Artisanat, apprentissage en Moselle : quels moyens financiers demain ?

La CMA 57 tourne à plein régime, avec des équipes pleinement investies, une démarche multipartenariale efficiente, un ancrage jamais démenti, des formations nombreuses en phase avec les évolutions de notre temps. Le Campus des métiers de la Moselle (CFA à Metz, Forbach et Thionville, et l’Institut Supérieur national de l’Artisanat dévolu à la prothèse dentaire) porte lui les fruits de l’avenir : celui de ses apprenants et de pléthore de métiers. Quelque 1 000 apprentis composent ses effectifs. En 2023, jamais, une chambre consulaire comme celle de la Moselle n’a jamais autant été utile, à l’heure des transitions écologique, énergétique, numérique. D’une part, dans cette mission d’accompagner l’artisanat dans son éclosion et sa pérennisation sur nos territoires ; d’autre part, au service du quotidien de ses artisans et artisanes qui savent allier tradition et innovation, dans une grande diversité de talents et de savoir-faire. Des femmes, des hommes guidés par la passion. Ce n’est pas Philippe Fischer, président actuel de la CMA 57 qui dira le contraire, lui-même artisan pâtissier chocolatier glacier depuis plusieurs décennies, maître depuis 1987, par ailleurs président de sa corporation mosellane depuis 1997. L’engagement et l’excellence en partage assurément. C'est l'ADN de l'artisanat.

«Veut-on encore former les artisans de demain», interroge Philippe Fischer, président de la Chambre des Métiers et de l'Artisanat de la Moselle. © CMA 57.

Le coût de rabot qui inquiète

Or, en cet automne, deux dispositifs législatifs viennent quelque peu doucher cet enthousiasme, en Moselle et ailleurs. En septembre dernier, un décret relatif à une révision des coûts d’apprentissage, qu’on appelle plus techniquement NPEC (Niveau de Prise En Charge) est paru. Pour le Campus des métiers de la Moselle, c’est une perte sèche estimée à 390 000 €. Et, en ce mois d’octobre, une nouvelle révision, cette fois de la taxe pour frais des chambres de métiers et de l'artisanat - taxe CMA - (due par les chefs d'entreprises individuelles et les sociétés soumis à l'obligation de s'inscrire au répertoire des métiers ou qui y restent immatriculés) est dans les tuyaux. Elle pèse 6 % des ressources de l’entité mosellane et se situe comme un point névralgique de son fonctionnement. La CMA 57, au sein du réseau CMA France, part donc au combat pour trouver, avec le législateur, un point d’équilibre, un ajustement adapté, qui ne grèverait pas exagérément les budgets des CFA. Ces derniers mois, la CMA 57 a renforcé ses liens avec les artisans de son territoire. Ainsi, elle propose un nombre important de webinaires sur une multitude de thématiques quant au développement économique des entreprises artisanales mosellanes. Ces formations informations en distanciel sont complémentaires avec le présentiel, ici caractérisé par un accompagnement individualisé avec un conseiller de la chambre, ce à toutes les étapes du cycle de vie de l'entreprise de l'artisan, de ses premiers pas à sa transmission.

Pérenniser un apprentissage de qualité

Bien sûr, on y revient, la promotion de l’apprentissage est essentielle. Parce que les apprentis sont l’avenir de l’artisanat : ils contribueront à son essor et reprendront plus tard les entreprises des artisans partant en retraite. En somme, ils feront durer dans le temps des valeurs et des savoir-faire implantés dans nos villes et villages. Par celles et ceux qui les animent, ils sont les visages et les caractères de nos territoires. Si des métiers restent en tension, comme dans les secteurs de la boucherie-charcuterie, le BTP, la coiffure ou la poissonnerie, il n’empêche, l’apprentissage à le vent en poupe depuis plusieurs années maintenant. Un travail de fonds des acteurs de la chaîne artisanale. On y voit même arriver des personnes en reconversion, recherchant un sens à leur évolution professionnelle. L’artisanat sait s’adapter en permanence. On le constate dans la succession de crises, dans un contexte d’incertitudes économiques, de hausse des coûts des énergies, de pénurie de main-d’œuvre. La quadrature d’une entité comme le Campus des métiers de la Moselle se synthétise en quelques mots : préserver la qualité des enseignements, construire l’avenir des jeunes et gérer au plus près un budget. L’ambition de développer un apprentissage de qualité et reconnu, garant de la transmission des savoirs ne peut être va de pair avec les financements qui lui sont dévolus. C'est une problématique cruciale pour le présent et pour le futur.