Adhérer à un réseau pour se sentir plus fortes
Présidente de l'association Femmes chefs d'entreprises (FCE) Grand Lille et dirigeante d'un centre de formation à Lille, Odile Lepercq affiche un parcours professionnel sans embûches. Ce n'est pas le lot de toutes les femmes décideurs, souvent noyées dans une masse masculine.
La réussite de son parcours est aussi franche que le sourire qu’elle garde aux lèvres. Odile Lepercq a créé Carpe Media, un centre de formation multimédia pour salariés, en 2008, à Lille. Un an plus tard, elle adhère à l’association Femmes chefs d’entreprises (FCE) et gagne le trophée FCE. Depuis avril, elle est présidente de la délégation Grand Lille du réseau. Son histoire au sein du club a réellement débuté par un premier rendez-vous à la CCI en 2008, alors qu’elle commençait seulement à réfléchir à son projet de création d’entreprise. «Dans les bureaux, j’ai vu une annonce pour candidater au trophée FCE et je me suis dit ‘je le veux’. J’avais sûrement besoin de reconnaissance», se souvient-elle. En 2009, une rencontre fortuite avec un membre de l’époque a confirmé son envie d’adhérer à l’association. La reconnaissance qu’elle cherchait, Odile Lepercq l’a effectivement trouvée : «J’ai remarqué que le trophée m’avait donné de la crédibilité, même auprès de ceux qui ne connaissent pas FCE, simplement pour le fait d’avoir été récompensée», s’amuse la dirigeante.
La clé de la mixité
Odile Lepercq assume sa féminité en entreprise. Selon elle, la mixité est essentielle dans le monde économique. «Il ne faut pas forcément chercher à fonctionner comme un homme pour se faire une place. Au contraire, les apports masculins et féminins sont complémentaires. Une production uniquement féminine serait différente d’une production uniquement masculine. Une production mixte serait, quant à elle, encore différente, et peut-être plus complète.» Son associé est d’ailleurs un homme. Avant de créer Carpe Media, Odile Lepercq travaillait dans une entreprise de formation PAO qu’elle avait cocréée. «Mais c’était devenu une grande structure, ça ne me correspondait plus, et j’ai décidé de quitter mon poste. C’est là que j’ai voulu créer ma propre entreprise, à taille humaine, pour mieux accompagner les gens. C’est peut-être mon côté féminin protecteur, rit-elle. Mon associé était un partenaire de l’entreprise dans laquelle je travaillais précédemment.» Aujourd’hui, la chef d’entreprise dirige une vingtaine de formateurs. «Ils sont tous indépendants et dispensent des cours ailleurs. Je tiens à ce qu’ils fassent autre chose à côté pour qu’ils s’adaptent aux nouveautés et qu’ils ne restent pas coincés dans ce qu’ils connaissent déjà.» Les formations proposées sont courtes mais intensives, par groupe de quatre personnes maximum. Sa clientèle compte des grands groupes, des banques ou des agences qui cherchent à améliorer l’utilisation de leurs outils techniques de communication.
Aucun tabou entre femmes
Odile Lepercq l’avoue : ne pas avoir connu de grosses difficultés en tant que femme dans sa carrière est une chance. En y réfléchissant, elle confirme pourtant avoir subi des différences de traitement de valeur. «Au début de ma carrière, un client m’a fait remarquer qu’on me posait beaucoup de questions pour s’assurer de mes compétences. Je ne m’en étais jamais rendu compte avant. Je pensais que ces questions étaient normales, et qu’on posait les mêmes aux hommes. Il s’avère que non. Au FCE, je sais que certains membres peinent à décrocher des crédits.» Présidente de la délégation Grand Lille de l’entité, elle présente Femmes chefs d’entreprises comme un réseau d’entraide, de bienveillance et de partage. Une fois par mois, les membres se rejoignent à l’Hermitage Gantois pour une réunion thématique. Récemment, des thèmes tels que la RGPD ont été abordés. «Il ne s’agit pas de parler exclusivement de thématiques féminines. Nous sommes un réseau de femmes qui parlent business en général, mais il y a moins de tabous. Entre femmes, on peut évoquer nos faiblesses.» Odile Lepercq justifie aussi l’existence d’un réseau féminin par le phénomène d’isolement des femmes dirigeantes. «Dans cet environnement professionnel, les femmes sont noyées dans la masse. Elles ne représentent qu’à peu près 30% des dirigeants en France. Donc, en se retrouvant, on se sent plus fortes.»
Date marquante. «Il y en a plein ! La vie est faite de dates marquantes qui ne sont pas comparables. Il y en a aussi bien sur le plan personnel que professionnel.»
Lieu marquant. «Les plages du Nord, pour leur espace et leurs couleurs changeantes.
Femme inspirante. «Simone Veil. Elle incarne la modernité et l’intégrité dans sa défense des femmes et dans sa posture politique. C’est une femme qui a pris des risques.»