Apprentissage : les acteurs régionaux se mobilisent

Recruter 10 000 apprentis de plus d'ici deux ans en Nord-Pas-de-Calais où leur nombre a reculé de 3% l'an dernier... C'est l'objectif de la Région qui annonce des aides financières aux entreprises.

Apprentissage : les acteurs régionaux se mobilisent
Le Nord-Pas-de-Calais compte un peu plus de 21 000 apprentis.

Le Nord-Pas-de-Calais compte un peu plus de 21 000 apprentis.

 A l’heure où on semble avoir ouvert les yeux sur l’apprentissage comme voie royale vers l’emploi, les acteurs régionaux veulent montrer qu’ils sont mobilisés et affichent des ambitions. “La pertinence de la formation par l’apprentissage doit se jouer au niveau régional“, affirme Denis Jorel, directeur du CFA régional Nord de France. L’organisme affirme travailler main dans la main avec le Conseil régional et les entreprises pour développer l’apprentissage en Nord-Pas-de-Calais. Le 21 mai, aux Rencontres régionales de l’apprentissage au siège de Région, les acteurs ont adopté quelques mesures.

Ces mesures ciblent les difficultés de l’apprentissage dans une région  où le chômage des jeunes est l’un des plus élevés de France. Le Nord-Pas-de-Calais compte un peu plus de 21 000 apprentis. Un chiffre en baisse de 3 % l’an dernier. “Une baisse moindre que dans d’autres régions“, s’empresse-t-on de nuancer à l’ARDIR, l’association qui fédère les directeurs des CFA en Nord-Pas-de-Calais. Sur les 3,5% des employeurs qui accueillent des apprentis, les collectivités locales elles-mêmes figurent parmi les mauvais élèves. Et Denis Jorel de souligner l’une des caractéristiques de l’apprentissage en région : “L’apprentissage dans le supérieur se développe beaucoup, un peu au détriment des niveaux CAP et Bac professionnels qui ont tendance à diminuer.

“10 clés…”. Le principal frein au développement de l’apprentissage reste les stéréotypes liés aux métiers manuels. “Il y a quelques années dans la métallurgie, en moyenne 2,4 jeunes répondaient à l’annonce d’une entreprise qui souhaitait recruter un apprenti. Aujourd’hui on est descendu à 1,6. Malgré tous les efforts, l’apprentissage n’attire pas les jeunes“, fait savoir Patrice Pennel de l’UIMM Lille (voir encadré). C’est pourquoi l’une des “10 clés de la réussite pour le développement de l’apprentissage” – c’est ainsi qu’est appelée la série de mesures définies en région – consiste en information, orientation et promotion des parcours en apprentissage. “100% des jeunes du Nord-Pas-de-Calais doivent être informés sur les filières de l’apprentissage“, martèle Denis Jorel. Un autre tendon d’Achille de l’apprentissage en Nord-Pas-de-Calais : le décrochage. On estime qu’environ un jeune sur quatre abandonne en cours de formation. La lutte contre le décrochage passera par un accompagnement méthodique lequel sera assuré par des “conciliateurs” dans la trentaine de CFA que compte la région. Quant aux “développeurs”, autre personnel opérationnel du plan d’action régional, ils seront recrutés notamment dans les réseaux consulaires pour prospecter les entreprises, identifier les formations et trouver des jeunes.

La Région dit mettre la main à la poche. “Nous versons 1 000 € pour les entreprises moins de 21 salariés“, fait savoir Christophe Pilch, vice-président du Conseil régional chargé de l’apprentissage. Une aide qui s’ajoute aux mesures nationales pour développer l’apprentissage dont la plus emblématique reste la prise en charge par l’Etat de la rémunération de l’apprenti pour les entreprises de moins de 11 salariés. En région, le cap est mis sur l’embauche de 10 000 apprentis d’ici deux ans. Soit 2% de l’objectif national.

Ces métiers techniques qui manquent d’apprentis

La métallurgie est l’un des secteurs qui peine le plus à recruter des apprentis. “Il y a des métiers où l’on n’arrive pas à remplir les sections : la soudure, le tournage, le fraisage, la chaudronnerie, l’hydraulique etc. Il y a des centres de formation dimensionnés pour accueillir 1 000 jeunes et où on arrive péniblement à en recruter 800“, indique Patrice Pennel de l’UIMM Lille. On craint même la disparition ou la délocalisation de ces métiers techniques qui ne trouvent pas de candidats. “Par exemple à Seclin, Dassault Aviation qui fabrique des ailes d’avion ne trouve pas de chaudronniers“, indique Patrice Pennel.