Entretien avec Jean-François Montagne, vice-président de la Communauté urbaine de Dunkerque
Assises européennes de la transition énergétique : «Un catalyseur de tout ce qui se fait»
La 25ème édition des Assises Européennes de la Transition Énergétique (AETE) se tiendra du 10 au 12 septembre 2024 à Dunkerque, organisateur historique, avec Bordeaux, Strasbourg, Dijon et l'Ademe. En amont de cet événement qui attend pas moins de 3 500 congressistes au Kursaal, nous avons rencontré Jean-François Montagne, vice-président de la Communauté urbaine de Dunkerque.
Quelle est la thématique des AETE cette année ?
La thématique est la suivante : «transformer nos contraintes en opportunités». Elle nous est apparue, pour notre territoire dunkerquois notamment, couler de source. On est sur un territoire avec énormément de contraintes : une zone industrialo-portuaire et les gaz à effet de serre qui vont avec. Et en même temps, c'est un territoire qui arrive à rebondir, à être résilient. Au vu de l'état d'avancement des différents dossiers énergétiques, cela nous paraissait dans l'air du temps. On a axé plus précisément sur les transports, la rénovation énergétique des logements, la souveraineté énergétique, la mobilité, ou encore la COP29. Le programme est assez large.
Comment Dunkerque transforme-t-il ses contraintes en opportunités ?
La décarbonation a un sens car nous sommes responsables de 20% des émissions industrielles nationales. Nous avons engagé beaucoup d'actions autour de l'eau des énergies renouvelables. La collectivité est moteur, au bénéfice d'une réindustrialisation voulue par l'exécutif. Cela a amené à la création de nombreux emplois autour de la décarbonation. Nous sommes sur une trajectoire de neutralité carbone. Cette transition énergétique va donc être source d'emplois, mais aussi de qualité de l'air et d'une manière de repenser la mobilité des habitants.
Cette transition n'est pas perçue comme une contrainte mais comme une opportunité. Une place importante sera donnée aux jeunes aux Assises. On va apprendre d'eux, recueillir leurs impressions sur ces métiers d'avenir. Ils vont pouvoir échanger avec de grands chefs d'entreprises sur les emplois d'avenir. Luc Rémond, directeur général d'EDF et Benoît Derigny, directeur de Manpower France, seront notamment présents. L'idée est de montrer que l'on peut faire carrière dans l'industrie. Nous avons également, sur le parvis du Kursaal, la Fabuleuse Factory pour faire découvrir ces métiers (voir encadré).
La vallée de la batterie est-elle en ce sens emblématique ?
La vallée de la batterie, c'est exactement le reflet de ce qu'une politique menée avec l'ensemble des acteurs -que ce soit les industriels, le monde associatif, les collectivités et l'ensemble des maires de la Communauté urbaine de Dunkerque- portent depuis 10 ans. En 2014, le mot que l'on entendait le plus était 'Dunkerque est mort', 'c'est mort'. L'idée a été de se demander quelles étaient nos forces. Et ce que l'on savait le mieux faire, c'était l'industrie. On voulait faire l'industrie du XXIème siècle. Donc on a créé les États généraux de l'emploi local, on a rassemblé tous les acteurs autour de la table et on a dit : maintenant, qu'est-ce qu'on fait ?
Cette vallée de la batterie est arrivée parce qu'il y a eu un travail de tous les acteurs. La réindustrialisation, à l'époque, ça n'était pas du tout naturel. L'idée était plutôt de dire 'on ne va surtout pas parler d'industrie', surtout sur notre territoire qui en a beaucoup souffert. Mais on avait le terrain, l'énergie, l'eau, donc on pouvait attirer de nouvelles industries, à condition qu'elles s'engagent dans quelque chose de vertueux.
Votre invité d'honneur est le politologue François Gemenne. Quel sera son message ?
François Gemenne est l'un des rédacteurs du 6ème rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC). Il est expert en migrations environnementales et climatiques et portera son regard sur ces problématiques. On apprécie son discours, qui n'est pas catastrophiste, et qui consiste à dire au contraire 'On a des possibilités, travaillons les et arrêtons de nous lamenter ! On a des moyens d'agir, il faut les mettre en action. Sur ces Assises qui se veulent un peu le catalyseur de tout ce qui se fait en termes énergétiques, son discours nous semblait approprié.
Quel est l'objectif de cette 25ème édition des AETE ?
Il s'agit de faire le point à un instant T sur toutes les réussites des territoires et de faire un état des lieux de tout ce qui se passe. Ce sont des rencontres inspirantes, pour échanger les bonnes pratiques. Une délégation écossaise sera présente, ainsi que l'Allemagne et le Québec.
Les Rencontres décarbonation et la Fabuleuse Factory
En marge des AETE, se dérouleront les traditionnelles Rencontres Européennes Décarbonation, Industries et Territoires. Un événement organisé par la Communauté urbaine de Dunkerque et qui réunit chaque année, depuis 5 ans, les plus grands industriels implantés sur le territoire. Ces rencontres permettront aux congressistes de découvrir des stratégies efficaces et des collaborations fructueuses entre les territoires et le secteur industriel, dans le but de réduire significativement les émissions carbone.
Second événement dans l’événement, la tenue pendant les Assises, de La Fabuleuse Factory, sur le parvis du Kursaal. À l’initiative d’Euraénergie, ce rendez-vous grand public proposera de manière ludique et pédagogique de découvrir l’industrie dunkerquoise qui se transforme autour de la décarbonation et des énergies de demain, aux côtés d’acteurs publics, privés, industriels et associatifs du Dunkerquois. Cette 3ème édition offrira de nombreuses activités pour permettre à chacun, quel que soit son âge et son profil, de découvrir les transformations de l'industrie et les nouveaux métiers qu'elle propose.