Attaque au hachoir visant Charlie Hebdo en 2020: procès requis pour six hommes dont l'assaillant
"On ne se moque pas de la religion": un Pakistanais de 29 ans et cinq membres de son entourage risquent un procès devant les assises des mineurs spéciales pour l'attaque au hachoir visant les anciens locaux de Charlie Hebdo en...
"On ne se moque pas de la religion": un Pakistanais de 29 ans et cinq membres de son entourage risquent un procès devant les assises des mineurs spéciales pour l'attaque au hachoir visant les anciens locaux de Charlie Hebdo en septembre 2020 qui avait fait deux blessés graves.
Pour cette attaque rue Nicolas-Appert dans le XIe arrondissement de Paris qui avait blessé deux employés (actuel et passé) de l'agence Premières Lignes, le parquet national antiterroriste (Pnat) demande un procès pour tentatives d'assassinats terroristes contre l'assaillant, Zaheer Mahmoud.
D'après les réquisitions d'un vice-procureur de la République antiterroriste dont l'AFP a eu connaissance, le caractère terroriste de l'attaque ne fait pas de doute, notamment du fait de la revendication en garde à vue de l'assaillant: "Ce que j'ai fait, c'est bien. Je me sens mieux. Je considère qu'ils sont bien punis. On ne se moque pas de la religion".
Le ministère public souhaite que cinq autres hommes de son entourage amical, aujourd'hui âgés de 20 à 24 ans, tous nés au Pakistan et arrivés en France entre 2018 et 2019, soient jugés pour association de malfaiteurs terroriste criminelle.
Trois protagonistes étant mineurs au moment des faits, le parquet demande un procès d'un seul tenant devant la cour d'assises des mineurs spécialement composée.
"Zaheer Mahmoud a bénéficié d'un entourage amical l'ayant motivé et soutenu dans son processus idéologique devenu un engrenage violent", estime le parquet.
Blasphémateurs
"Ses amis ont entretenu, maintenu et décuplé la potentialité violente de (l'assaillant) (sur) fond de prétendue vengeance contre des personnes désignées comme blasphémateurs", écrit encore le vice-procureur.
Un non-lieu a en revanche été requis pour un septième homme mis en examen pour complicité de ces tentatives d'assassinats et que l'assaillant avait présenté comme l'instigateur des faits: le Pnat estime qu'il y avait trop de contradictions dans les déclarations de Zaheer Mahmoud et pas d'élément matériel à l'appui de ses déclarations.
La mise en cause de cet homme pourrait s'expliquer par "une lignée progressive de dilution (par l'assaillant) de sa responsabilité" au cours de l'enquête, estime le vice-procureur du Pnat.
Alors que l'assaillant et trois mis en cause sont encore en détention provisoire, la décision finale sur un procès revient au juge d'instruction chargé du dossier.
Un bout d'enquête va se poursuivre concernant un huitième protagoniste qui n'a pu être identifié ni localisé mais qui aurait eu une connaissance précise du projet de Zaheer Mahmoud.
Peu avant midi, le 25 septembre 2020, ce jeune Pakistanais arrivé en France à l'été 2018 s'était rendu devant ce qu'il pensait à tort être les locaux du journal satirique Charlie Hebdo, armé d'un hachoir, blessant les deux victimes qui se trouvaient devant la porte de l'immeuble.
Lors d'un interrogatoire devant le juge d'instruction en décembre 2020, il confie avoir été "choqué" par la republication des caricatures du prophète de l'islam par l'hebdomadaire à l'occasion de l'ouverture début septembre 2020 du procès des attentats de janvier 2015.
Cette nouvelle publication avait entraîné des manifestations dans des pays musulmans, dont le Pakistan, son pays d'origine, et une vague d'attentats en France: outre celui de Zaheer Mahmoud en septembre, deux autres avaient visé en octobre la basilique de Nice (trois morts) et le professeur Samuel Paty.
Le Pakistanais avait visionné de façon compulsive des vidéos, notamment d'imams pakistanais radicaux. "Je me suis dit: +Pourquoi la France fait ça? Je suis en France je dois me révolter, parce que sinon personne n'en parlera+", avait-il raconté au magistrat.
Zaheer Mahmoud avait été "pris de colère" arrivé rue Nicolas-Appert en voyant "un homme et une femme en train de rigoler entre eux", pensant "qu'ils rigolaient sur (lui)".
"Ensuite, je n'ai rien compris, j'étais en colère, c'était noir, je ne savais pas ce que j'étais en train de faire. J'ai pris mon sac, j'ai sorti le couteau, je suis revenu vers eux et je les ai attaqués sans savoir où je frappais", avait-il ajouté en langue ourdou.
"Je n'avais pas le choix. Je n'ai pas réussi à me calmer, je ne suis pas pour le terrorisme ou terroriser les gens", avait-il poursuivi, exprimant des regrets.
Ses avocats, Me Maïa Kantor et Albéric de Gayardon, n'ont pas souhaité commenter.
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