Implantée à Gravelines

Aquanord, pionnière de l’économie circulaire

Après avoir connu plusieurs épisodes compliqués, dont une liquidation judiciaire, l’entreprise gravelinoise Aquanord (40 salariés) a repris le chemin de la croissance et des bénéfices en 2013 suite à sa reprise par le groupe français, Gloria Maris. A l’aube de ses 40 ans qu’elle fêtera en 2023, elle est désormais une pièce maîtresse de l’aquaculture française et européenne.

Bertrand Ritter, directeur d'Aquanord, pose à côté des bassins d'élevage de daurades avec Philippe Riera, dirigeant-fondateur du groupe Gloria Maris, propriétaire d'Aquanord depuis 2013.
Bertrand Ritter, directeur d'Aquanord, pose à côté des bassins d'élevage de daurades avec Philippe Riera, dirigeant-fondateur du groupe Gloria Maris, propriétaire d'Aquanord depuis 2013.

Aquanord s’est implantée en 1983 à Gravelines. Elle est la première entreprise de l’agglomération dunkerquoise issue de l’économie circulaire. Installée juste à côté de la centrale nucléaire, elle se sert, en effet, des eaux qui ont servi à refroidir le process de l’industriel pour fonctionner. «Sans cette eau de mer qui atteint une température de 11° supérieur au milieu naturel qu’EDF nous autorise à utiliser gracieusement, Aquanord n’existerait pas. Elle nous permet d’élever nos bars et nos daurades en deux à trois ans, au lieu de six dans le milieu naturel. Ainsi, notre activité d’élevage devient rentable», précise Bertrand Ritter, directeur du site.

Qualité de services et de produits

Plusieurs fois malmenée par la concurrence des pays méditerranéens et une stratégie de développement et de gestion hasardeuse qui la conduite jusqu’à la liquidation judiciaire, Aquanord s’est toujours relevée. Reprise en 2013 par le groupe français Gloria Maris, leader du secteur, l’entreprise gravelinoise est devenue, aujourd’hui, incontournable dans l’aquaculture française avec un savoir-faire et une qualité de produits unanimement reconnus en Europe. «Nous savons que nous ne ferons pas la différence sur les prix avec nos concurrents grecs et turcs. Alors, nous avons opté pour une qualité de services et de produits de très haut niveau. Ainsi, nous avons su nous démarquer et conquérir de nouveaux marchés», résume Bertrand Ritter. 

Cette qualité de service se retrouve, d’abord, dans les délais de livraison (24 heures maximum) et cela qu’elle que soit la distance et la quantité commandée par les clients (majoritairement mareyeurs, poissonniers, grossistes, super et hypermarchés et restaurateurs en France et dans les pays européens frontaliers). «Cela garantit une fraîcheur du poisson au top», se satisfait le directeur. 

A cela s’ajoute une qualité de marchandise haut-de-gamme, grâce à l’attention portée aux poissons, qui nagent constamment, dont on respecte le cycle de vie et qui sont nourris avec un aliment aux qualités nutritionnelles très importantes. «Cela a un impact considérable sur la qualité de la chair», insiste Bertrand Ritter. «Nos poissons ont le temps de grandir sans stress, sans maladie, entre 16 et 36 mois pour les bars et entre 14 et 24 mois pour les daurades. Et cela, nos clients en sont parfaitement conscients et c’est pour avoir cette qualité qu’ils se tournent vers nous, même s’ils paient le produit plus cher».

Produire une partie de l'électricité consommée

Aujourd’hui, Aquanord réalise un chiffre d’affaires annuel de 16 millions d’euros, emploie 40 salariés et produit 1 800 tonnes de bars et daurades par an. «Notre secteur d’activités ne pourra que se développer dans les années à venir car, toutes les prévisions montrent que la ressource naturelle se raréfie. Pour la préserver, le poisson d’élevage aura un plus grand rôle à jouer, d’autant que sa production affiche un bilan carbone beaucoup plus vertueux que d’autres productions animales. Notre objectif, à moyen terme, est donc de nous diversifier dans de nouvelles espèces de poissons», précise Bertrand Ritter.

En attendant, l’entreprise doit s’attaquer à un gros défi : Réussir à gérer l’augmentation exponentielle du prix de l’électricité, alors qu’elle en est grande consommatrice. «Nous en avons besoin pour faire fonctionner les énormes pompes qui nous ramènent 12 m3 d’eau à la seconde depuis la centrale nucléaire. Nous nous attendons à un doublement, voire à un triplement de la facture, en 2023. C’est compliqué parce que nous ne pouvons bien évidemment pas couper nos pompes et en même temps, répercuter les coûts sur le prix du poisson nous ferait perdre des marchés», se désole Philippe Riera, dirigeant-fondateur du groupe Gloria Maris. 

Une vraie inquiétude qui conforte le chef d’entreprise dans l’idée qu’Aquanord devra, dans les années à venir, produire partiellement l’électricité dont elle a besoin, soit par la pose d’éoliennes, soit par la pose de panneaux solaires. «C’est un investissement très important auquel nous ne couperons pas», conclut Philippe Riera qui veut, malgré tout, rester serein.