A travers l'Asie, l'essor de liaisons ferroviaires soutenues par la Chine

Le Vietnam va construire une nouvelle ligne de chemin de fer avec la Chine, dernier en date d'ambitieux projets ferroviaires soutenus par Pékin dans la...

Capture d'écran de la télévision Lao National TV, prise le 16 octobre 2021, montrant des officiels laotien et chinois, réunis à Ventiane, à l'occasion du lancement de la première ligne de chemin de fer au Laos © STR
Capture d'écran de la télévision Lao National TV, prise le 16 octobre 2021, montrant des officiels laotien et chinois, réunis à Ventiane, à l'occasion du lancement de la première ligne de chemin de fer au Laos © STR

Le Vietnam va construire une nouvelle ligne de chemin de fer avec la Chine, dernier en date d'ambitieux projets ferroviaires soutenus par Pékin dans la région, de l'Indonésie au Laos.

Tour d'horizon de ces chantiers achevés ou en construction, s'inscrivant dans le cadre des infrastructures des "Nouvelles routes de la Soie" lancées par la Chine pour renforcer son influence.

Laos: bonheur des touristes et commerçants chinois, l'ombre de la dette

Le Laos a inauguré fin 2021 une voie ferrée visant à connecter la capitale Vientiane à Kunming, dans la province du Yunnan (sud de la Chine). Un chantier à 5,9 milliards de dollars financé en majeure partie par des fonds et prêts chinois, Pékin contrôlant 70% de l'infrastructure.

Les analystes s'alarment des sérieuses difficultés de remboursement pour le Laos, dont l'endettement représentait alors trois-quarts du produit intérieur brut (PIB) - il a gonflé à 116% en 2023. Pour ce pays de 8 millions d'habitants, la rentabilité du projet semble incertaine.

Cinq trains à grande vitesse partent quotidiennement de Vientiane: l'un franchit la frontière en direction Kunming (trajet total en 9 heures et demie), trois relient Vientiane et la ville laotienne de Luang Prabang, le dernier rejoint la ville frontalière de Boten.

Une aubaine pour les touristes chinois, plus nombreux à affluer, mais aussi pour les commerçants chinois installés au Laos.

"C'est très pratique de se faire envoyer des produits ici. Avant, cela pouvait prendre 15 jours ou même un mois, maintenant c'est une semaine ou maximum 10 jours", a indiqué récemment à l'AFP Chen Quanbo, qui vend à Vientiane des sacs et valises importés de Chine.

Thaïlande: vaste chantier pour rejoindre le tronçon laotien

Avec une décennie de retard, la Thaïlande a donné en 2017 le coup d'envoi d'un colossal chantier à 5,4 milliards de dollars pour construire la ligne TGV qui reliera Bangkok au tronçon laotien déjà en activité et donc à Kunming.

Cette ligne, longue de quelque 600 kilomètres, entend améliorer les échanges commerciaux sino-thaïlandais. Un premier tronçon doit entrer en service en 2028, le second en 2032.

Le projet est là encore soutenu par la Chine, mais à l'inverse du Laos, Bangkok a bataillé pour prendre en charge le coût, gage de son indépendance.

En raison d'une différence d'écartement des rails avec ses voisins, le pays n'avait d'autre choix que de construire une nouvelle voie.

Une extension future jusqu'à la Malaisie et Singapour a été envisagée.

Indonésie: ligne TGV inédite, signe de modernisation

L'Indonésie a inauguré en octobre 2023 sa première ligne de train à grande vitesse, jusqu'à 350 km/h, qui relie les 142 kilomètres entre la capitale Jakarta à Bandung en 45 minutes - deux heures de moins qu'auparavant. 

Co-construite par quatre compagnies nationales indonésiennes et China Railway International, l'infrastructure a coûté au bout du compte quelque 7 milliards de dollars et a été saluée comme "un symbole de la modernisation des transports publics" par Joko Widodo, alors président.

Malaisie: sur les rails après des déboires

En Malaisie, une ligne de 665 km, reliant les côtes est et ouest de la péninsule jouxtant la Thaïlande, est en construction, pour un coût d'environ 10 milliards de dollars - financés en partie par Pékin. L'achèvement est prévu d'ici fin 2026.

Le projet avait été abandonné en 2018, quand les nouveaux dirigeants malaisiens cherchaient à réduire une dette nationale colossale, avant d’être relancé avec un coût nettement abaissé.

Kuala Lumpur a indiqué l'an dernier envisager d'étendre cette ligne jusqu'à la frontière avec la Thaïlande pour renforcer les liens économiques avec ses voisins.

Chine-Kirghizstan-Ouzbékistan: pont vers l'Asie centrale

En décembre dernier, le président kirghiz Sadyr Japarov a lancé officiellement la construction d'un chemin de fer d'une longueur totale de 523 km qui reliera Kachgar, au Xinjiang (nord-ouest de la Chine) à Andijan (Ouzbékistan), en passant par Djalal-Abad (Kirghizstan).

"Cette voie pourra assurer la livraison des marchandises venant de Chine au Kirghizstan et plus loin en Asie centrale, vers le Proche-Orient, la Turquie et même l'UE", assure M. Japarov.

Le projet, dont le coût pourrait atteindre 8 milliards de dollars, prévoit l'aménagement de voies dans des zones montagneuses ou recouvertes de permafrost.

Vietnam: voie ferrée au profit de l'industrie

Le Parlement vietnamien a approuvé mercredi la construction d'une nouvelle ligne reliant le grand port d'Haiphong à la Chine du sud, pour un montant de quelque 8 milliards de dollars financé en partie par Pékin

La ligne de quelque 390 km desservira de grands sites manufacturiers vietnamiens où sont installés Samsung, Foxconn, Pegatron et autres géants mondiaux de l'électronique, pour beaucoup dépendants de l'arrivage régulier de composants depuis la Chine.

Une autre ligne, pas encore approuvée, doit à terme relier Hanoï à la province de Lang Son, qui borde la région chinoise de Guangxi, en traversant une autre vaste zone d'implantation d'usines étrangères.

Pakistan, Birmanie: projets en suspens

Il existe depuis plus d'une décennie un projet de ligne ferroviaire qui relierait la région chinoise du Xinjiang au port de Gwadar, sur la côte pakistanaise, au sein d'un "corridor économique". Mais les discussions stagnent: les reliefs complexes entraîneraient des coûts exorbitants.

Un chemin de fer reliant le Yunnan à Mandalay (Birmanie) avait aussi été envisagé, mais est au point mort en raison du conflit birman.

Des projets ferroviaires que Pékin comptait financer aux Philippines ont, eux, été annulés en raison des tensions diplomatiques entre les deux pays.

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