Anios : la 4e génération, visionnaire et en innovation permanente

Leader mondial dans son secteur – la désinfection –, Anios n’en reste pas moins une entreprise familiale, gérée par deux frères, Bertrand et Thierry Letartre. De la fabrication des produits dans la maison familiale, ils sont passés aujourd’hui à deux usines ultra-modernes à Hellemmes et Sainghin-en-Mélantois. Cette dernière vient tout juste d’être agrandie.

40 personnes travaillent au centre de recherche et développement.
40 personnes travaillent au centre de recherche et développement.
D.R.

Thierry Letartre, directeur général des Laboratoires Anios, et Bertrand Letartre, président directeur général.

«Combattre ce qui ne se voit pas.» Depuis son origine, Anios agit partout là où l’hygiène est nécessaire. Cette idée de génie, c’est l’arrière-grand-père, Fernand Collet-Deleval, qui l’a eue en 1898, avec pour premiers clients les brasseries. «A cette époque, chaque village ou presque avait sa brasserie. Il a imaginé un produit non toxique, l’Anios1», se souvient Bertrand Letartre, président directeur général. Depuis, les clients ont changé avec la disparition progressive des brasseries mais le métier reste le même : concevoir des produits antimicrobiens et lutter contre l’invisible. S’ensuivent plusieurs événements tragiques : la destruction de l’usine pendant la guerre 14/18 (alors installée rue de la Grande-Allée, ex-rue Nationale). Puis sa reconstruction à Saint-André par le grand-père Letartre qui, en plus de l’industrie brassicole, se tourne vers l’industrie laitière et les transports. Arrive la Seconde Guerre mondiale, la famille part en exode en Bretagne : l’entreprise est alors occupée par des pompiers. Le redémarrage se fera non sans quelques péripéties que nous raconte le PDG : «On faisait beaucoup d’affaires entre amis, il n’y avait pas de contrats écrits. Un ami de mon grand-père lui a proposé de mettre sa fortune aux Etats-Unis. Mais on ne l’a jamais revu !» Ce qui n’empêche pas la reprise de l’activité à Saint-André, notamment grâce à l’implication de la mère de Bertrand et Thierry Letartre, Luce Letartre-Collet. Deux secrétaires et deux ouvriers plus tard, la production est lancée. Certes très artisanale mais efficace. «Il y a eu un élément déclencheur en 1968. Le commercial en charge du développement en France a voulu 50% des parts de la société. Ce que mon père n’a pas voulu. Il a donc pensé à la famille», se souvient-il. De fil en aiguille, la mère des deux dirigeants prend goût à la gestion de la société : elle suit des cours de finances et se forme à l’Institut Pasteur. Jusqu’à la rencontre avec un bactériologiste qui étudiait les produits d’Anios. Résultat : tout est à revoir, il y a beaucoup trop de formol ! Il imagine donc l’association de plusieurs molécules, des ingénieurs sont embauchés, c’est le début de la structuration de l’entreprise.

Nés pour innover. En 1974, Thierry Letartre est alors commercial dans un laboratoire : «il a vu de près des produits de désinfection mais pas vraiment efficaces», se rappelle son frère. Il l’évoque avec le professeur Leclerc du CHR de Lille qui approuve le produit d’Anios : le premier gros marché démarre avec le Centre Hospitalier régional. L’entreprise dégage un million de francs de chiffre d’affaires, une somme colossale à l’époque. Bertrand Letartre rejoint l’aventure deux ans plus tard. «Je connaissais l’entreprise parce que j’y travaillais l’été. Les bidons étaient dans le jardin, le bureau dans le salon, il y avait toujours une émulation. Je travaillais alors chez La Redoute, mes parents m’ont un peu poussé à venir. Mon objectif ? Remettre de l’ordre dans la maison et trouver une usine. Mais il n’y avait pas de trésorerie ! Il fallait faire des bénéfices et donc payer des impôts !» Mais autant dire qu’à l’époque, ce n’était pas tellement entré dans les mœurs… Il trouve une perle rare à Roubaix et y crée un laboratoire de chimie. L’activité se développe au-delà des hôpitaux du Nord-Pas-de-Calais. Roubaix devenant exigu, Anios déménage à Mouvaux en 1982. «On réalisait 10 millions de francs de chiffre d’affaires. Nous avons eu une commande énorme avec Colgate Palmolive», se souvient-il. S’ensuit un énième et définitif déménagement à Hellemmes en 1989, bâtiment qui reste aujourd’hui le siège de la société. Ne voulant pas se cantonner au marché français, Bertrand et Thierry se tournent vers l’international en 1995 et s’adossent à un grand groupe. «Nous avons rencontré le président d’Air liquide santé qui fabriquait des tables d’opération. Nous voulions nous  développer sur ce marché. On commençait à peine à parler des infections nosocomiales.» Air liquide entre au capital à hauteur de 66%, une collaboration aujourd’hui terminée. Un regret ? Pas vraiment, même si l’expérience a été enrichissante : «Ils n’ont pas été développeurs mais ça nous a appris les règles de gestion d’une entreprise du CAC 40, c’est un avantage.» Début octobre 2013, Bertrand et Thierry reprennent la majorité du capital (à 51%), le reste appartenant à Ardian, société d’investissement privée et indépendante (49%).

 

D.R.

L’usine de production : 60 salariés, 10 lignes de conditionnement, 500 matières premières, 2 000 tonnes de produits fabriquées chaque mois.

4 000 références en évolution permanente. Dégraissants, désinfectants, détergents, en spray, en bidon… Anios propose 4 000 références. L’entreprise de 450 salariés dans le monde (dont 350 à Hellemmes et Sainghin) est leader dans son domaine, présente aussi bien dans le milieu hospitalier que dans l’industrie, la cosmétologie, les collectivités… En France mais aussi à l’étranger. Italie, Suisse, Portugal, Argentine… la liste est trop longue pour être exhaustive. Anios exporte dans plus de 80 pays, réalisant 30 à 35% de son chiffre d’affaires à l’international pour une croissance de 12% en 2013.

 

Indispensable recherche. Sur le site de Sainghin-en-Mélantois, 40 personnes se consacrent à  la recherche appliquée afin d’améliorer les produits existants et en développer des nouveaux. Un travail colossal soumis aussi aux évolutions permanentes des réglementations environnementales. Le produit doit être efficace mais non toxique pour l’homme et l’environnement. Intégré en 2007, le centre de recherche et développement – d’un investissement de 2,5 millions d’euros – regroupe le laboratoire de chimie et formulation, de chimie analytique et de microbiologie sur 1 000 m2. Un bâtiment de logistique, nouvellement construit, sera bientôt exploitable pour stocker les milliers de produits fabriqués chaque jour. L’usine de production de 60 salariés connaît une croissance de 8 à 10% par an en termes de volumes. Chaque mois, ce sont 2 000 tonnes de produits qui transitent dans les huit cuves de fabrication. Partis de l’industrie, redirigés vers l’hôpital, les professions libérales puis les collectivités, Anios couvre aujourd’hui l’ensemble de ces marchés avec brio et veut en conquérir un autre : le grand public. L’entreprise lance un produit en partenariat avec Shiva (service ménage à domicile), «Anios pour la maison». «Nous voulons doubler de chiffre d’affaires d’ici cinq à sept ans. Nous avons les moyens de nos ambitions», poursuit Bertrand Letartre. Et comme il y aura toujours des bactéries et des virus, Anios n’a certainement pas fini de croître.

 

  1. “Ios” pour “infiniment petit” et «an» pour “anti”.

 

D.R.

40 personnes travaillent au centre de recherche et développement.