France Relance

À Rouen, la ministre Agnès Pannier-Runacher à la « reconquête de l'industrie »

La ministre déléguée à l'Industrie, Agnès Pannier-Runacher, était en visite à Rouen, jeudi 18 février, pour faire un point sur la mise en œuvre du plan France Relance dans le secteur de l'industrie avec les acteurs économiques et élus locaux. 

La ministre Agnès Pannier-Runacher a réuni acteurs économiques et élus locaux pour une table ronde sur le déploiement du plan de relance dans le secteur industriel. (©Gazette Normandie/Chl.G.)
La ministre Agnès Pannier-Runacher a réuni acteurs économiques et élus locaux pour une table ronde sur le déploiement du plan de relance dans le secteur industriel. (©Gazette Normandie/Chl.G.)

Les acteurs économiques et élus du territoire normand étaient invités par Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée à l'Industrie, à une table ronde sur le déploiement du plan de relance consacré à l'industrie sur le territoire, jeudi 18 février en préfecture de Rouen.

En Normandie, ce sont neuf projets industriels de l'axe Seine qui sont soutenus par le plan de relance. À l'occasion de sa venue à Rouen, la ministre a annoncé trois nouvelles entreprises lauréates du Fonds d’accélération des investissements industriels dans les territoires.
Au total, sur l'axe Seine, 18 entreprises sont aidées par France Relance, neuf autres entreprises normandes ayant été lauréates des fonds de modernisation des filières automobile et aéronautique. 13 millions d'euros sont investis par l'État dans le cadre du plan de relance pour le territoire.

« C'est bien mais on peut mieux faire », a lancé Agnès Pannier-Runacher. « Nous sommes dans un territoire d'industrie, nous pouvons avoir plus de puissance car nous avons ce potentiel industriel. La reconquête industrielle est au cœur de la relance. Et le plan de relance est là pour aider les entreprises dans leur diversification », a-t-elle expliqué, prenant pour exemple l'entreprise normande Lemoine (Orne), « groupe français et compétitif », qui a réussi à « passer du coton tige à l'écouvillon, et de rien aux masques chirurgicaux ». Et d'ajouter : « Nous ne sommes pas dans une mesure d'urgence, nous sommes dans l'anticipation, c'est maintenant qu'il faut le faire, pas au moment du rebond économique. » 

 

Diversification et transition écologique

La diversification dans la logique de la transition écologique, c'est l'enjeu de ce plan de relance. C'est aussi une inquiétude « notamment pour les PME », a alerté la présidente de la commission industrielle de la CCI Seine Estuaire, Elise Hauters. « Elles n'ont pas engagé ces démarches de diversification, alors que c'est ce sur quoi on doit se concentrer », ajoute-t-elle. « Sur l'Axe Seine, avec l'implantation de Siemens Gamesa, les énergies renouvelables sont un moteur industriel sur lequel nous devons nous investir. » Siemens Gamesa considéré comme un « poumon économique en construction » par Territoire d'Industrie Vallée de Seine. 

Sur l'axe Seine, Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen, n'a pas manqué de souligner une « opportunité » pour l’État de relocaliser et développer des industries sur « une échelle stratégique nationale », indiquant que les maires de l'axe Seine (Le Havre, Paris et Rouen) étaient volontaires pour constituer une société d'économie mixte, pour investir dans la production d'énergies renouvelables. 

Des énergies renouvelables complémentaires au nucléaire, a martelé la ministre : « Dans la lutte contre le changement climatique, cela ne se passera pas sans le nucléaire. C'est factuel : la transition se fera avec le nucléaire et les énergies décarbonées. Cela ne s'oppose pas. Le nucléaire est une chance pour la France, c'est un secteur stratégique. »

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« La relocalisation est la meilleure façon de lutter contre le réchauffement climatique »

Selon Agnès Pannier-Runacher, la relocalisation est « la meilleure façon de lutter contre le réchauffement climatique. Si notre empreinte carbone a augmenté ces 20 dernières années, c'est parce que nous avons délocalisé massivement et parce que nous importons des marchandises. » 

