Spécialiste de l’usinage de précision

À Pont-sur-Sambre, la société Eoda réalisations investit 5,8 M€

Afin d’orienter sa croissance vers l’usinage de très grandes pièces, la société Eoda réalisations s’est appuyée sur une subvention de 1,8 M€ pour acquérir deux machines supplémentaires. Avec à la clé un investissement global de 5,8 M€.

Jan-Bart Taminiau, codirigeant de la société Eoda réalisations.
Jan-Bart Taminiau, codirigeant de la société Eoda réalisations.

Le 17 mars 2021, un nouveau chapitre de l’entreprise implantée à Pont-sur-Sambre s’ouvrait avec son rachat par Jan-Bart Taminiau et Judicaël De Méyère. Respectivement ancien directeur de filiale industrielle et ancien responsable de bureau d’études dans une même société, les deux associés ont racheté Eoda réalisations à son fondateur, François Gillet, qui reste directeur technique. «Lorsqu’il a créé Eoda réalisations en 1989, il est parti de rien et a investi régulièrement dans de nouvelles machines pour rester à la pointe de la technologie, raconte Jan-Bart Taminiau. François Gillet souhaitait vendre pour préparer sa retraite tout en continuant à 's’amuser' avec l’usinage de pièces pendant deux ou trois ans.»

Deux nouvelles machines, pour un investissement de 5,8 M€, sont dédiées au marché de l’usinage de très grandes pièces.

Un bureau d’études intégré

Spécialiste de la mécanique générale, Eoda réalisations s’est positionnée sur l’usinage de pièces sur plan en unitaire et petites ou moyennes séries, et a élargi son activité au fil des années auprès de ses clients par la conception et la fabrication de machines spéciales. «A ce jour, l’usinage représente 60% de notre chiffre d’affaires ; la partie mécanique et soudure, 30%, et la création de machines, 10%. Nous travaillons pour l’industrie automobile, en outillage, les fonderies et aciéries, le secteur de l’énergie, de l’aéronautique, de l’agroalimentaire… Pour Alstom et EDF par exemple.» Jan-Bart Taminiau poursuit : «Nous avons un savoir-faire sur l’usinage simple comme complexe, avec des machines qui permettent une précision au 1/100e ! Nous produisons, à l’unité ou en petites séries, des petites comme des grandes pièces. Récemment, par exemple, nous avons été sollicité pour usiner des pièces pour le socle des éoliennes.» Pour répondre aux besoins de ses clients, l’entreprise s’appuie sur son propre bureau d’études. Un atout pour «améliorer les plans de nos clients, faire de la rétro-ingénierie et répondre aux problématiques spécifiques».

La pénurie de main d’oeuvre est une problématique à laquelle est confrontée l’entreprise de Pont-sur-Sambre, à l’instar de nombreux acteurs industriels du territoire.

Deux nouvelles machines et une extension de 1 500 m²

Dans la continuité de leur prédécesseur, qui a inscrit l’investissement dans l’ADN de l’entreprise, les deux associés ont rapidement pris la décision de renforcer leur parc de machines. Ce, afin d’ouvrir de nouvelles perspectives de croissance. «Nous disposons aujourd’hui de 22 machines réparties sur les 5 000 m² du site et nous investissons régulièrement dans les nouvelles technologies. Ce nouvel investissement de 5,8 M€, dont une partie vient de l’aide dont nous avons bénéficié dans le cadre du plan France relance, nous permet désormais d’usiner de très grandes pièces. Pourquoi ce marché ? Car peu d’acteurs proposent ce savoir-faire et que souvent les machines utilisées sont vieillissantes. C’est le premier axe de développement de l’entreprise, le second porte sur les petites et moyennes séries.» Une première machine est rentrée en octobre, la deuxième arrivera en fin d’année et demandera une extension de l’usine de 1 500 m².

Une problématique : le recrutement

Toutefois, comme beaucoup d’acteurs industriels du territoire, les dirigeants de la société Eoda réalisations sont confrontés à une problématique de taille : la pénurie de main d’oeuvre. «L’objectif est d’embaucher 10 à 15 salariés supplémentaires - pour un effectif de 48 collaborateurs à ce jour - dans les prochaines semaine. Mais il est très difficile de recruter du personnel qualifié sur les métiers de l’usinage, assure Jan-Bart Taminiau. De ce fait, nous cherchons des personnes motivées, un savoir-être, pour ensuite former nous-mêmes nos salariés. Ce qui demande minimum six mois pour un opérateur et entre trois et quatre ans pour un programmateur.» Et d’ajouter : «Nous souffrons de l’image négative des métiers de l’industrie ! Je vais donc régulièrement à la rencontre des lycéens du territoire pour expliquer que nos métiers ont beaucoup changé. Désormais les machines sont programmées par le biais d’outils numériques, de tablettes… Et il y a aussi la question de la place de la femme dans l’industrie...»

Quoi qu’il en soit, c’est avec sérénité que Jan-Bart Taminiau et Judicaël De Méyère envisagent l’avenir de leur entreprise. Avec l’innovation comme pilier de la croissance, aujourd’hui comme demain.