Assurances : le secteur renoue avec les tendances d’avant la crise sanitaire
Selon le bilan 2021 de France Assureurs, le secteur de l’assurance a retrouvé l’an passé ses tendances habituelles, après une année 2020 atypique.
Porté par le vif rebond de la croissance en 2021, le marché de l’assurance a renoué avec «les tendances d’avant la crise sanitaire», a résumé Florence Lustman, présidente de France Assureurs, la Fédération des entreprises d’assurance et de réassurance opérant en France, lors de la présentation à la presse de ce bilan de l’année 2021.
Assurances auto et habitation : hausse tendancielle du coût moyen des sinistres
Du côté de l’assurance auto, où l’on peut observer une baisse tendancielle de la fréquence des accidents automobiles et des sinistres corporels (-1,9%) et matériels (-2,4%), la hausse du coût des sinistres s’est poursuivie en 2021 : +5,7% pour le coût moyen des accidents corporels et +3,5 % pour celui des accidents matériels. Même tendance observée en matière d’assurance habitation, où le coût des dommages augmente de façon continue depuis une dizaine d’années et entraîne une dégradation du ratio prestations/cotisations.
Assurances des professionnels : l’envolée du coût des sinistres climatiques se confirme
En 2020, les assurances des professionnels et des entreprises avaient enregistré un pic exceptionnel de sinistres liés aux pertes d’exploitation et aux garanties annulation. En 2021, le niveau des indemnisations «a renoué avec la tendance à la hausse d’avant la crise», a expliqué Florence Lustman, avec une progression du coût des dommages de près de 11% entre 2019 et 2021.
En matière agricole, le coût des sinistres climatiques ne fait qu’augmenter (+31% de sinistres en assurance de cultures, entre 2020 et 2021), «ce qui n’est pas soutenable», a-t-elle souligné. En parallèle, le taux de couverture des surfaces exploitées plafonne à 30%, «ce qui laisse un grand nombre d’agriculteurs à la merci des évènements climatiques». Les assureurs sont d’ailleurs «très investis dans la réforme de l’assurance agricole», au sein du groupe de travail mis en place par le gouvernement.
En ce qui concerne l’éventuelle création d’une couverture des risques cyber pour les entreprises, «les conditions ne sont pas réunies pour qu’une assurance à grande échelle se développe», car «on est trop loin des mesures de protection requises par les assureurs pour couvrir ce risque» : il y a encore «un travail d’éducation et de prévention à faire auprès des entreprises», en particulier sur la gestion des mots de passe et la sauvegarde de données.
Forte hausse des coûts en santé prévoyance et net rebond des cotisations d’assurance vie
En matière d’assurance santé et prévoyance, «les prestations augmentent toujours plus vite que les cotisations», a poursuivi la présidente de France Assureurs. Une tendance de fond qui s’est accentuée en 2021, qui a été la première année pleine de déploiement du 100% Santé en optique, dentaire et audiologie. Or, «le coût additionnel de cette réforme a été de 346 millions d’euros pour les assureurs, en 2021», car les effets de compensation espérés n’ont pas été au rendez-vous.
Du côté de l’assurance dépendance, seuls 7,6 millions de Français sont aujourd’hui couverts par ce type de garantie, soit un nombre insuffisant. Cette nouvelle cinquième branche d’assurance sociale est «un sujet» problématique pour les assureurs, qui proposent d’«incorporer une garantie dépendance dans les complémentaires santé», afin de mutualiser ce risque.
Enfin, après «un trou d’air en 2020», l’assurance vie a enregistré un très fort rebond des cotisations, qui ont atteint un niveau record à 151,1 milliards d’euros, en 2021. Cette assurance, qui offre sécurité et liquidité, reste le produit d’épargne préféré des Français et a généré un rendement pondéré de 3,1%, l’an dernier.
Un secteur affichant «une solvabilité solide» et qui recrute
Outre la protection, l’autre grande mission du secteur de l’assurance et de la réassurance concerne le financement de l’économie. En 2021, les assureurs se sont particulièrement mobilisés en faveur de la relance, en s’engageant dans les différents dispositifs de prêts et de fonds destinés aux entreprises dans le cadre du plan France Relance. Au final, «malgré les crises traversées, les assureurs continuent à afficher une solvabilité solide», a conclu la présidente de France Assureurs. Le secteur, qui emploie 250 000 collaborateurs dans 55 400 établissements répartis sur tout le territoire, continue d’ailleurs de recruter, dont «beaucoup de jeunes» et «toujours plus d’alternants», car «on constate un fossé grandissant entre les profils qui sortent du système éducatif et les besoins de nos entreprises», a-t-elle souligné.