Atlas Copco Crépelle : la compression haute performance depuis 1837

Toute aussi imposante que discrète, l'usine Atlas Copco Crépelle, à Lille, étonne par sa proximité immédiate avec le centre-ville. L'entité régionale du groupe suédois Atlas Copco est spécialisée dans la conception et la fabrication de machines de compression de gaz à haute pression.

Atlas Copco Crépelle fabrique 150 machines par an, depuis son site de Lille. ©Lena Heleta
Atlas Copco Crépelle fabrique 150 machines par an, depuis son site de Lille. ©Lena Heleta

Créée en 1837 sous la dénomination «Établissements Le Gavrian» dans le quartier de Lille-Moulins, l'entreprise fabrique, à son origine, des machines à vapeur et des mécaniques. Rachetée par différentes familles – dont les Crépelle, arrivés dans l'entreprise en 1891 –, l'entreprise entrera dans le giron du suédois Atlas Copco en 1997, qui racheta l'usine au groupe régional Fives Cail Babcock.

L'ambition du groupe, composé à cette époque de 21 000 collaborateurs (et aujourd'hui, 53 000) : Donner une nouvelle dimension à l'entreprise, en développant les compresseurs industriels alternatifs au niveau international.

Présence dans 145 pays

Atlas Copco Crépelle est l'unique centre de compression haute pression des Hauts-de-France et confirme son expertise dans la fabrication de machines pour la compression des gaz à haute pression. C'est l'entreprise lilloise qui fournit par exemple l'air comprimé haute pression (40 bars) aux principaux fabricants de souffleuses P.E.T dans le monde et à des géants comme Coca-Cola, Pepsi-Cola, ou encore Nestlé et Lesieur. En Hauts-de-France, le groupe compte une autre entité, Atlas Copco Rental, qui, depuis Carvin, loue des chaudières industrielles.

Erik Moens, directeur général. ©Lena Heleta

«On a fabriqué et installé plus de 1 000 machines dans le monde pour le soufflage des bouteilles plastiques en P.E.T. On ne le sait pas toujours mais il y a de la compression derrière de nombreuses choses : dans les tests de moteurs d'avions ou d'hélicoptères, dans les brasseries...» explique Erik Moens, à la direction générale depuis 2022. Étonnamment, Atlas Copco Crépelle travaille très peu avec des entreprises des Hauts-de-France car peu utilisent la haute pression dans leur process – même si la PME a fourni une centaine de compresseurs à la cristallerie d'Arques. Le groupe est présent dans le monde à travers 145 pays et affiche clairement une ambition internationale : le chiffre d'affaires de l'entreprise lilloise est réalisé à 95% à l'export.

En croissance

Depuis Lille et sur 12 500 m2 (dont 10 000 entièrement dédiés à la production), Atlas Copco Crépelle conçoit des machines de 20 à 1 000 bars (soit 10 km de profondeur), pour des clients allant de l'industrie à la pétrochimie en passant par l'aéronautique et la métallurgie. La plus puissante, avec ses 30 tonnes et ses 6 mètres de long et de large, a nécessité plus de 2 000 heures d'étude et 500 heures de montage. Au total, 80 salariés dont une vingtaine en production.

«Le service le plus important en nombre de collaborateurs est celui de l'ingénierie. On ne fabrique jamais trois machines identiques. Actuellement, on développe une nouvelle gamme de machines pour comprimer de l'hydrogène et pour capturer le CO2» poursuit-il, rejoint par Lionel Roland, DRH : «Il y a une vraie montée en puissance de ces nouveaux marchés car pour décarboner l'industrie, on utilise l'hydrogène à la place des carburants fossiles. C'est le cas chez ArcelorMittal à Dunkerque, par exemple».

Des débouchés novateurs qui ont permis à l'entreprise d'être en croissance : il y a encore deux ans, ils étaient 55 collaborateurs à Lille. L'entreprise affiche aujourd'hui un chiffre d'affaires de 40 M€, en croissance de 35% par rapport à 2022. «On continue de recruter. On a d'ailleurs 7 postes à pourvoir en ingénierie, en production, en qualité... Mais les marchés sont très tendus, pourtant on ouvre régulièrement nos portes et on est sur une industrie très moderne» explique Lionel Roland.

150 machines par an

Chaque année, ce sont près de 150 machines qui sont fabriquées à Lille, avec des projets qui peuvent aller bien au-delà du territoire : en Islande par exemple, avec des compresseurs qui injectent le CO2 dans le sol pour cristalliser la roche et en extraire de l'atmosphère ou encore sur le pharaonique projet Neom – la ville futuriste d'Arabie Saoudite – où Atlas Copco fabrique des compresseurs pour extraire le sel de l'eau de mer.

Poussée par le groupe suédois, l'usine lilloise est aussi à la pointe en matière de développement durable. «Les compresseurs en fin de vie sont recyclés. Nous mesurons également notre consommation d'eau potable et diminuons nos consommations électriques». Le secret de la longévité de cette PME industrielle : avoir su développer plusieurs expertises sur des marchés différents. Son directeur Erik Moens prévoit pour cette année, une croissance de 20%.