A Toulon, le RN version Bac Nord conquérant face à un irréductible macroniste

A Toulon, le député macroniste sortant se voit comme Astérix, irréductible résistant dans son "village gaulois" dans un Var bleu marine. Mais la bataille s'annonce âpre face au candidat du Rassemblement national, un ex-policier de...

L'ex-policier de la Bac de Nord de Marseille Sébastien Soulé devant le palais de justice de la ville, le 22 avril 2021 © Christophe SIMON
L'ex-policier de la Bac de Nord de Marseille Sébastien Soulé devant le palais de justice de la ville, le 22 avril 2021 © Christophe SIMON

A Toulon, le député macroniste sortant se voit comme Astérix, irréductible résistant dans son "village gaulois" dans un Var bleu marine. Mais la bataille s'annonce âpre face au candidat du Rassemblement national, un ex-policier de la Bac Nord de Marseille, en ballottage favorable.

Lundi matin, ça sentait la javel dans la permanence du RN de la capitale varoise. Des militants remettaient tout en place après la célébration de dimanche soir, avec la réélection dès le premier tour de cinq députés RN sortants du département, du jamais vu. 

En lice à Toulon, Sébastien Soulé est lui arrivé largement en tête (42,28%) devant le député sortant Renaissance Yannick Chenevard (31,37%) et le candidat Insoumis du Nouveau Front populaire, Eric Habouzit (22,38%), qui a annoncé son désistement mardi matin, pour "faire barrage" au RN. 

46 ans, allure sportive et accent du sud, ce candidat est un novice en politique mais pas totalement inconnu. Il était l'un des "baqueux" mis en cause dans le procès de la Bac Nord de Marseille. Mais il avait été finalement relaxé en 2021, comme six autres des 18 prévenus, après "neuf ans d'une vie en sursis", raconte-t-il aujourd'hui.

Son histoire a inspiré l'un des personnages principaux de "Bac Nord", film de Cédric Gimenez. Après cet épisode, il s'était tourné vers le syndicalisme chez Alliance Police Nationale, avant donc de se lancer en politique, poussé par la députée du coin Laure Lavalette.

Pour lui, le RN est le "seul parti qui a le courage de dire qu'il veut rétablir l'ordre". Et il assure recevoir "beaucoup de soutien de la police".

Avec ce candidat atypique, le RN espère conquérir la seule des huit circonscriptions qui lui manquait encore pour signer un grand chelem dans ce département du Var rural et conservateur où l'extrême droite dirige depuis 10 ans la ville de Fréjus.

Mais le député sortant, Yannick Chenevard, n'a pas dit son dernier mot: "On est un îlot à Toulon, un peu comme un village d'Astérix".

Il reçoit à deux pas du port militaire, dans son bureau de parlementaire, en costume. Sur ses boutons de manchette, des ancres rappellent que pendant deux ans, à l'Assemblée, cet ancien militaire a été rapporteur du budget de la Marine et membre de la très secrète Commission nationale de contrôle des techniques de renseignement.

Test avant les municipales

Aussi combatif qu'il soit, il ne nie pas "cette espèce de vague RN gigantesque qui est en train de recouvrir le pays, avec des gens élus complètement inconnus".

Et il ne s'explique toujours pas "cette dissolution totalement irrationnelle" d'Emmanuel Macron, celui qu'il avait rejoint, dans la lignée de ces barons régionaux partis des Républicains pour le président de la République.

Pour cette campagne éclair du second tour, il mise sur son implantation locale, lui qui a notamment été le premier adjoint de son mentor, l'ex-maire Hubert Falco, démis l'an dernier de toutes ses fonctions par la justice.

La chute de Falco, qui s'est toujours présenté comme un rempart à l'extrême droite, à qui il avait repris la ville au début des années 2000, a bousculé le paysage politique locale. Et ces législatives ont aussi valeur de test pour les municipales de 2026. 

"Hubert", comme tout le monde l'appelle ici, est d'ailleurs sorti de son silence lundi pour soutenir son protégé face à une "extrême droite" qui "nous condamnerait inexorablement à une aventure mortifère et au chaos".

Mais au marché, à Toulon, la vague marine semble plus forte. "J'ai voté Jordan Bardella parce que ras-le-bol de ce bordel. Pour une fois, si on a quelqu'un qui peut essayer de changer quelque chose", lance Marie-Ange Galindo, pimpante retraitée de 68 ans, très inquiète pour son pouvoir d'achat.

"Ici, c'est le RN de toutes les manières, ça sert à rien de parler", s'agace Fabienne, secrétaire de 47 ans, "interloquée" par le niveau du vote RN: mais "c'est tout sauf des sauveurs", lâche-t-elle, sans donner son nom, de peur d'être reconnue.

Au premier tour, elle a voté pour l'union de la gauche. Et au second ? "Je vais voter blanc, Macron, c'est pour les riches".

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