Attaqués par des syndicats agricoles, des agents de l'OFB défendent leurs missions

"Ce n'est pas pour emmerder le monde": attaqués par des syndicats agricoles, des agents de l'Office français de la biodiversité (OFB) défendent leurs missions, indispensables pour l'approvisionnement en eau ou la santé publique...

des agents de l'Office français de la biodiversité (OFB) défendent leurs missions, indispensables pour l'approvisionnement en eau ou la santé publique © Nicolas TUCAT
des agents de l'Office français de la biodiversité (OFB) défendent leurs missions, indispensables pour l'approvisionnement en eau ou la santé publique © Nicolas TUCAT

"Ce n'est pas pour emmerder le monde": attaqués par des syndicats agricoles, des agents de l'Office français de la biodiversité (OFB) défendent leurs missions, indispensables pour l'approvisionnement en eau ou la santé publique, et réfutent l'idée de contrôles à tout-va.

Six d'entre eux ont témoigné anonymement auprès de l'AFP, alors que les membres de l'établissement public ont reçu pour consigne de ne pas communiquer. L'OFB compte 3.000 agents, dont 1.700 inspecteurs de l'environnement qui disposent de pouvoirs de police administrative et judiciaire.

Pendant les manifestations agricoles, des antennes de l'OFB ont été ciblées à coup de purin ou de feux de pneus et des agents nommément menacés.

Quelle que soit la région, les principales tensions avec le monde agricole concernent l'eau, la protection des zones humides et des haies, constatent les agents interrogés.

Derrière les contrôles concernant la qualité de l'eau, "il y a un enjeu de santé publique", insistent plusieurs d'entre eux. L'agriculture est une source majeure de pollution des eaux en France via les nitrates ou les pesticides, avec des coûts de traitement des eaux payés par les consommateurs.

A cela s'ajoute la multiplication des sécheresses sur fond de changement climatique. Les agents de l'OFB sont chargés de faire respecter les limitations de prélèvement en eau.

Ils réfutent l'idée de contrôles trop nombreux. Avec moins de 3.000 contrôles pour 415.000 exploitations, "vous avez une chance d’être contrôlé tous les 130 ans", relève Jean (tous les prénoms ont été changés). 

"On a un métier de surveillance dans de nombreux domaines", ajoute Paul : chasse, braconnage, destruction de zones humides, pollutions... "Les agriculteurs ne sont pas une cible", assure Antoine.

Aux agriculteurs leur reprochant des comportements de "cow-boys" et au Premier ministre Gabriel Attal, qui a questionné la nécessité qu'ils soient armés, ils répondent que cela peut être utile.

"Je me suis déjà fait menacer de mort" par un agriculteur, témoigne Erwann, qui relate le cas de collègues s'étant fait tirer dessus ou chargés par un tracteur. 

"On ne va pas enlever notre arme pour aller contrôler un exploitant. On fait quoi, on la laisse au bureau et on passe la reprendre après ?", s'interroge Laurent. "On est un corps de police", rappellent-ils. 

Fusible

"Des progrès peuvent être faits dans la manière d'aborder les gens", concède Antoine. 

Se former à désamorcer les conflits par le dialogue, faire plus de pédagogie pour expliquer aux agriculteurs les réglementations environnementales - dont ils reconnaissent la complexité, par exemple pour les haies - sont des pistes évoquées.

"Notre établissement a de plus en plus de missions et on a de moins en moins de temps, mais si on veut faire de la sensibilisation, il faut être sur le terrain, avoir des contacts réguliers avec les usagers et pas seulement sortir pour faire des contrôles", plaide Michel.

Parmi les concessions faites aux syndicats agricoles majoritaires, M. Attal a annoncé que l'OFB "sera sous la tutelle des préfets", afin de "faire baisser la pression" des contrôles. 

Cette annonce laisse les agents circonspects car cette tutelle s'applique déjà pour les contrôles administratifs, par exemple sur les quotas d'eau autorisés en cas de sécheresse.

En revanche, les enquêtes judiciaires, ouvertes en cas d'infractions, se font sous l'autorité du parquet et pas du préfet. "Il y a séparation des pouvoirs", soulignent les agents d'une même voix, certains regrettant "une méconnaissance de notre travail sur le terrain."

Il s'agit de "faire respecter la réglementation que nous impose l’Etat", disent-ils. En voulant réduire les contrôles, "on donne de l'importance à une minorité d'agriculteurs qui ne respectent pas les réglementations", regrette Michel.

Consigne a été donnée de ne pas faire de contrôles administratifs dans les exploitations agricoles. Dans certaines zones, il a été dit aux agents de travailler en tenue civile et d'enlever les signes distinctifs sur les véhicules de l'OFB. 

Des agents "ont l’impression de ne pas être soutenus, d’avoir été trahis par le Premier ministre et nos ministres de tutelle. on a vraiment l’impression d’avoir servi de fusible", lâche Erwann, amer.

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