Initiatives

Abbeville inaugure son épicerie sociale et solidaire Arc-en-ciel

Un an après sa mise en service, l'épicerie sociale et solidaire d'Abbeville se veut un espace où les bénéficiaires sont acteurs de leurs parcours. L’ambition est notamment de lutter contre les exclusions sans assistanat et ce dans le respect de la dignité des personnes. 


Patrick Dairaine, adjoint au maire en charges des Affaires sociales et de l’insertion, et Annick Lemaire, la directrice du CCAS d’Abbeville.
Patrick Dairaine, adjoint au maire en charges des Affaires sociales et de l’insertion, et Annick Lemaire, la directrice du CCAS d’Abbeville.

Près de 250 familles ont été accueillies à l’épicerie sociale et solidaire Arc-en-ciel d’Abbeville. Elle a été aménagée dans une ancienne école au 6, grande rue de Thuison. Entre le 1er janvier et le 31 aout, ce sont 250 familles qui y ont été accueillies (elle était initialement prévue pour recevoir entre 80 et 130 foyers). Ces familles sont envoyées par le Centre communal d’action social (CCAS) en fonction de leur reste à vivre, somme en euros fixée à 8 euros par jour et par personne présente dans le foyer. C’est près de 25 000 euros de valeur marchande qui ont été écoulés pour une participation de 4 342 euros.

« Le bénéficiaire reste acteur, présente Annick Lemaire, la directrice du CCAS d’Abbeville. Il règle sa facture. Par exemple, si elle est de 8 euros, en valeur épicerie, elle est de 40 euros. Ainsi, le kilo de pommes de terre est à 0,25 centime alors que dans le commerce, il est à 1,25 euro. Tous ces chiffres, nous les mettons en rayon sous les produits. L’aide obtenue et les économies réalisées par le biais de l’épicerie doivent aider l’usager à la réalisation de son projet, durant sa période d’accès à l’épicerie. Dans le cadre de colis d’urgence ou de personnes de passage, il n’y a pas de participation de demandée. »

Cet espace est donc réservé à un public (personnes en rupture, familles monoparentale, travailleurs précarisés, retraités et personnes âgées précarisées…) répondant aux modalités et critères d’accès ayant un besoin économique identifié dans le temps suite par exemple à une panne de voiture, de l’électroménager à changer… Il fonctionne du lundi matin au vendredi soir, sauf le mardi matin, jour de réception des produits. Il est tenu par une coordinatrice qui gère entre autres les commandes, les relevés de température et par un agent à mi-temps : « Les gens remercient toujours, confie Corinne Verdure, la coordinatrice. Ils sont polis, aimables. »

Seuls 20% restent à la charge des bénéficiaires.

Les produits alimentaires proviennent de la Banque alimentaire de Longueau, du chantier d’insertion maraîchage de la ville (qui bénéficie d’une seconde serre) pour les légumes, du chantier d’insertion Andes du MIN de Rouen pour les fruits, et, pendant la période hivernale, des achats effectués par le CCAS auprès d’une enseigne locale, de dons de diverses enseignes (Intermarché à Abbeville, Pasquier à Vron, Mesnil services à Vauchelles-les-Quesnoy, La chambres aux confitures de Flixecourt), des particuliers (pommes, noix, vêtements, chaussures, équipements pour bébés…), le Carmel pour les pommes. Un rayon animaux a même été pensé. Un véhicule frigorifique sponsorisé par différentes enseignes locales permet de transporter les denrées alimentaires en respectant les normes en vigueur.

« L'épicerie sociale ne se substitue pas aux dispositifs existants. Elle œuvre en complémentarité avec les acteurs de l’aide alimentaire, de l’action sociale et de l’insertion », ajoute Pascal Demarthe, maire d’Abbeville et président du CCAS. En effet, elle se veut aussi un lieu d’écoute et d’échanges où sont organisées de nombreuses activités créatrices de lien social pour travailler en partenariat avec la Mission locale en faveur de l’insertion professionnelle des jeunes et des adultes éloignés de l’emploi, renforcer les échanges avec des travailleurs sociaux du département et les référents RSA, orienter vers le le service santé pour des bilans, accompagner vers différentes associations de lutte contre les violences, lutter contre le surendettement.

À noter que des ateliers (smoothies, compotes, budget, ateliers de créations, coutures, participation au fonctionnement de l’épicerie…) sont organisés afin que les bénéficiaires retrouvent confiance et estime de soi. Une cuisine, un espace salle de bain, une buanderie pour laver et faire sécher son linge sont en projet. La dotation politique de la ville se monte à 34 873 euros, celle de la Fédération régionale de l’Alimentation, de l‘agriculture et de la forêt est de 19 420 euros. Concernant l’investissement et fonctionnement CCAS, l’Association nationale des épiceries solidaires (ANDES) apporte 2 000 euros d’aide à l’investissement, le Conseil départemental de la Somme 21 550 euros pour le fonctionnement et la ville 15 000 euros.

Corinne Verdure, la coordinatrice de l’épicerie sociale et solidaire.