Aisne : le budget 2025 suscite la plus grande inquiétude
Le Conseil départemental de l'Aisne est toujours pris dans un étau budgétaire. Les contraintes ont déjà pesé sur le budget 2024 et pèseront davantage encore sur le budget 2025 qui suscite les plus vives inquiétudes. Si le Département va tâcher d'être au rendez-vous de ses compétences obligatoires, il prévient ses partenaires (communes, syndicats mixtes, associations culturelles et sportives) qu'il ne pourra pas les aider au même niveau qu'avant.
« 2025 sera-t-elle l'année du coup de grâce ? Je me le demande sincèrement », annonce en début de séance Nicolas Fricoteaux, Président du Département de l'Aisne. Le 14 octobre, l'assemblée départementale était réunie pour voter une décision modificative au budget 2024. Avec des coups de rabots, des ajustements, des reports et un emprunt, l'exercice avait pu être bouclé, non sans mal. Mais pour 2025, il n'y aura pas le choix, il va falloir trancher dans les aides aux communes, associations et usagers. Le Président fait ainsi le tour des arrondissements du département pour prévenir chacun qu'il ne faudra pas trop compter sur les subventions habituelles. C'est en effet face à un « mur budgétaire » que l'Aisne va être confronté en 2025 avec 40 à 50 millions d'euros à trouver.
Recentrage sur les missions prioritaires
L'Aisne va devoir se recentrer sur ses missions prioritaires (650 000€ de Dotation globale de fonctionnement supplémentaires pour les collèges pour cette année scolaire et maintien des dispositifs divers) et abandonner ses politiques volontaristes. « Nous allons devoir baisser voire geler la quasi-totalité de nos partenariats parce que, pour certains, ils relèvent davantage de la responsabilité de l’État ou de celles d’autres niveaux de collectivités », annonce Nicolas Fricoteaux. Il rappelle que les bourses aux étudiants, les aides aux voyages scolaires n'ont pas été reconduits. Les missions locales et les foyers de jeunes travailleurs ne seront pas non plus financés. En revanche, l'APV (Aisne partenariat voirie) qui aide les communes à rénover les voiries, sera maintenu. L'API (Aisne partenariat investissement) devrait quant à elle baisser.
« D’une manière
générale, nous allons devoir recalibrer fortement notre niveau
d’engagement pour la plupart de nos dispositifs : sport –
culture – éducation populaire – mémoire, annonce le
Président. Ces baisses de subventions seront adaptées de manière à
ne pas en remettre en cause l'existence de chacun. » En matière
d'insertion, « la participation aux chantiers d’insertion
sera réajustée à la hauteur moyenne de celle constatée pour les
départements des Hauts-de-France ». Des efforts seront par
ailleurs également déployés pour réformer la prise en charge de
la dépendance.
Le recalibrage de l'action du Département n'est pas encore une garantie de sa survie en 2025. « Je ne suis pas encore certain de boucler le budget 2025 et sinon, je remettrai les clés au préfet, confie Nicolas Fricoteaux lors d'un point presse après la session départementale. Les départements sont enfermés dans un cycle budgétaire intenable et particulièrement les plus fragiles dont l’Aisne. Sans une réforme en profondeur du financement de la solidarité nationale, les départements sont condamnés à s’éteindre. » S'il ne veut pas se montrer fataliste, Nicolas Fricoteaux entend continuer à mener un débat constructif avec le gouvernement pour rénover en profondeur le modèle social de la France et son financement. L'Aisne n'est pas le seul département à se retrouver en grande difficulté financière et la Cour des Comptes a alerté cet été sur leur état financier « dégradé ».