A la recherche d'un modèle...

Comment gérer une télévision publique locale sans faire déraper les comptes de la structure qui la porte ? C’est probablement la question que se posent les promoteurs - et actionnaires - d’Opal TV, en cette rentrée de tous les dangers pour son président Michel Delebarre.

« Patrice Pélerin, directeur d’Opal TV lors de son lancement ».
« Patrice Pélerin, directeur d’Opal TV lors de son lancement ».

 

 

CAPresse 2013

Patrice Pélerin, directeur d’Opal TV, lors du lancement de la chaîne.

Moins de deux ans après sa lancée, la télévision de la Côte d’Opale vit des heures sombres qui pourraient bien la conduire à la liquidation judiciaire. La société d’économie mixte qui porte les actifs de cette télévision de service public rassemble les collectivités de la Côte d’Opale, les grandes villes, deux filiales de la Voix du Nord, quelques clubs sportifs et deux banques. Si la chaîne a incontestablement réussi son entrée dans les salons des 850 000 Opaliens, sa gestion prend l’eau de toute part. En témoigne la grogne (relayée par la rédaction dans un communiqué) qui monte chez les salariés de la chaîne, qui dénoncent «un gouffre financier qui a de graves conséquences pour l’avenir de la structure».

Opal TV affiche en effet un résultat net négatif de 580 525 euros sur un chiffre d’affaires global de 1 952 000 euros et une masse salariale de 760 000 euros en 2012. Depuis 2011, Opal TV a opéré une croissance rapide avec un budget qui est passé en 2011 de 568 000 euros de charges (contre 467 000 euros de recettes) à 1 952 000 euros de charges (contre 1 369 000 euros de recettes) en 2012. Près de 700 000 euros de pertes cumulées font désormais craindre le pire. «Depuis le début, nous sommes sous-capitalisés», explique Patrice Pèlerin. En février dernier, 6 personnes, dont son rédacteur en chef, avaient été victimes d’un mini-plan de restructuration. La chaîne avait ajusté sa grille et réduit ses dépenses. Trop tard pour éviter un second exercice très déficitaire…

«Tous les scénarios sont sur la table». Le 19 novembre dernier, la direction a annoncé aux salariés qu’un plan de licenciement pourrait toucher entre 8 et 13 personnes sur un effectif de 20. Les contrats à durée déterminée ne seront pas reconduits et des coupes dans les achats sont en cours. Opal TV a besoin de 200 000 euros rapidement pour se financer. A cette heure, un conseil d’administration doit décider de la stratégie. Des discussions relatives à l’augmentation du poids du groupe Voix du Nord se déroulent et des contacts auraient été pris avec d’autres entreprises de l’audiovisuel, les élus ne voulant pas être seuls à remettre au pot. Michel Delebarre s’en trouve gêné : « A chaque fois, on se retourne vers la CUD. Tout le monde est d’accord pour avoir une télévision mais quand on veut mettre les gens autour de la table… » Dans la ligne de mire, le Boulonnais qui n’a toujours pas rejoint les bienfaiteurs d’Opal TV. «Je ne crois pas qu’ils s’apprêtent à nous rejoindre», a d’ailleurs déploré le président d’Opal TV. «Tous les scénarios sont sur la table, poursuivi Patrice Pèlerin. Y compris mon départ…»