Visite ministérielle à Lumbres

Agnès Pannier-Runacher appelle les industriels à la décarbonation

Le 9 novembre dernier, Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique s’est rendu à la cimenterie Eqiom de Lumbres. L’occasion d’aborder les enjeux autour de l’accélération de la décarbonation de l’industrie. Retour sur ce déplacement.

Au lendemain de la réunion réunissant les 50 sites industriels les plus émetteurs de gaz à effet de serre, Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique s’est rendu à la cimenterie Eqiom de Lumbres. ©Aletheia Press/L.Saleur
Au lendemain de la réunion réunissant les 50 sites industriels les plus émetteurs de gaz à effet de serre, Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique s’est rendu à la cimenterie Eqiom de Lumbres. ©Aletheia Press/L.Saleur

Le Gouvernement se rend sur le terrain ! Plusieurs ministres étaient en déplacement, le 9 novembre dernier, pour échanger sur les dispositifs proposés aux industries afin de répondre aux enjeux de décarbonation. Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique a ainsi fait escale à la cimenterie Eqiom de Lumbres. Un déplacement qui fait suite à la réunion, autour d’Emmanuel Macron, la veille à l’Elysée, des responsables des 50 sites industriels les plus émetteurs de gaz à effet de serre. Parmi-ceux-ci, neuf se situent dans les Hauts-de-France, dont la cimenterie de Eqiom. Un bilan qui place la région à la seconde place en termes de pollutions industrielles.

Atteindre la neutralité carbone et créer de l’emploi

Agnès Pannier-Runacher a rappelé les objectifs du gouvernement. «Nous devons parvenir à 55% de réduction de gaz à effet de serre d’ici 2030 et à la neutralité carbone. Les usines représentent, à l’échelle nationale, 20% des émissions de dioxyde de carbone. Nous devons les accompagner dans cette transition, mais les industriels doivent se prêter aux règles».

Pour autant, les enjeux autour de l’emploi ne sont pas oubliés. «Ces dernières années, nous avons détruit de l’emploi industriel. Le territoire en a souffert et l’empreinte carbone a augmenté. Nous avons les capacités pour rebondir», ajoute Agnès Pannier-Runacher. La ministre s’est d’ailleurs réjouit des «50 000 emplois dans l’industrie créés lors du précèdent quinquennat d’Emmanuel Macron» et a exprimé son souhait de continuer sur cette lancée.

Le temps des solutions

Et pour avancer, des solutions se développent petit à petit. «Comme on l’a vu lors de la réunion à l’Elysée, les solutions sont l’hydrogène et la capture et le stockage du dioxyde de carbone. On a un écosystème favorable à ces solutions qui pourrait nous assurer une indépendance au niveau de l’énergie», s’enthousiasme Agnès Pannier-Runacher. Des voies précisément en cours d’exploration avec le projet de Hub C02 à Dunkerque. Des projets aux budgets colossaux. Mais le gouvernement entend faire une priorité de l’environnement. En octobre dernier, il a ainsi annoncé 5 millions supplémentaires dans le cadre de son «budget vert».

La cimenterie Eqiom s’est engagée dans la modernisation de son process pour répondre aux enjeux environnementaux. © Aletheia Press/L.Saleur

La première cimenterie européenne neutre en carbone

Le secteur industriel a cependant déjà entamé des changements. À l’image de la cimenterie d’Eqiom engagé dans une véritable mutation. «Avec notre programme K6, nous voulons devenir la première cimenterie européenne neutre en carbone», proclame Roberto Huet, PDG du site, devant les élus locaux. «La visite d’aujourd’hui montre que notre projet se concrétise», poursuit-il.

De quoi conforter la ministre de la Transition énergétique qui a découvert le projet de modernisation qui entend répondre de façon ambitieuse aux enjeux environnementaux. «Nous allons créer un nouveau four de cuisson, la phase 1 de notre projet, et mettre en œuvre une solution de captage du dioxyde de carbone, en partenariat avec Air Liquide, lors de la phase 2», détaille Roberto Huet.

Retenus par l’Europe, la cimenterie de Lumbres et son partenaire Air Liquide ont reçu au mois de juillet une subvention Innovation Fund de la Commission Européenne pour la phase 2. «Nous allons recevoir une subvention de l’Etat pour la phase 2, mais nous ne savons pas le montant exact», conclut le PDG d’Eqiom. L’objectif de K6 est d’arriver à capter près 8 millions de tonnes de dioxyde de carbone sur les dix premières années exploitation. Mais il faudra attendre 2028 pour sa mise en fonction.

Neuf sites en Hauts de France parmi les 50 les plus émetteurs de gaz à effet de serre


Parmi les 50 sites industriels les plus émetteurs de gaz à effet de serre, 9 sont situés dans les Hauts-de-France. Dans le Nord, on trouve ainsi le site Arcelor Mittal à Dunkerque, Versalis France à Mardyck et Aluminium Dunkerque. Du côté du Pas-de-Calais, il s’agit du site de Chaux et dolomies du Boulonnais à Réty, celui d’Eqiom à Lumbres, de Roquette à Lestrem, la Verrerie d’Arques et Tereos à Lillers. En comptabilisant l’ensemble des émissions de gaz à effet de serre que rejettent ces sites, les Hauts-de-France se hissent à la deuxième place des régions les plus polluantes de France, juste derrière le Grand-Est. La totalité des 50 sites les plus émetteurs représentent aujourd’hui 43 millions de tonnes équivalent CO2 c’est-à-dire 55% des émissions de l’industrie. L’objectif pour ces 50 sites est de diviser par deux leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici dix ans.