Une relocalisation pour laquelle les friches industrielles pourraient jouer un rôle majeur. « Nous avons un certain nombre de dossiers matures, que nous pouvons pousser, et qui peuvent être emblématiques de ce que nous pouvons faire pour faciliter l'implantation de nouvelles activités, en ayant toujours en tête cette idée de sobriété écologique », a déclaré la ministre déléguée à l'Industrie. Le maire de Petit-Couronne, Joël Bigot, s'est exprimé pour défendre le projet d'installation logistique d'Amazon sur l'ancienne raffinerie Petroplus. « Un maire ne peut pas se priver de centaines d'emplois, surtout quand la sécurité est assurée. Il y a une vraie attente des habitants et d'une ville qui a été sinistrée par la fermeture d'une raffinerie historique (la raffinerie Petroplus a fermé ses portes en 2013, NDLR) », a-t-il déclaré.

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Agnès Pannier-Runacher dans les locaux de Ferrero France à Villers-Ecalles. (©Gazette Normandie/Chl.G.)

Pénurie et hausse des prix des matières premières

La relocalisation, les acteurs économiques la souhaitent également. Ils font face actuellement à une pénurie et hausse des prix des matières premières. « Il y a des entreprises qui s'arrêtent, qui mettent leurs salariés en chômage partiel, parce qu'elles sont en pénurie de matières premières et de composants électroniques, mais pas parce qu'elles n'ont plus de travail », alerte Patrice Gault, président de Dieppe Meca Energies, rejoint par tous les acteurs économiques autour de la table. Et d'ajouter : « Il y a aussi le prix de l'acier qui double. Comment peut-on répercuter cela ? C'est impossible », souffle-t-il.

Après avoir mis en avant le plan micro/nanotechnologie (Nano 2022), « qui permet d'avoir une indépendance relative », la ministre assume : « Tout ça met en évidence une chose : ce qu'on considérait comme acquis, soit des chaînes de production mondiale, […] ce n'est pas une garantie. » Et d'ajouter : « Mais, cela nous donne beaucoup d'opportunités pour repenser nos chaînes de production à l'échelle du marché européen, plutôt que de les penser au plan mondial et d'ignorer tous les coûts de délocalisation et ceux liés à la démultiplication d'acteurs et d'interfaces complexes qui peuvent s'effondrer du jour au lendemain, comme ce que nous vivons. »

Un plan de relance insuffisant pour le secteur de l'aéronautique

Alors que la Fédération du BTP donne une note d'optimisme sur la « filière la moins impactée par la crise mais en manque de main d'œuvre », selon son président départemental, pour le secteur de l'aéronautique, Philippe Eudeline, président de Normandie AeroEspace, avertit sur le nombre d'entreprises lauréates dans ce secteur : « Ce n'est pas suffisant ». « Nous comptons sur le plan de relance pour préparer les entreprises au redémarrage et à une diversification pour aller vers la défense, un secteur qui se porte bien, et vers le nucléaire. Mais, seulement 16 entreprises ont été lauréates... »

Le plan de relance fait l'objet de beaucoup de demande. « Nous avons 10 fois plus de dossiers que ce que nous avions imaginé », a déclaré la ministre. La troisième vague pour le dépôt des projets sera ouverte le 30 mars. 

 

Chloé Guérout

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Agnès Pannier-Runacher a visite l'usine Ferrero avec des membres de la Convention citoyenne pour le climat. (©Gazette Normandie/Chl.G.)

La ministre a visité l'usine Ferrero à Villers-Ecalles

Après la table ronde en préfecture de Rouen, Agnès Pannier-Runacher s'est rendu à Villers-Ecalles pour visiter l'usine Ferrero. « On a tous déjà mis le doigt dans un pot de Nutella », a sourit la ministre. Pour cette visite, elle était accompagnée d'élus locaux, de membres de la Convention citoyenne pour le climat et de parlementaires siégeant à la commission spéciale chargée d’examiner le projet de loi Climat et Résilience. L'objectif de cet échange était de voir comment les mesures évoquées pendant cette convention peuvent se traduire dans les entreprises. « L’industrie, c’est 20% des émissions de CO2 en France, mais c’est 100 % des solutions », a déclaré Agnès Pannier-Runacher.