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Saint-Quentin : Brod'N, la broderie dans la peau
Créée en 2009, l’entreprise Brod’N fait figure désormais d’institution à Saint-Quentin. À sa tête, une femme tenace, Annie Thaissart, tombée dans la broderie à l’âge de 16 ans, et qui ne l’a plus quittée depuis.
Le bruit régulier des trois machines à broder résonne dans l’atelier d’Annie Thaissart, de 8 h du matin à 19 h le soir. Les bobines de fils de toutes les couleurs se déroulent en continu. « Les plus utilisées sont le rouge, le noir et le blanc, détaille l’entrepreneuse de 59 ans, puis il y a les déclinaisons, les palettes de bleu, de jaune, de rouge etc. » Le carnet de commandes de Brod'N pour les deux premières semaines de septembre est plein, et le reste se noircit peu à peu.
Une clientèle répartie dans l'Hexagone
Dans l’atelier de 180 m2, on brode des logos, des dessins, des mots, sur des tee-shirts, des doudounes, des serviettes, des casquettes, mais aussi sur des sièges pour enfants ou des doudous.
« J’utilise un logiciel spécial, un client m’envoie une image, que je transforme en points de broderie. Je rentre les réglages selon la matière, éponge, polaire, coton… » Il faut être précis, minutieux et concentré, l’étape de la maquette est cruciale, pour qu’ensuite la machine réalise parfaitement la broderie.
Annie Thaissart travaille pour des clients dans toute la France. Notamment des associations sportives, basket, tennis, volley, et surtout le golf, pour les compétitions. Mais aussi des entreprises, des musées, des maisons médicales ou encore des ambulanciers.
Quand elle parle de son métier, la quinquagénaire est intarissable. Elle a démarré à 16 ans, un peu par hasard. « J’habitais un petit village dans l’Aisne, il n’y avait pas beaucoup de travail, à part la broderie, ou la boulangerie », se souvient-elle.
Cinq de ses frères et sœurs travaillaient déjà dans ce secteur, alors elle a suivi : « Je contrôlais les crocodiles pour Lacoste. » Mais à 19 ans, elle perd son emploi, et s’en suit plusieurs années de chômage : « C’était très dur, je n’avais pas de diplôme, je ne trouvais rien. »
Un parcours professionnel compliqué
Après avoir accouché de son deuxième fils, un coup de fil inespéré : on lui propose un poste dans une entreprise de broderie dans le Saint-Quentinois. « Un matin, je suis arrivée dans l’atelier, et toutes les machines avaient disparues, raconte-t-elle. Le directeur était aux abonnés absents. Je ne sais pas ce qui m’a pris, mais j’ai dit au grand patron que j’étais capable de reprendre l’activité ! »
Au culot, et avec une grande force de caractère, pendant une dizaine d’années, elle gère une équipe de cinq salariés. Mais l’entreprise périclite à cause d’erreurs de gestion. « J’avais 48 ans, l’âge où c’est encore plus difficile de retrouver un emploi. Je ne me voyais pas une nouvelle fois au chômage, à rester chez moi et à regarder Les feux de l’amour ! »
En 2009, Annie Thaissart décide de lancer son entreprise. « J’ai démarré avec une vieille machine, et quelques clients que je connaissais. » Le bouche à oreille fait le reste. Onze ans plus tard, l’entreprise tourne à plein régime. Elle compte désormais trois salariés, « la famille ! mon fils, ma cousine et ma belle-fille ».