Pratiques agricoles
À Daours, élevage et zones humides vont de pair
À l’occasion de la Journée mondiale des zones humides, Jean-Louis Bouthors, agriculteur installé à Daours a décidé d’ouvrir les portes de son exploitation. L’occasion pour lui de partager ses pratiques et d’évoquer son travail quotidien.
Caractérisées par une faune et une flore particulièrement riches, les zones humides façonnent les paysages de la Somme et présentent des enjeux agroécologiques élevés. Afin de faire cohabiter pâtures humides et élevage, la Chambre d’agriculture et le Conseil départemental de la Somme, soutenus par l’Agence de l’eau Artois-Picardie, ont créé le Programme de maintien de l’agriculture en zones humides (PMAZH).
Après la plaine maritime picarde en 2012, la moyenne vallée de la Somme a rejoint cette initiative en 2015. Au total, 78 éleveurs se sont engagés dans cette démarche. Parmi eux, Jean-Louis Bouthors, qui a repris l’exploitation familiale de Daours en 1997. Installé en polyculture-élevage, il a rejoint le programme en 2017. Sur ses 23 hectares de prairies, 13 sont en zones humides.
Changer ses pratiques
« La crise du lait en 2016 a agi comme un électrochoc. Il a fallu se remettre en cause et s’interroger sur des pratiques qui étaient ancrées dans notre quotidien », se souvient Jean-Louis Bouthors.
Avec l’aide d’Anthony Chemin, conseiller en production laitière à la Chambre d'agriculture de la Somme, il remet tout à plat. « Il y avait beaucoup de sujets à traiter, notamment la qualité du lait. Nous avons décidé de baisser le nombre de vaches pour stabiliser tout ça et partir sur de nouvelles bases », se souvient-il.
Rejoindre le Programme de maintien de l’agriculture en zones humides fait alors partie des solutions trouvées pour améliorer la situation de l’exploitation. « Il y avait des prairies à proximité, l’herbe y pousse bien et y est de bonne qualité », note Jean-Louis Bouthors qui évoque cependant des inondations régulières empêchant la sortie des animaux, et des problèmes de parasitisme.
Inscrit dans une démarche qualité avec la coopérative Sodiaal, Jean-Louis Bouthors a réussi à améliorer sa production laitière, en jouant notamment sur l’alimentation et le bien-être animal.
« Chaque levier permet d’avoir une bonification sur le prix payé au litre de lait. Être dans une démarche sans OGM par exemple est un vrai plus. Mais c’est un travail quotidien pour arriver à ce stade », détaille l’agriculteur dont l’exploitation compte entre 55 et 60 vaches.
Par ailleurs, le PMAZH permet de bénéficier d’aides dans le cadre de Mesures agro-environnementales (MAEC). Une source de financement non négligeable pour le bon fonctionnement des élevages, mais qui devrait être amenée à baisser avec la nouvelle Politique agricole commune.
Un travail collectif
Pour l’accompagner techniquement, Jean-Louis Bouthors peut également compter sur le Conservatoire d’espaces naturels des Hauts-de-France. « Faire cohabiter élevage et biodiversité demande de trouver un savant équilibre », reconnaît Gaëtan Rivière, chargé de mission au sein du Conservatoire.
« Ce programme donne la possibilité de conserver des éleveurs tout en préservant les paysages et la biodiversité, c’est très constructif pour tout le monde », ajoute-t-il. Le maintien de l’élevage en zones humides permet notamment de mieux entretenir ces milieux ouverts qui, sans cette intervention auraient naturellement tendance à se refermer. « C’est aussi utile pour les communes », appuie Jean-Louis Bouthors.