Présentation de projets de décarbonation à Tournehem-sur-la-Hem

La Commission «Nouveaux projets» du Secrétariat Permanent pour la Prévention des Pollutions Industrielles (SPPPI) a présenté le 26 juin dernier, à Tournehem-sur-la-Hem, les futures installations dédiées à la décarbonation de l’industrie. Compte-rendu de séance publique.

L'assemblée présente lors de la présentation des trois projets de décarbonation des territoires alentours à Tournehem-sur-la-Hem. © Aletheia Press/Morgan Railane
L'assemblée présente lors de la présentation des trois projets de décarbonation des territoires alentours à Tournehem-sur-la-Hem. © Aletheia Press/Morgan Railane

Le tournant de la décarbonation semble pris, et ce, à l’écoute des acteurs privés et publiques. En effet, quatre entreprises (Eqiom, Air Liquide, Dunkerque LNG, exploitant le terminal méthanier, et Lhoist, producteur de Chaux à Réty) ont formé un partenariat avec un acteur public afin de réaliser une série d’investissements qui doivent permettre de réduire les émissions de CO2 et de les transporter jusque sur la Côte d’Opale.

Eqiom, cimentier suisse établi à Lumbres, a lancé son programme «K6» il y a déjà une année. Dernière cimenterie au nord de Paris, l’usine de Lumbres doit devenir, la première en Europe, neutre à l’horizon de sa mise en service en 2028. Le procédé est double : il consiste à construire un nouveau four qui utilisera moins de clinker. «30 à 40% de nos émissions de CO2, celles liées à la combustion, sont évitables» rappelle Sylvain Caudron, directeur Environnement d’Eqiom. 

Puis, dans l’installation d’une unité Cryocap Oxy (fournie par Air Liquide) qui en 4 étapes neutralise le CO2 : refroidissement, lavage (à consommation constante d’eau) et dépoussiérage des fumées ; compression et séchage ; séparation cryogénique du CO2 et mise sous membranes avant expédition via des canalisations conçues et posées par Air Liquide. La réduction des émissions prévue sera de 808 000 tonnes par an. Pour ce projet industriel, Eqiom pourra compter sur le Fond Européen d’Innovation (FEI) qui abonde de 153 millions d’euros.

Transporter le CO2 vers la Côte d’Opale

Plus haut vers la Côte d’Opale, le site de production de Chaux du groupe Lhoist est l’autre pôle de décarbonation - projet «Calcc» appelé à jouer sa partition de réduction des émissions de CO2. S’il ne modifie pas ses 9 fours, Lhoist installe une unité Cryocap FG, dispositif voisin du Cryocap Oxy de son confrère cimentier. L’industriel met également en œuvre le développement des énergies renouvelables pour la production d’électricité, et celui des combustibles à faible émission de CO2. Le groupe belge entend aussi remplacer partiellement sa lignite par des pellets et déplacer sa cheminée. Le site de Réty devrait voir baisser ses émissions de 87%. Là encore, le FEI contribuera à hauteur de 125 millions d’euros. Pour les deux industriels, deux nouvelles lignes électriques seront installées par RTT et des systèmes de traitement des eaux.

Concomitamment, à ces outils de décarbonation, un troisième projet vient les compléter. Nommé «D’Artagnan», il concerne le transport du CO2 neutralisé par les deux sites industriels. Dunkerque LNG y investira 220 millions d’euros pour des travaux qui commenceront en 2024. Partant de Réty et de Lumbres, ce réseau de canalisation en acier carbone de 20 à 30 centimètres de diamètre, acheminera le CO2 vers le port de Loon-Plage, mais il servira aussi au transport de l’oxygène produit à Grande-Synthe vers le site de Lumbres. Avec ses travaux, ce triple projet conduira à l’embauche d’une dizaine d’emplois supplémentaire à Lumbres, et une autre dizaine à Réty.