Amorcer une vraie filière

Rassemblés à l'occasion des 1res Assises régionale de la plaisance et du nautisme, les acteurs de la filière ont été sensibilisés à la notion de réseau, à l'importance de l'innovation, ainsi qu'au changement profond des modes de consommation des usagers.

On dénombre 28 800 bateaux immatriculés dans les Hauts-de-France.
On dénombre 28 800 bateaux immatriculés dans les Hauts-de-France.
D.R.

On dénombre près de 29 000 bateaux immatriculés dans les Hauts-de-France.

 

Organisées par le Pôle métropolitain, soutenues par la Région Hauts-de-France et la CCI Côte d’Opale, les premières Assises régionales plaisance et nautisme ont rassemblé tous les acteurs essentiels de la filière en région (élus, techniciens, ports de plaisance, prestataires de sports et de loisirs nautiques, entreprises, commerces, services, etc.) pour ce qui devait amorcer les fondations d’une véritable filière nautique. Tous sont venus prendre note des évolutions et perspectives de développement du secteur, des attentes des clientèles et des ports, ainsi que des enjeux, notamment en termes de formation et d’emplois. La filière représente en effet quelque 323 M€ de chiffre d’affaires et 2 213 emplois répartis dans toute la région. En plus d’un éclairage national apporté au travers du récit d’expériences menées dans d’autres régions, était abordée la question de la problématique régionale : leviers de croissance, acteurs, opportunité économique et touristique pour le territoire, etc. Trois tables rondes ainsi qu’une plénière suivie d’un débat auront permis à tous d’y voir plus clair et de faire différents constats : de la hausse du marché de l’occasion − “une opportunité qu’il convient de travailler” selon Eric Mabo, délégué général adjoint à la Fédération des industries nautiques (FIN) − à l’attractivité des activités de la plaisance, en passant par l’importance de l’export dans les entreprises du milieu (la France exporte 76,8% de sa production et est même leader mondial en voile et glisse). Malgré tout, le CA généré sur le marché français est en perte de vitesse. Pour rester compétitifs et faire repartir la courbe à la hausse, les industries et producteurs doivent rester compétitifs, autrement dit penser “innovation, international et avoir un positionnement fort sur le marché” selon l’expert. Pour les entreprises de négoce, maintenance et services, l’enjeu est de “gérer le passage de la propriété à l’usage, c’est-à-dire se réapproprier le marché de l’occasion en étant dynamiques et actifs, résumait Eric Mabo. De nouvelles règles sont en train de s’imposer. Il est nécessaire d’avoir une nouvelle approche de la filière“. Economie collaborative, recherche sur Internet, marché de l’occasion, location… aujourd’hui la clientèle privilégie l’usage à la propriété. Un exemple significatif, le boat club, un concept en vogue aux USA qui permet de toucher une clientèle plus large en misant sur la facilité d’utilisation, la convivialité, la diversité, la relation client et la présence sur les réseaux sociaux. “C’est un changement durable, pas un effet de mode, même si l’essentiel des métiers resteront les mêmes“, insistait le représentant de la FIN. Changement auquel participe également le numérique. Avec sa plate-forme de e-commerce, qui propose aussi un carnet d’entretien en ligne, un outil de gestion à destination des professionnels, un référentiel de bonnes pratiques et d’autres services, Emmanuel Vandenbrouck dispose en prime d’un outil de compréhension du marché. Pour lui, le numérique est “une opportunité pour le professionnel de pouvoir se développer. C’est un nouveau canal de distribution, le prolongement de la boutique physique et l’occasion pour l’ensemble du réseau de monter en compétences“. Au niveau régional, où la culture nautique est moins importante que dans d’autres régions françaises, “le point positif est qu’il y a une marge d’évolution possible“, commentait Philippe Delahousse, président de la CCI Côte d’Opale : mettre les ports aux normes des standards européens, obtenir des labels de qualité reconnus de la clientèle, créer un club d’entreprises du nautisme, renforcer la formation, développer une plate-forme collaborative pour suivre l’évolution de la filière, définir une stratégie de marketing territorial, créer des services pour fidéliser la clientèle…  “La filière entame un tournant dans l’innovation, confirmait Natacha bouchard, vice-présidente à la Région. Il faut créer les conditions pour que ces lieux soient attractifs, agréables et génèrent plus d’impacts sur l’économie locale parce qu’il y a un vrai potentiel de développement et d’emploi. Mais cela nécessite l’engagement de tous“, concluait l’élue.

Encadré

Eclairage dunkerquois avec Delphine Salomé, directrice du Syndicat mixte Dunkerque Neptune

Le réseau va nous rendre meilleur

On s’oriente vers des opérations importantes dans les prochains mois, à commencer par une opération de dragage pour rendre la zone accessible à tout moment, notamment pour les grands voiliers avec plus de deux mètres de tirant d’eau. C’est une première étape au projet d’extension 2017/2018. L’idée est de compléter l’offre actuelle pour capter la clientèle locale mais aussi étrangère, celle qu’on voit en saison et qu’on aimerait également voir hors saison. Notre objectif est de jouer sur l’animation des ports, de revoir notre politique tarifaire et l’offre de services. Aujourd’hui, le plaisancier ne cherche plus seulement une place dans le port, il y a une pratique nouvelle. Il y a d’ailleurs quelque chose à approfondir avec les offices de tourisme et les associations qu’il faudrait associer au développement. On doit aussi faciliter l’inclusion des plaisanciers dans le Dunkerquois : vers le centre-ville, les grands équipements, la plage… Le port doit être un lieu de vie et apporter une clientèle potentielle au commerce local. Il faut créer du lien, en faire la promotion et que tout le monde y trouve son compte. Le réseau va nous rendre meilleur.

 

Encadré

 

La plaisance sur le littoral Hauts de France en chiffres

270 km de littoral

681 km de canaux et rivières

150 M€ de CA de la filière nautique (2012)

28 800 bateaux immatriculés

3252 permis délivrés (2014)

222 entreprises qui représentent 806 emplois et 174 M€ de CA

265 sites de sports et loisirs nautiques qui pèsent 35 M€ de CA et 600 emplois