Rencontre avec Stéphane Peden, directeur de la CCI française à Taïwan

«À Taïwan, les investisseurs français bénéficient de mesures d’allègement fiscal»

En octobre, nous sommes allés rencontrer Stéphane Peden, le directeur général de la Chambre de Commerce et d’Industrie française à Taipei. Avec lui, nous avons échangé sur les opportunités qu’offre ce pays aux entrepreneurs français. 

Stéphane Peden, Directeur Général de la Chambre de Commerce et d’Industrie Française à Taïwan. (© Aletheia Press / L. Péron)
Stéphane Peden, Directeur Général de la Chambre de Commerce et d’Industrie Française à Taïwan. (© Aletheia Press / L. Péron)

Avant d’entrer dans le vif du sujet et de parler des relations économiques entre la France et Taïwan, pourriez-vous nous rappeler quel est le rôle de la CCIFT (Chambre de Commerce et d’Industrie française à Taïwan) ?

Stéphane Peden, directeur général de la CCIF Taïwan : Notre objectif principal, c’est d’épauler les entreprises françaises, qui souhaitent investir le marché taïwanais. Nous avons à cœur de faciliter les échanges et les investissements, entre nos membres et le marché taïwanais, en privilégiant une mise en réseau efficace et une large gamme de services aux entreprises. Pour ce faire, nous organisons des rencontres BtoB, des soirées de networking et des soirées d’informations, entre autres.

Qui sont les membres de la Chambre de Commerce et d’Industrie Française à Taïwan ?
S.P. : Pour vous donner un premier chiffre, 196 membres nous font confiance. 70 % d’entre eux, sont des entreprises françaises ou à participation française. Elles œuvrent aussi bien dans les secteurs de l’industrie, que dans le négoce de matières premières ou la restauration. C’est très varié. Nous accompagnons aussi bien de grandes entreprises qui sont au CAC 40, que des TPE et PME. Je dirais que ça se joue à 50-50.

Est-ce facile pour un Français d’entrer sur le marché du travail taïwanais ?
S.P. : Les entreprises taïwanaises embauchent très peu d’étrangers, car la main d’œuvre du pays est très qualifiée. Donc les Français qui vivent et travaillent à Taïwan, pour la plupart, sont entrepreneurs et ont leurs propres entreprises. Pour pouvoir se lancer, il faut montrer patte blanche et posséder un capital de 500 000 NDT minimum la première année, ce qui équivaut à 15 000 euros. Ainsi, l’entrepreneur s’assure d’obtenir un visa de travail d’un an. Pour pouvoir poursuivre son activité, une deuxième année, il faut que l’entrepreneur réalise au minimum 3 millions de NDT de chiffre d’affaires en un an, soit 85 000 euros. Ainsi, un second visa de travail est délivré. Autant vous dire, qu’avant de s’installer, il faut être certain de la solidité de son business. D’autant que les banques taïwanaises ne prêtent pas d’argent aux étrangers.

Pourquoi est-il intéressant pour un entrepreneur français de s’installer à Taïwan ? Quels sont les avantages ?
S.P. : Les avantages sont nombreux. Tout d’abord, les formes de sociétés commerciales sont similaires à celles du droit français. En 2-3 mois, une entité est créée. Les règles de la propriété intellectuelle (marques, brevets, droit d’auteur) et de la concurrence sont protectrices et effectivement appliquées. Et les investisseurs français bénéficient des mesures d’allègement fiscal en vertu d’un accord franco-taïwanais applicable depuis le 1er janvier 2011.

Ensuite, recruter et employer du personnel sont choses simples. Le coût de la main d’œuvre est compétitif pour une entreprise européenne, puisqu’à Taïwan, le salaire minimum s’élève à 24 000 NTD, soit environ 700 euros. La durée hebdomadaire du travail est de 40h. Les congés annuels sont de 7 jours au terme de la première année d’ancienneté et augmentent ensuite au prorata. Et les employés disposent d’une couverture sociale santé et retraite dont les coûts sont raisonnables. Et le pompon sur la Garonne, c’est que la main d’œuvre est qualifiée et la plupart des Taïwanais parlent l’anglais.
De plus, Taiwan est un véritable atout géographique, puisque l’île est proche de la Corée, du Japon, de Hong-Kong et les ports et aéroports sont modernes, ce qui facilite l’exportation. Enfin, la qualité de vie est bonne et le système public d’assurance santé taïwanais est l’un des meilleurs au monde. Pour moi, il se rapproche fortement du système français.

J’imagine que les entrepreneurs français rencontrent parfois quelques difficultés à s’installer. Quelles sont-elles ?
S.P. : Les bons emplacements pour installer une société partent rapidement. Les logements deviennent assez chers. Et le système bancaire est archaïque. De plus, il est impossible pour un étranger de faire un prêt à la banque sans cautionnaire Taïwanais. J’allais oublier : l’île rencontre quelques problèmes énergétiques, un peu comme à Dunkerque avec Prologium. De plus en plus d’industries consommatrices d’énergie s’installent et nous nous demandons parfois comment elles vont être alimentées.

Quels sont les secteurs en devenir à Taïwan ?
Dernièrement, nous entendons surtout parler d’énergies renouvelables, du secteur de la santé, de la biologie et de l’intelligence artificielle.

Comment se portent les relations économiques entre la France et Taïwan ?
Les échanges entre la France et Taïwan s’élevaient 7 milliards d’euros en 2023. 3 milliards d’euros pour l’export et 4 milliards d’euros pour l’import. La France exporte avant tout des produits aéronautiques, pharmaceutiques, du luxe et des spiritueux. Et elle importe des produits électroniques, chimiques, des équipements informatiques et des machines. Mais ces chiffres pourraient être beaucoup plus élevés, si les Français et les Taïwanais travaillaient davantage ensemble… Car si peu d’entreprises françaises s’installent à Taïwan, il y a aussi peu d’entreprises taïwanaises qui investissent la France.

L’Allemagne, par exemple, est bien au-dessus de nous en terme de relations commerciales. Les échanges s’élève à 20 milliards d’euros entre le pays germanique et Taïwan. Appel aux amateurs !