Arc international tourne une page de son histoire

L'un des plus beaux fleurons industriels de France a changé de mains. Empêtrée dans des dettes qu'elle ne parvient plus à honorer, Arc international a été mise en vente par la nouvelle direction il y a plus d'un an. Aujourd'hui, le fonds d'investissement Peaked Hill Partners LLC a finalisé l'acquisition de l'entreprise phare de l'Audomarois. La fin d'une époque.

« Devant le Comité d'Entreprise d'Arc International ».
« Devant le Comité d'Entreprise d'Arc International ».
CAPresse 2014

Devant le comité d'entreprise d'Arc international.

Fondée en 1825, Arc international ne fêtera pas ses 200 ans sous la houlette de la famille Durand, qui gardera néanmoins entre 20 et 25% du capital. En négociation exclusive depuis plusieurs mois avec le fonds américain Peaked Hill Partners LLC (PHP), le leader mondial du verre et des arts de la table n’en peut plus d’attendre qu’on renfloue enfin sa trésorerie. Le 19 décembre dernier, le futur acquéreur devait en effet présenter son offre au comité d’entreprise qui a finalement dû suspendre ses débats en l’absence du repreneur. Lequel est finalement venu le jour du réveillon soumettre son offre… PHP s’est appuyé brièvement sur le fonds russe Pangeo Capital, avant de le remplacer, intuitu personae, par le fondateur du fonds PHP, Dick Chanin, un ancien de JP Morgan. Sourcilleux, l’Etat attend quant à lui des engagements sur la disponibilité financière des candidats à la reprise. Le prix tourne autour de 60 millions d’euros pour une entreprise qui approche le milliard d’euros de chiffre d’affaires. Une belle affaire ? Arc emploie 5 700 personnes en France et dispose de sites de production à Arques, aux Emirats Arabes Unis, en Chine et aux Etats-Unis. L’entreprise produit plus de 20 000 articles dans le monde. Avant PHP, un autre fonds d’investissement (HIG Capital) s’y était intéressé et avait même commencé des négociations exclusives. Mais avec 70 millions d’euros à la clé et 1 500 licenciements, l’ardoise sociale était inacceptable pour la direction et surtout pour l’Etat. De plus, l’effacement des deux tiers des dettes (450 millions d’euros) du groupe semblait inaccessible. La famille Durand restait au capital avec 20% des parts.

60 millions, 550 départs et pas de fonds public… Désormais, la dernière chance d’Arc réside dans ce nouveau fonds qui a finalisé le rachat, ces derniers jours, pour 60 millions d’euros (75% des parts). PHP vise une suppression de 550 postes dans les fonctions support et en réaffectera 150 en production. La disponibilité des fonds est attendue depuis une semaine. Sollicitée, la banque publique d’investissement (bpi) ne fera pas partie du tour de table financier. Comment le nouvel acquéreur fera-t-il face à un besoin d’investissement de 50 millions d’euros annuels ? Quid du départ d’une génération qui arrive à la retraite ? Dans le schéma discuté avec HIG Capital, l’Etat versait jusqu’à 400 millions d’euros étalés sur 20 ans au fonds amiante pour financer les départs et les retraites des 1 200 salariés. Avec l’offre de PHP, l’Etat abandonne ce plan… In fine, PHP apporte 60 millions en cash pour renflouer et s’engage sur un plan d’investissement annuel de 28 millions d’euros. La famille Durand, représentée par Timothée Durand et Xavier Ibled, a défendu l’offre de PHP en raison des gains de productivité que l’investisseur comptait faire, avec des délais de livraison raccourcis et une offre sur des séries plus petites pour élargir son marché. PHP compte transformer le mode de production d’un modèle push (poussé par la production) à un système pull (tiré par les commandes des clients). L’avenir dira si ce modèle rendra pérenne le site arquois.