir ce changement», conclut Aurore Bergé.

Des témoignages inspirants

Pour dresser un état des lieux de la féminisation dans la fonction publique régalienne, plusieurs femmes ont partagé leur parcours. Parmi elles, Fadela Benrabia, préfète, qui assure que son statut de femme n’a jamais été un frein dans ses fonctions. «Cela ne m’a pas empêchée d’éprouver des sentiments d’illégitimité ou d’incompréhension», précise-t-elle, ajoutant qu’il est essentiel d’avancer « avec les hommes, lutte après lutte », sur les questions d’égalité.

Un témoignage complété par une femme évoluant dans la gendarmerie. «Je n’ai jamais ressenti de manque de légitimité par rapport à mes fonctions, mais dans le regard des autres, on sent parfois qu’on doit en faire davantage pour être reconnue à la même valeur», ajoute la colonelle Muriel Soria, qui commande le groupement départemental de gendarmerie de l’Oise. «Nous observons malheureusement, depuis au moins deux ans, un retour des comportements sexistes», analyse, pour sa part, Brigitte Jullien, inspectrice générale et présidente de l’association Femmes de l’Intérieur.

Léonie Touitou, nouvelle référente départementale mixité des pompiers de l’Oise

Léonie Touitou, caporale au Centre de secours principal de Compiègne. © Aletheia Press / DLP

«J’ai toujours été très sportive et j’ai su très vite que je voulais exercer un métier dynamique, comme celui de gendarme, militaire, policier ou pompier», raconte Léonie Touitou, caporale au sein du Centre de secours principal de Compiègne. Après un stage à l’âge de dix ans, elle devient jeune sapeur-pompier trois ans plus tard, à la caserne d’Estrées-Saint-Denis.

Elle poursuit ensuite son engagement en tant que sapeur-pompier volontaire avant de réussir le concours de caporale et d’être recrutée comme pompier professionnel. «Sur un effectif de 55 pompiers professionnels, nous ne sommes actuellement que deux femmes », souligne-t-elle. La jeune femme poursuit. « Lors de certaines gardes, il peut encore y avoir des remarques sexistes. Ce n’est pas toujours méchant, mais oui, ça existe toujours. Et au-delà de ça, en tant que femme, on doit parfois davantage prouver sa valeur que les hommes», admet-elle.

Un état d’esprit que Léonie Touitou souhaite changer grâce à son nouveau statut de référente départementale mixité. «Je vais mener beaucoup d’actions de sensibilisation dans les casernes du SDIS 60 pour faire évoluer les mentalités», affirme-t-elle avant de poursuivre : «Je vais aussi accompagner à la fois les victimes et les auteurs de comportements sexistes, pour que ces attitudes disparaissent de nos métiers».